20 Mai 2014
Terreur, enlèvement, assassinat : la cour d'assises de Paris qui juge un chef de gang haïtien poursuivi pour meurtre s'est plongée mardi dans les dernières années de la présidence Aristide, avec les témoignages de la veuve de la victime et de l'ex-ambassadeur de France à Port-au-Prince.
Amaral Duclona, alias Berthone Jolicoeur, 34 ans, chef d'un des gangs de "chimères", activistes armés proches d'Aristide, comparaît jusqu'à vendredi pour l'enlèvement, la séquestration et la mort en 2004 de Claude Bernard Lauture, patron opposant au régime dont le corps, criblé de balles, avait été découvert dans la Cité soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince, fief des gangs de la capitale.
"J'ai l'intime conviction que l'enlèvement de mon mari a été télécommandé par Jean-Bertrand Aristide et exécuté par Amaral Duclona", a lâché Marie-Louise Michelle, veuve de la victime.
Auparavant, Thierry Burkard, l'ex-ambassadeur de France à Port-au Prince (2003-2006) aujourd'hui retraité, avait décrit les horreurs de la fin du régime Aristide, soutenu par des gangs armés, qu'il a comparé à celui des Duvalier, père et fils, et de leurs célèbres tontons macoutes (milice paramilitaire).
"Les chimères dont les chefs avaient des surnoms pittoresques, Ti-Kouto (petit couteau), Grenn Sonnen (testicules tintinnabulantes), armés par le régime, avaient leurs entrées au palais présidentiel où ils prenaient leurs consignes et recevaient de l'argent", a-t-il expliqué en décrivant leurs actions répressives contre les opposants au régime, notamment lors des manifestations.
Pour le diplomate, l'enlèvement et l'assassinat de Claude Bernard Lauture pouvaient être destinés à adresser un message à sa famille, celui "de rester dans la bonne ligne".
La victime, Claude Bernard Lauture, personnalité respectée dans l'île, avait choisi, peu avant son enlèvement de s'engager auprès des opposants au régime, dans "le groupe des 184" mené par un entrepreneur haïtien.
- 'C'est un ordre du président' -
"Il disait: si la classe aisée ne s'engage pas pour changer le contrat social à Haïti, rien ne changera jamais dans ce pays. Et, quand il s'est engagé contre les dérives du pouvoir d'Aristide, beaucoup se sont dit, on va le suivre", a témoigné son épouse qui n'a jamais freiné son engagement.
"Mon père était militant syndical sous la dictature Duvalier. Il m'a inculqué des valeurs de justice et d'égalité", a expliqué à la barre cette belle femme élégamment vêtue dont l'éloquence a figé la cour d'assises comme suspendue à son récit.
Pourtant, Marie-Louise Michelle, 55 ans, fonctionnaire à l'ambassade de France, avait tout pour faire partie de l'élite du régime de Jean-Bertrand Aristide qui l'avait repérée lors de la cérémonie célébrant son retour au pouvoir en 2000 et l'avait appelée auprès de lui à la présidence.
"On m'a dit, c'est un ordre du président, cela ne se discute pas", a-t-elle rapporté en parlant de harcèlement à son égard. Mais elle ne reste pas. "J'ai du adopter un profil bas car on ne démissionne pas avec Aristide", a-t-elle expliqué.
La tante de son mari, Gladys Lauture, était une proche d'Aristide. "Le régime a proposé à mon mari toutes sortes de positions : ministre des Travaux publiques puis la présidence de l'équivalent d'Electricité de France. Contraint, il avait accepté la dernière offre avant de prétexter de ne pouvoir mener de front sa charge et son entreprise. Gladys était furieuse", a raconté Marie-Louise Michelle.
Mais après la séduction est venu le temps des menaces. Coups de feu sur la voiture de l'épouse tiré par des hommes en pick-up, intimidations téléphoniques jusqu'à l'enlèvement et la mort du mari. Cette fois, même la tante Gladys qui avait obtenu d'Aristide la libération d'autres membres de la famille, enlevés par des gangs en 2003, n'a rien pu faire.
Après l'assassinat, Marie-Louise Michelle saisit l'ambassade de France. Un homme devant la morgue lui dit avoir "Son Excellence" au téléphone qui lui demande "de se taire". Suivront des menaces et tentatives de meurtre qui la contraindront à l'exil.
"En portant plainte, je savais que je passais un pont et le détruisait derrière moi. Qu'il n'y aurait plus de retour à Haïti pour moi tant qu'Aristide sera vivant", a-t-elle lâché.
pr/via/phc
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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
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(Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois,
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