Le plus grand mal d'Haïti a toujours été cette monstruosité qu'on
appelle « La République de Port-au-Prince » qui concentre 70% des
ressources humaines et financières d'Haïti. L'exclusion des villes de
provinces a ainsi créé deux Républiques dans un seul Etat. Les
intellectuels et/ou les gens des villes ayant toujours construit toute
une série de rhétoriques pour justifier de telle situation, l'apartheid
CITADINS/PAYSANS s'est pérennisé.
Dans
l'histoire d'Haïti, les régions reculées du pays n'ont rien bénéficié,
si ce n'est que par des actions spéciales donc des projets ou PLANS
SPECIAUX. Les Chefs d'Etat comme Florvil Hyppolite, Philippe
Guerrier, Dumarsais Estimé ont ainsi mis tout leur poids dans la
balance pour jeter des ponts, construire quelques kilomètres de route et
des écoles publiques en province. Le président Estimé, dernier en date
sur la liste, a transformé certaines villes frontalières comme Belladère
par orgueil nationaliste face à la République Dominicaine. Après
ces situations exceptionnelles de volonté de ''pouvoir établi'' pour
réaliser des ouvrages publics suivant des plans exceptionnels qu'on
pourrait qualifier de PLANS SPECIAUX, les régions éloignées de la
capitale ont toujours été abandonnées à leur sort. Les gens dits «
civilisés » de la capitale, les ont toujours vues comme source de
denrées agricoles indispensables à l'exportation et la cuisine des
villes. Ainsi, en parlant des
villes comme Petit-Goave, Jérémie, Cap-Haitien, on pense plus à leur «
dous Makos », « Komparet» , « Kasav », « Nwa griye », qu'aux gens qui
les habitent et méritent une vie descente et des infrastructures
émancipatrices. Face à une telle situation, l'homme de province, ne peut
qu'accueillir favorablement la volonté d'un gouvernement de réaliser
des ouvrages capables de contribuer au développement de localités
reculées comme l'Ile à Vache, L'Ile de Latortue, l'Ile de La Gonâve, le
Nord-Ouest, la Grande Anse, etc.
Dire
que ces PLANS SPECIAUX sont construits juste pour attirer des électeurs
n'est pas logique. Car, un simple coup d'œil sur les circonscriptions
électorales prouve que ces régions ne représentent pas une forte densité
en terme d'électeurs. Un gouvernement qui agirait dans l'unique
objectif électoral aurait concentré ses actions dans des communes comme
Carrefour, Cité soleil, Delmas, des départements comme l'Artibonite, le
Nord. Vouloir réaliser des projets de développement dans des communes
comme Ile à Vache, Ile de Latortue ou de la Gonâve participe mieux de
l'idée d'ouverture de l'économie haïtienne aux investissements
étrangers. Ces iles et zones reculées offrent l'avantage de stabilité ou
de paix sociale favorable aux investissements. Comme la station
balnéaire de Labadie (Cap-Haitien), des investissements dans ces
localités apporteront des revenues pour financer le budget de la
République. C'est une question de vision et de stratégie de
développement, une preuve que le gouvernement cherche à augmenter son
PIB. Le Premier Ministre Laurent Lamothe, n'avait-il pas promis un taux
de croissance à deux chiffres pour 2014 ?
De
plus, lors même qu'il s'agirait d'une action visant à courtiser des
électeurs, il n'y a rien de mauvais dans cette démarche. Dans toute
démocratie où les dirigeants respectent le verdict des urnes, on attire
des votes par l'action gouvernementale. Ceci serait une preuve que le
gouvernement en place n'a aucunement l'intention de frauder lors des
prochaines élections. C'est normal qu'il se concentre sur la volonté de
l'électeur, qu'il cherche à le convaincre. Un comportement normal dans
un état de droit.
C'est très
superficiel de voir du saupoudrage dans la construction de routes,
d'aéroports, de ponts et d'infrastructures urbaines. Le département du
Nord-ouest qui n'a jamais eu de routes asphaltées avant l'arrivée du
Pouvoir TET KALE, ne mérite t-il pas d'avoir un plan spécial? La
population de Bernagousse, dans la Grande Anse, ne mérite t-elle pas un
plan spécial pour l'accès à l'eau potable ? SPECIAL, ici, signifie :
différent du traitement habituel infligé aux provinciaux.
Dans
le Nord, à chaque fois que les monopolistes de la République de
Port-au-Prince veulent bloquer un projet de développement, ils répandent
dans l'opinion publique des rhétoriques visant à minimiser
l'initiative. On se souvient qu'en 1991, à l'arrivée du président
Aristide au pouvoir, des monopolistes de l'économie traditionnelle de
rente qui avaient infiltré le mouvement Lavalas expliquèrent aux
militants Lavalas du Nord que l'aéroport du Cap-Haitien que le Général
Prosper Avril construisait, était un projet de la CIA. « La CIA voulait
une piste d'atterrissage dans le Nord d'Haïti pour transiter ses armes
vers l'Amérique centrale » disaient-ils. Des jeunes partisans
d'Aristide, dans le département du Nord, avaient donc appuyé l'idée que
Frantz Verella, Ministre des Travaux Publics d'alors, vienne fermer le
chantier, transportant tous les équipements dans la capitale haïtienne.
Lors
de la construction de l'Université de Limonade, des grands ténors
d'opinion estimaient que le Nord n'avait pas les ressources humaines
nécessaires pour faire fonctionner un Campus Universitaire. Ignorant «
volontairement » le fait que des centaines de professeurs de la
diaspora, originaires du nord, n'attendent que l'on fasse appel à eux
pour venir apporter leur contribution à la formation des jeunes du pays,
ils avaient réduit les ressources humaines du Nord, à ceux qui résident
actuellement, dans le Nord. Aujourd'hui, le Campus est en crise, fermé
provisoirement. L'idée propagée par les directeurs d'opinion a servi à
justifier l'application de la politique habituelle des conservateurs qui
jurent de combattre tout ce qui se développe en dehors de la capitale.
Pour
bloquer la construction du port de Fort-Liberté, ces conservateurs nous
disent, qu'il y a de petits lézards rares à protéger dans la zone.
Alors qu'à moins de 50 kilomètres de Fort-Liberté, dans la ville
Manzanillo, les dominicains développent leur infrastructure portuaire.
Logiquement, ils nous demandent de laisser crever de faim la population
du Nord-Est qui n'est pas « rare » pour sauver unilatéralement quelques
lézards, dits, « rares ».
Il
y a aussi cette décision des GRANDS ARCHITEQUES de la capitale qui
recommandent de ne pas ouvrir la route Borgne - Anse à Foleur -- qui
aurait permis une meilleure circulation de biens et de services entre
les économies du Nord-Ouest, du Nord et du Nord-Est -- dans le seul but
de protéger la couverture végétale. On se demande, si la République
Dominicaine qui a une meilleure couverture végétale qu'Haïti, n'a pas de
route.
On ne peut
qu'applaudir l'intelligence du pouvoir en place qui a compris que seul
le développement des villes de province peut libérer la capitale de ses «
étreintes » démographiques. La création de pôles d'investissements
partout à travers le pays créera des emplois dans les villes
périphériques, provoquera un mouvement de populations dans le sens
inverse de l'exorde rural, apportera des revenus supplémentaires pour le
budget national et facilitera la stabilité. On ne saurait qualifier de
saupoudrage les PLANS SPECIAUX d'un gouvernement qui depuis son arrivée
investit dans des villes de province. Les multiples projets du programme
EDE-PEP permettent d'y injecter des ressources financières, des
produits alimentaires et des services. Ce gouvernement a permis
d'augmenter le nombre d'actes de naissance dans le milieu provincial. La
visibilité est incontestable. La décision unilatérale du Président
Martelly d'organiser le carnaval national dans différentes villes de
province est une preuve de plus de la volonté et de l'attachement de ce
pouvoir à l'idée de développement global d'Haïti ; un rejet des idées
centralisatristes chéries par les conservateurs qui continuent de voir
en Port-au-Prince, la République d'Haïti et de considérer les villes de
province comme leurs colonies. Une décision logique, si l'on considère
que l'équipe au pouvoir est menée par un Chef d'orchestre qui, en plus
d'être originaire de province (Cote de Fer), a construit sa base
économique sur des spectacles dans des villes reculées du pays, une
expérience qui permet de percevoir la province plus comme un marché,
comme une source d'opportunité que comme une colonie. De plus, il y a
aussi ces hommes d'affaires modernes comme le Premier Ministre Laurent
Lamothe qui, ayant fait succès au niveau international, sont en mesure
de comprendre qu'on ne peut pas changer la situation économique d'un
pays sans développer un marché intérieur dynamique capable d'offrir des
opportunités et d'attirer des investissements.
Même
quand, au départ, certains résistent au changement, ils finiront par y
adhérer. Les organisateurs du Festival de Jazz de Port-au-Prince ont
suivi l'exemple du Président Martelly et lancé leurs activités
culturelles dans des villes de province.
Cyrus Sibert, RéseauCitadelle,
Cap-Haitien, Haïti
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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes,
But you can't fool all the people all the time."
(
Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois,
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.