mercredi 28 novembre 2007

Représailles à Trou du Nord : De la force pour compenser l’irresponsabilité des gouvernants.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION
Radio Kontak Inter 94.9 FM
reseaucitadelle@yahoo.fr
www.reseaucitadelle.blogspot.com

Cap-Haïtien, Haïti
28 Novembre 2007

Les photos des équipements incendiés par la population de Trou du Nord sont au bas de la page affichée du blog.

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La population de la ville de Trou du Nord est sous les balles de la police. Ce matin du mercredi 28 novembre 2007 des auditeurs de l’Emission AVEC L’OPINION ont appelé pour nous informer de la situation à Trou du Nord. Selon les habitants de la ville, toute la nuit du 27 au 28 novembre 2007, des unités de la Police Nationale d’Haïti venues de Fort-Liberté, le chef lieu du département du Nord-Est ont intervenu au Trou du Nord. Les policiers ont arrêté un jeune homme du nom de Daniel Jean un ancien militant anti-Aristide. Toujours, selon les témoignages, Daniel fut maltraité par les policiers qui l’ont torturé en injectant du vinaigre dans ses yeux.
Toujours d’après les commentaires de plus d’un, le Nord-Est constitue un département de refuge pour des policiers politisés. Des anciens membres du BS (Brigade Spéciale de la PNH) connus pour ses techniques répressives, sont affectés actuellement dans le Nord-Est. Ils n’ont pas les techniques anti-émeutes nécessaires pour faire face à la situation ; de plus ils en profitent pour arrêter des personnes contre lesquelles ils avaient des problèmes politiques.
Au début du mois de novembre 2007, un certain D’HAITI ainsi connu fut arrêté le 10 octobre 2007 par la police et la MINUSTAH pour ses implications dans des cas de vols à main armée. Un mois plus tard, soit le 8 novembre 2007, alors que le dossier était au cabinet d’instruction, il fut libéré par Lucien Délince Pierre Louis, l’ami du président René Préval. La libération de D’HAITI est faite en prévision des prochaines élections. D’HAITI est actuellement en République dominicaine. Il a obtenu un visa en ce sens grâce à l’intervention du nouveau consul haïtien à Dajabon le nommé Jean-Ba ainsi connu.
Le fait par le gouvernement de laisser à son cacique Lucien Délince Pierre Louis, un fanatique d’Aristide, la gestion des conflits dans le Nord-est, diminue considérablement sa crédibilité face à la population. Par exemple, Gabriel Météllus dit Zabulon, un ancien candidat au sénat sous la bannière du Parti Fanmi Lavalas, fait partie de ceux qui actuellement organisent la répression au Trou du Nord. Zabulon est un ancien chef de gang. Il avait incendié les locaux de Radio Hispaniola avec l’assistance de plusieurs policiers politisés venant de Cap-Haïtien qui aujourd’hui encore travaillent dans le Nord-est. En tant que Chargé d’affaire dans le Nord-est, un nouveau poste créé par le pouvoir central pour court-circuiter les délégations et gérer directement les dossiers. Ils sont généralement incompétents et traitent les dossiers en fonction de leurs ambitions politiques.

Aujourd’hui le gouvernement demande à la police et ses sbires de gérer un dossier complexe comme la revendication de la population de Trou du Nord sur la construction de la route Cap-Haïtien/Ouanaminthe. Même quand nous condamnons et déplorons la destruction du matériel de la compagnie GHELLA, nous sommes convaincus que la situation de violence au Trou du Nord est le résultat d’une mauvaise politique gouvernementale qui consiste à abandonner les départements reculés aux amis du Président, aux anciens sbires lavalas qui en profitent pour persécuter leurs adversaires et à des maires transformés en agents du Palais National. Une question comme la route Cap-Haitien--Ouanaminthe devrait être traitée par des autorités compétentes de l’Etat Central.

La répression aveugle n’arrangera rien. Au contraire cette façon de tirer à hauteur d’homme peut aggraver la situation et mettre le gouvernement dans une mauvaise posture. Cette revendication quantitative pourrait devenir qualitative, les politologues de l’approche systémique peuvent en dire mieux. De plus, comment demander à une compagnie de travailler dans une zone hostile ? La PNH ne pourra pas sécuriser chaque espace sur lequel GHELLA aura à intervenir. La force n’a jamais compensé l’irresponsabilité des gouvernants. En démocratie les populations ont leur mot à dire. Alors, messieurs les petit homme* dirigeants, souvenez vous de cette citation de Napoléon : on peut tout faire avec une épée sauf s’asseoir dessus.

Cyrus Sibert
Cap-Haitien, Haïti
28 Novembre 2007

* Tiré du livre de Dr Wilhelm Reich, Ecoute petit-homme ! , Paris, Petit Bibliothèque Payot, 1948, Trad. Française 1972.

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