Jean-Claude Duvalier est placé en résidence surveillée.

Haïti-Politique-Justice Officiellement malade, Jean-Claude Duvalier est placé en résidence surveillée Le juge Carvès Jean, en charge du dossier de l'ancien tyran, lui ordonne de ne pas quitter Port-au-Prince et de recevoir des visites à des heures déterminées ; l'avocat de Duvalier, Reynold Georges, et un ami proche, Roméo Halloun, crient au scandale et s'étonnent de la tranquillité dont jouit un autre ex-Président, Jean-Bertrand Aristide, depuis son retour vendredi 25 mars 2011, L'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, 59 ans, a été assigné à résidence jeudi par la justice haïtienne, 24 heures après son admission à l'hôpital du Canapé-Vert officiellement pour cause de maladie. "Duvalier est frappé d'une assignation à résidence avec des restrictions sur ses déplacements et des heures précises pour recevoir ses proches et ses amis", a indiqué à l'AFP le juge instructeur Carvès Jean, chargé des poursuites contre M. Duvalier accusé de corruption, étournement de fonds et visé par plusieurs plaintes pour crimes contre l'humanité. Une décision aussitôt rejetée par les proches et les avocats de l'ancien dirigeant rentré à Port-au-Prince, il y a deux mois, après un exil de 25 ans en France. "On est en train d'emmerder un homme malade sur son lit d'hôpital", s'est emporté Romeo Halloun qui, au micro de Radio Kiskeya, s'est demandé pourquoi la justice n'est pas aussi prompte à s'intéresser à Jean-Bertrand Aristide. M. Halloun fut, durant la période du coup d'état de 1991, un farouche opposant de l'ancien Président revenu vendredi dernier de son deuxième exil qui lui a valu un séjour de sept ans en Afrique du Sud. Me Reynold Georges a lui aussi fait remarquer que, contrairement à Aristide, son client était "persécuté" et a annoncé qu'il allait faire appel rapidement de la décision du juge Carvès Jean. Dans une "ordonnance d'assignation à résidence" émise, le magistrat interdit à Jean-Claude Duvalier de franchir les limites de la capitale. "Nous sommes venus constater la présence de M. Duvalier à l'hôpital", a, de son côté, fait savoir le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Auguste Harrycidas, alors que des policiers montaient la garde devant la chambre du présumé malade au moment où certains de ses partisans s'agitaient à l'extérieur en arborant le drapeau noir et rouge, symbole des "Tontons Macoutes". Contacté par l'AFP le Dr Gérard Pierre, médecin de l'ex-Président à vie (1971-1986), s'est refusé à préciser la nature de la maladie dont il souffre. "Je ne peux pas vous révéler les raisons de l'hospitalisation de mon patient", s'est-il borné à dire. Jean-Claude Duvalier, dont le régime est accusé d'avoir pillé le trésor public et commis de nombreux crimes de sang -après le règne de la terreur sous la Présidence de son père, François Duvalier (1957-1971)-avait quitté Haïti en catastrophe à la suite d'un soulèvement populaire ayant ouvert la voie à un processus de transition démocratique, le 7 février 1986. spp/Radio Kiskeya