mercredi 2 avril 2008

Le Doyen Gérard Etienne est de retour. Il analyse le leadership Boulos.

LA REVOLUTION (TRANQUILLE) HAITIENNE (174)


LE LEADERSHIP DU SENATEUR R. HENRY BOULOS.(2)

HAITI OBSERVATEUR. SEMAINE DU 1er AVRIL 08.

Dr Gérard Etienne.


En se situant à gauche du mouvement l’ESPOIR ( à supposer qu’il ait voulu faire un petit bout de chemin avec ce segment lavalassien ) le Sénateur Rudolph Henry Boulos vient d’ébranler l’édifice féodal dans la mesure où il met au grand jour les contradictions de la présidentielle monarchique, dans la mesure aussi où il remet fondamentalement en question la pratique politique réactionnaire d’une classe d’hommes non préparés à gérer scientifiquement ( lire tous les postulats de Ray Killick sur la culture d’exécution ) la Res Publica. Pour la bonne raison que cette classe appelée injustement « élite » est INDIGNE et de la confiance populaire et de celle de la communauté internationale qui ne sait où se donner la tête devant les rapports de l’ONU sur la déchéance des masses obligées de se nourrir de vers de terre tapis dans les cahutes de terre glaise. Or nous dit Raymond Aron (Études politique, Paris Gallimard, p.144) : « L’indignité d’une élite affecte plus gravement la société QUE TOUT AUTRE MAL ( nous soulignons ) (…)L’indignité d’une élite ne tient pas à l’immoralité mais à l’oubli des rudes leçons de la science.

C’est au nom de la science, du moins de la science du développement, que des théoriciens de valeur comme Antênor Firmin, Boyer Bazelais, Thomas Madiou, Beaubrun Ardouin, Archimède Désert, Louis Joseph Janvier, Louis Déjoie, Jacques Stephen Alexis ont consacré la majeure partie de leur vie politique à imposer leur dissidence par rapport à une idéologie réactionnaire selon laquelle le pouvoir politique doit être exercé par le plus grand nombre. Le peuple haïtien se reconnaîtrait dans cette idéologie si elle postulait non pas une distinction formelle et fondamentale entre la classe politique et le grand nombre (entendons ici les masses noires) mais l’intégration de ce grand nombre (entendons les masses) dans tous les déterminants socio-économiques d’un ensemble social moderne. Tel n’est pas le cas. Sur ce point le Sénateur R.Boulos, dans une interview accordée à notre distingué collègue, le journaliste analyste Robert Bénodin, formule tout le drame d’une classe de politiciens incapables de transcender leur frustration dérivée de l’obsession morbide d’un pouvoir absolu, pouvoir qui les amène à broyer le genre humain, à cultiver l’injustice jusqu’à tout jeter dans les rigoles : les lois, le système judiciaire, les institutions, la constitution, l’éthique et les valeurs démocratiques. Car le monde (ou plutôt le gros peuple) est réduit aux caprices de leur moi (un moi troublant, démoniaque, crétin) trop métaphysique, trop centré sur de mesquins intérêts pour découvrir les rapports de causalité d’une misère on dirait génétique. Mais qu’à cela ne tienne! Lisez Firmin (libéral) Madiou, Louis Joseph Janvier, Jacques Stephen Alexis. A chaque fois que nos vrais penseurs ( pas ces petits morveux de crétins de gauchistes du PPLN convertis en brigades aristido lavalassiennes ) se penchent sur les problèmes d’une patrie agonisante,on découvre dans leurs textes dialectiques ( non régis par une pensée unique ) des plans, des perspectives, des méthodes d’organisation,des entendus sociologiques, des visions du faire, si bien qu’on n’a pas besoin de gueuler de plates dissertations sur la couleur de la peau pour savoir les causes profondes du combat à mener pour un régime politique à la hauteur des aspirations des masses. A une question intelligente de Bénodin sur la feuille de route du Sénateur Boulos, le pharmacien de profession, commerçant et industriel livre à notre réflexion les principaux déterminants aussi bien familiaux que patriotiques qui l’auront conduit sur le chemin d’un patriotisme bien articulé sur les valeurs profondes de l’identité et aussi sur l’éthique de l’ordre public et du respect d’autrui. Reformulons la question de Bénodin : « Qu’est-ce qui vous a porté à briguer le poste de Sénateur du Nord-Est.» » C’est une MISSION (nous soulignons) que j’ai reçue de mon père, répond le Sénateur. Mon arrière grand père est venu en Haïti en 1890 et jusqu’aux environs des années 1920, 1930 ma famille a habité les zones du Nord-est, principalement Ouanaminthe. Mon père m’avait dit que dans la mesure où je pourrais, de retourner dans le Nord-est, pour évaluer ce qui peut se faire, pour rendre à la population de la zone l’accueil que ma famille a reçu dès l’arrivée de mon grand père Simel Boulos en Haïti. C’est plus qu’une obligation, mais un DEVOIR (nous soulignons) que mon père m’avait fait Mon père m’a toujours dit : quand on a beaucoup reçu, IL FAUT SAVOIR BEAUCOUP DONNER (nous soulignons). C’est un peu comme ce que John Fitzgerald Kennedy avait dit lors de sa prestation :« ask not what your country can do for you, but what you can do for your country En d’autres termes quand on a réussi dans une certaine mesure, on doit SE FAIRE L’OBLIGATION DE MANIFESTER SA RECONNAISSANCE ENVERS LE PAYS QUI VOUS A PERMIS DE REUSSIR.» Nous défions TOUS ( oui c’est général ) les intellectuels noiristes ( y compris le souverain Préval dont la puissance, du moins jusqu’à présent, n’est soumise à aucun contrôle) de nous rappeler un discours politique à travers lequel on choisit comme axes de l’engagement politique les thématiques de MISSION ( pas au sens mystique comme celle de Duvalier François,mais sur le plan de l’objectivité scientifique) d’ACCUEIL FRATERNEL, de DEVOIR PATRIOTIQUE’ de RECONNAISSANCE ENVERS LE PAYS, et aussi ENVERS LE PEUPLE. C’est comme si le Sénateur Boulos nous disait que son identité s’enracine dans le réel haïtien, qu’elle fait un tout homogène avec les revendications des masses urbaines et paysannes et que cette identité ne peut rester en marge des cris de misère et de détresse qui l’interpellent. Ce n’est pas pour rien que les valeurs positives identitaires du Sénateur se retrouvent à la base des comportements familiaux. Tel est le cas du grand patriote, le Dr Carlo Boulos qui fut un honnête homme (au sens classique du terme) et qui tendait la main à tous les exclus et à tous les meurt de faim du pays. C’est le Dr Carlo Boulos qui rémunérait pas mal de médecins pour des actes médicaux que le peuple ne pouvait se payer. C’est lui et son frère Victor qui construisirent l’Hôpital de Cité Soleil lequel selon un médecin du Canada pouvait être placé à la hauteur d’un centre hospitalier modernes pourvu d’instruments appropriés à la guérison des patients sous la détermination d’une maladie d’après ses symptômes. Ajoutons que c’est le Sénateur Rudolph Boulos qui avait l’insigne honneur d’administrer l’œuvre d’un immortel parent, le Dr Carlo Boulos.

Mais attention! Ne demandez pas aux Bossales qui par le crime et par la démagogie (comme le pouvoir au plus grand nombre) se retrouvent au timon des affaires publiques depuis Soulouque .Ils n’ont pas d’identité basée sur une sacrée mission, sur un devoir patriotique, sur la reconnaissance envers le peuple. Ils n’ont pas d’identité préférant se masquer derrière des slogans creux, comme la double nationalité oubliant (ils n’ont aucune connaissance historique) que l’Amiral Hamilton Killick était un sujet britannique. Pourtant, il a connu une mort tragique par protestation contre le féodalisme, d’où son adhésion à l’idéologie libérale d’Antênor Firmin. Qu’on me cite un seul Bossale qui s’est fait sauter dans un bateau enveloppé du drapeau haïtien par protestation, oui, par protestation contre les actes ignobles des éternels ennemis de la race noire, race que tout un groupe de grands intellectuels libéraux défendaient au milieu du 19e siècle, par protestation contre la barbarie d’un régime politique contre tout ce qui empêchait Haïti d’être un pays moderne. L’identité des Bossales comme ceux d’hier et d’aujourd’hui, c’est la négation des droits des pauvres Nègres et des pauvres Négresses même si la taxe de 10 ou de 20 sous aux marchés publics de l’ancienne République leur a permis de faire des études gratuites du primaire à l’Université. Les Bossales n’ont aucune dette de reconnaissance envers le peuple, voire envers la Patrie. Ou plutôt la Patrie pour eux est une chienne galeuse qu’on prend à coups de pied quand elle envahit la cour d’une Villa. La patrie pour eux est un puant marécage sur lequel ils vident la crasse de leur tripes et dont ils ne veulent pas en entendre parler après avoir bidonvillisé la capitale et les villes de province. La patrie est un morceau de viande pourrie qu’on avale en vidant le ver en compagnie des terroristes notoires et internationaux. Leur identité, vous vous demandez ce que c’est? Ne fermez pas les yeux devant la vérité. Leur identité, voyons donc, c’est la force brute, démoniaque, gratuite, la force qui décapite l’autre en quelques secondes ou qui le réduit sinon en zombi du moins en esclave, la force démoniaque comme celle de Jean-François, de Biassou, de Lamour Dérance, de Petit Noël Prieur. Oui pour ces Bossales Saint Domingue devait rester la vache laitière de la France, d’où l’ordre intimé par Dessalines le Noir au Métis Lamartinienne de trancher la tête de Lamour Dérance afin d’intégrer les esclaves du terroriste dans l’Armée indigène. Alors, il y a eu et il existe encore au pays une veine bossale qui n’a jamais disparu. Parce qu’elle joue non pas sur des rapports de cause à effets, mais sur des questions d’ordre perceptif (comme la couleur de la peau et ses dérivées) comme celle aussi du plus grand nombre laissant savoir aux pauvres Noirs que nous sommes, que Jacques E. Alexis représente nos intérêts alors que ce monsieur à qui le gouvernement canadien interdit des séjours prolongés au pays de Jacques Cartier pour des crimes contre l’humanité ne défend que les intérêts d’une tribu, la tribu lavalassienne, ceci au nom d’un esprit de clique, des résultats tronqués électoraux. De la même façon que les Bossales cités plus haut décapitaient les Créoles et les Métis qui voulaient abolir l’esclavage et instaurer à Saint-Domingue un État indépendant et libre de toutes les puissances du monde, de la même façon la classe politique dite traditionnelle voulait interdire à R. Boulos tout accès à l’arène politique. Le leader en était conscient. Aussi a-t-il déclaré à Benodin : « : La classe politique traditionnelle n’avait pas vu d’un bon œil et même avec hostilité, qu’un industriel, qu’un commerçant, qu’un professionnel, qu’un bourgeois devienne acteur à part entière sur l’échiquier politique haïtien. Elle n’avait pas compris, ni accepté ce fait. Que vient-il chercher là? Ce n’est pas son rôle dans cette société. Il ne s’y connaît pas. Elle a cherché par tous les moyens comment m’en empêcher.» Les actes pervers et diaboliques de cette classe ne se limitaient pas à barrer la route au Sénateur. Ils visaient aussi la paralysie et à moyen terme l’abolition d’une institution, le Sénat de la République. Voici l’opinion sans concession du Sénateur Boulos sur le parti l’ESPOIR : « Le Parti l’Espoir ne voulait pas qu’un parti ait de l’influence au sein du parlement L’ESPOIR voulait d’un contrôle total du Parlement. En d’autres termes l’ESPOIR voulait un parlement docile. Il fallait à tout prix ne pas avoir au Parlement des gens ayant le potentiel pour résister à la domination de Préval soit au Sénat ou à la Chambre des députés. Mais c’était surtout au niveau du Sénat que cette inquiétude s’est manifestée le plus ostensiblement. Préval voulait au départ avoir un contrôle de l’État dans toutes ses composantes. Cette pré occupation, cette façon de penser, cette vision de l’arène politique et du pouvoir n’est pas une notion qui est unique à Préval.


R. BOULOS, LEADER INCONTESTE.

Bien sûr, comme nous le disions, nous faisons face avec Préval, à une idéologie fasciste, totalitaire, nazie (c’est la force brutale) avec tout ce qu’il y a d’horreur dans une pratique bestiale, parce que non logique, non rationnelle. Parce que on ne peut rien dire au peuple qui ait la substance d’une éducation capable de l’orienter vers des programmes progressistes, capable aussi de le faire passer d’une mentalité de zombi, de domestique, à une mentalité de citoyen responsable, honnête qui peut prendre les rues pour réclamer sa part des richesses du pays. D’où le rôle historique du Sénateur Rudolph Henry Boulos. Son leadership c’est la poursuite du grand rêve libéral de tous les grands patriotes qui n’ont pas manqué, tout au long de notre turbulente histoire, de substituer le cliché le pouvoir au plus grand nombre à l’idéologie libérale centrée sur le thème le pouvoir aux plus capables. De sorte que les Bossales au pouvoir ressusciteraient tous les démons que leurs ancêtres adoraient, pour leur garantir un pouvoir à vie, que le leadership de Boulos, inspiré de l’enseignement libéral d’un Firmin, d’un Boyer Bazelais, d’un Madiou, d’un Jacques Stephen Alexis, se manifesterait comme une brise de la délivrance à laquelle se rallieraient des centaines de milliers de compatriotes (entendons les braves haïtiens des classes moyennes rejetés de la tribu lavalassienne et de toute la population héroïque du Nord, du Nord-ouest et du Nord-est) Sur ce point nous lançons aux bourreau de Boulos un sévère avertissement. Si vous êtes marxologue, je vous dis a) que tout régime finit par s’écrouler sous le poids de ses contradictions b) l’histoire universelle a prouvé qu’une force politique n’est jamais posée dans l’infini mathématisable. Elle a une fin et finira par s’éclipser sous les pieds ensanglantés des masses souffrantes. C’est sous le signe de la reconnaissance des services rendus au peuple et au pays, c’est sous le signe de la liberté que six millions de voix demanderont aux dieux de la race d’ouvrir pour elles les portes de la liberté retrouvée, encadrées qu’elles seront des parlementaires proches très proches de la protestation du Sénateur Boulos, encadrées aussi de toutes les forces vives du pays fatiguées de se faire traiter en lâches, en domestiques, en colonisés, en en blattes qu’on écrase tous les jours, alors que leurs frères et sœurs montrent aux autres comment se laver le visage et lire les livrets démocratique. Donc ne touchez pas à un cheveu du leader. Votre force ne pourra pas balayer celle des masses souffrantes marchant à l’assaut de vos villas.

Dr Gérard Etienne.

Prochaine chronique : la révolution tranquille désormais vous appartient.

Aucun commentaire: