La démission successive de deux ministres, le plan de redressement économique du pays, les priorités du gouvernement, les élections sénatoriales et des collectivités territoriales, les relations avec le Parlement, la gestion de l'aide, sont entre autres points abordés avec le Premier ministre Laurent Lamothe dans une interview spéciale accordée vendredi au Nouvelliste.
Malgré la démission de deux de ses ministres, le chef du gouvernement reste serein et calme. Le départ successif de Marie Carmelle Jean-Marie du ministère de l'Economie et des Finances et Régine Godefroy de la Communication ne déstabilise pas Laurent Lamothe ni le reste de l'équipe. Dans sa résidence privée à Turgeau, le chef de la Primature commence très tôt sa journée. Entre deux rencontres, il accorde une bonne trentaine de minutes au Nouvelliste, vendredi matin, pour aborder les points d'actualité et les perspectives du gouvernement.
Bien installé dans l'arrière-cour de sa résidence sous le regard attentif de son équipe de communication, Laurent Lamothe exprime sa position sur la démission de deux de ses ministres. « Partout dans le monde, les changements au niveau des gouvernements arrivent, a-t-il dit sans pour autant ignorer l'apport important de Marie Carmelle Jean-Marie et de Régine Godefroy dans l'équipe. Ce qui est important, c'est de maintenir la stabilité et continuer à suivre la ligne du gouvernement... »
« Marie Carmelle Jean-Marie, a ajouté M. Lamothe, est une grande amie à moi, quelqu'un que je respecte beaucoup. Je lui ai demandé de continuer à servir son pays. Elle est dans mon coeur. Le nouveau ministre de l'Economie et des Finances, Wilson Laleau, aura tout le support du gouvernement pour continuer le travail de son prédécesseur, a-t-il dit, tout en promettant la transparence dans la gestion des finances publiques et la poursuite de la lutte contre la corruption.»
A la question de savoir si la Primature comptait réagir aux lettres de démission des deux ministres, Laurent Lamothe a répondu que le gouvernement ne va pas entrer dans la logique de polémique. « Je suis un leader responsable, mon rôle consiste à protéger les institutions, a-t-il dit. Les ministres qui ont démissionné ne font plus partie du gouvernement, mais elles vont continuer à servir le pays... »
On change de sujet !
Il n'y a pas que la démission de ces deux ministres qui intéresse la République. Le gouvernement doit continuer et continue de fonctionner sans elles. C'est pourquoi, Laurent Lamothe a estimé qu'il est normal d'aborder d'autres points importants pour le pays avec Le Nouvelliste. L'air décontracté et bien imbu de ses dossiers, le patron de la Primature paraît ouvert à tout type de questions tant sur la politique que sur l'économie. Par exemple, les perspectives de croissance ne vont pas être atteintes et Lamothe a une explication pour cela.
Les projections de croissance ne sont pas atteintes parce que le gouvernement avait planifié de réduire graduellement les subventions du Trésor public sur les produits pétroliers, a-t-il expliqué au journal. Les autorités comptaient sur cette recette additionnelle pour relancer l'économie. Mais, a indiqué M. Lamothe, vu la situation socio-économique de la population « nous avons décidé de continuer de subventionner les produits pétroliers. Si nous avions augmenté les prix du carburant, tous les autres produits allaient subir une augmentation... »
En revanche, a jouté le Premier ministre, la douane et la Direction générale des impôts (DGI) ont réalisé une très bonne performance. « Pour le mois de mars, la douane a fourni des recettes de l'ordre de 2.9 milliards de gourdes contre 1.9 milliard en mars de l'année dernière, a-t-il indiqué. Malgré tout, ce n'est pas suffisant pour Laurent Lamothe. « Nous voulons diversifier nos sources de revenus et optimiser les sources existantes ; la douane et la DGI ».
En ce sens, le gouvernement a sollicité l'appui de la Banque mondiale et d'une firme privée pour l'évaluation des ressources du sous-sol haïtien afin d'en faire une estimation. Ce qui, selon le chef du gouvernement, mettra Haïti en meilleure position financière devant la communauté internationale. Une façon pour lui de réduire la dépendance du pays par rapport à l'extérieur.
Le patron de la Primature dit respecter et supporter la résolution du Parlement demandant l'arrêt de toute extraction du sous-sol du pays. Par contre, l'exploration va se poursuivre. Lamothe veut savoir ce qu'il y a dans notre sous-sol avant d'entamer toute négociation d'extraction avec une firme quelconque. De concert avec le Parlement, le gouvernement va créer une sorte de commission pour aller discuter avec les potentiels intéressés.
Le PetroCaribe et les autres bailleurs internationaux
Le PetroCaribe est la seule aide internationale qui arrive directement au gouvernement, a souligné le Premier ministre. Ensuite, il y a un appui budgétaire de certaines institutions. Le chef du gouvernement a annoncé qu'ils vont recommencer à payer le Service de la dette sur le programme PetroCaribe. C'est pourquoi, a-t-il indiqué, après les élections au Venezuela dimanche prochain, les autorités haïtiennes vont rencontrer les autorités vénézuéliennes en vue d'améliorer l'accord PetroCaribe dans l'intérêt de la population.
En outre, le 8 mai, le gouvernement se réunira avec les bailleurs de fonds internationaux sur les nouveaux mécanismes de l'aide internationale en rapport avec le Plan stratégique de développement du pays. Cette structure permet à l'Etat haïtien d'orienter les interventions des donateurs vers les vrais besoins et les priorités du pays. Les priorités du gouvernement pour le moment sont la création d'emplois, l'éducation, la reconstruction d'édifices stratégiques. Le gouvernement haïtien aura à discuter de ces priorités avec les autorités canadiennes.
Au cours de cette rencontre le 8 mai, M. Lamothe va aussi demander qu'une partie des dons faits aux ONG par les bailleurs internationaux passe par le gouvernement haïtien à travers le Bureau de monétisation. « Pour rendre l'aide efficace elle doit passer par le gouvernement », a-t-il dit, soulignant que les autorités locales connaissent mieux que quiconque les vrais besoins de la population.
Laurent Lamothe a reconnu, parallèlement à ces planifications, que l'aide humanitaire n'a jamais développé un pays ni contribué à sa croissance. Il faut prioriser l'investissement et exploiter rationnellement les ressources du pays. Mais, a-t-il dit, avec les faibles moyens disponibles, le gouvernement entend donner satisfaction à la population ; l'asphaltage d'environ 700 kilomètres de route, la construction d'un parc industriel, la construction de logements sociaux, la rénovation de quartiers populaires, sont entre autres, des réalisations sur lesquelles il capitalise.
Le patron de la Primature dit avoir hérité d'un ensemble de problèmes auxquels l'équipe gouvernementale doit apporter des solutions. « Nous avons priorisé les projets d'agriculture, d'assistance sociale, les infrastructures, sur les infrastructures d'urgence. Nous avons la construction de 10 refuges à travers le pays, des centres de transit pour les enfants, la mécanisation agricole, des travaux de curage... »
L'arrêté nommant les membres du CTCEP sera très bientôt publié
L'organisation des élections est incontournable pour la fin de cette année, a indiqué le Premier ministre Lamothe. Pour la publication de l'arrêté nommant les membres du CTCEP, il a donné la garantie qu'il ne s'agit que d'une question d'heures.
Les relations avec le Parlement
Entre le Parlement et le gouvernement ces derniers jours ce n'est pas l'harmonie parfaite alors que le pouvoir en place dispose d'une majorité à la Chambre des députés. Laurent Lamothe a estimé qu'il faut continuer à dialoguer avec les parlementaires afin d'améliorer les relations entre les deux pouvoirs. « Pour le développement et la stabilité du pays, nous avons besoin d'une relation harmonieuse », a-t-il dit.
Le chef du gouvernement dit attendre le vote de la loi sur le Fonds national de l'éducation déjà votée à la Chambre des députés mais en souffrance au Sénat et la loi sur le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme déjà votée au Sénat. Il y a aussi la loi sur le Vol de l'électricité exigée par les investisseurs dans ce domaine.
Tout en promettant de continuer à travailler pour changer les conditions de vie des couches les plus vulnérables de la population, Laurent Lamothe veut rappeler l'état dans lequel l'équipe en place avait trouvé le pays le 14 mai 2011, la date de l'investiture du président Martelly, et établir la comparaison avec la situation actuelle. « Il y avait des tentes un peu partout. 1.5 million de personnes étaient dans des camps d'hébergement, a-t-il rappelé. Maintenant il ne reste que 300 000 personnes sous les tentes et on continue à les tirer de cette situation... »
Frantz Duval et Robenson Geffrard
Le Nouvelliste,
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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes, (
But you can't fool all the people all the time."
Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois,
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.
) dixit Abraham Lincoln.
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