Si les forces de l'argent et les tenants du Pouvoir d'État veulent maintenir leur mainmise sur les opportunités économiques, la manne étrangère, les fonds de la Reconstruction et les activités productives, donc, rentables du pays, ils doivent se résoudre à investir pour renforcer les structures politiques légitimes qui leur donneront accès au contrôle du pouvoir d'état. Ils doivent renoncer à continuer à financer des opérations électorales « coup de poing » organisées dans le but de confisquer les élections par le biais de la fraude. Ces forces doivent savoir que l'expression du vote populaire est un acquis du combat démocratique et qu'il est temps que ce vote soit valorisé et respecté. En ce sens, Le bourrage des urnes ne peut plus être un mode de scrutin et une garantie de gagner les élections.
De son côté, la Communauté Internationale ne peut plus continuer à jouer au Ponce Pilate pendant que des apprentis sorciers trafiquent le vote populaire à chaque fois et faussent, ainsi, le résultat des élections. Elle sait ou, mieux, elle devrait savoir que la signature des procès-verbaux la veille des jours d'élections que nous avons connue sous le règne des Duvalier a été remplacée par la pratique des votes multiples ou le bourrage des urnes, suivant le cas, et que des dispositions spécifiques doivent être prises pour garantir l'intégrité du vote une fois acquis.
En général, la pratique du vote multiple est appliquée quand la population veut donner un vote sanction ou de défiance au pouvoir en place et profite de la faiblesse du système mis en place pour maximiser ses chances de succès aux élections en votant plusieurs fois, tandis que le bourrage des urnes est utilisé quand le candidat du pouvoir n'est pas sur de gagner le vote populaire et utilise des procédés d'intimidation et, parfois même, la violence pour prendre le processus en otage.
A titre d'illustration, en 1979, Cap-Haïtien a vu rouge avec LEROUGE lors des élections législatives en réponse et en rupture avec le Gouvernement d'alors. C'était la même chose en 1990 qui a vu la victoire du Prêtre Jean-Bertrand ARISTIDE, fer de lance des Communautés ecclésiales de Base (TKL).
De même, lors du premier tour des sénatoriales partielles de 2009, les urnes étaient déjà remplies dans tous les Centres de Vote de Milôt depuis 8 : 00 AM alors que les bureaux de vote avaient ouvert à 6 :00 AM. Quelle dextérité ? Le Conseil Électoral a du, par la suite, annuler plus de douze mille (12000) des voix frauduleusement recueillies par l'un des candidats en lice devant l'évidence des preuves qui lui ont été soumises.
Plus près de nous, lors des élections de 2006, la pression du béton a forcé le résultat en faveur du Candidat René Préval qui a été acclamé Président des le premier (1er) tour. N'était-ce la pression populaire, un deuxième tour était dans la logique des choses possibles.
Je crois donc que, pour ces élections de 2010, l'heure est venue non pas, comme le recommande la Communauté Internationale, de nous engager dans une processus de vérification et ou de validation de procès-verbaux d'élections et de recomptage des voix mais de faire une radiographie complète du dernier scrutin pour isoler les irrégularités d'avant le scrutin et les fraudes perpétrées le jour du vote et faire en sorte que, plus jamais, cette pratique de bourrage d'urnes comme mode de scrutin, genre de farce ou plaisanterie de mauvais goût, ne puisse être envisagée pour gagner les élections à venir dans le pays. Nous avons déjà choisi la démocratie comme système de Gouvernement et nous espérons que nous pourrons compter sur nos amis de la Communauté Internationale pour la consolider au mieux.
Nous devons arriver à faire du vote populaire un élément déterminant pour l'accession au pouvoir et à créer un lien dynamique entre le vote populaire et la gouvernance politique et économique. Ceux qui aspirent à nous diriger doivent savoir que, s'ils ne peuvent pas s'assurer du vote majoritaire comme c'est le cas du Sénateur élu Steven BENOIT, ce n'est même pas la peine de poser leur candidature aux postes électifs prévus dans le système politique haïtien. Ils doivent être en mesure de gagner le suffrage populaire pour mériter d'être pris au sérieux.
Jusqu'à présent, il a suffi de recruter quelques autoproclamés leaders et de les maquiller pour qu'ils puissent servir de mannequin dans la vitrine de la démocratie. C'est une pratique très courante qui sert de façade pour cacher la réalité sociale, économique et politique. La réalité est que, pendant longtemps, on a fait miroiter aux yeux du Peuple Haïtien les bienfaits de la Démocratie et que, jusqu'à présent, les promesses démocratiques ne peuvent être réalisées et que, au contraire, le peuple a vécu beaucoup de non évènements.
Comment demander à une population désabusée, qui ne se sentait nullement concernée par un processus électoral décrié par la classe politique mais qu'on a poussée aux urnes, d'accepter sans broncher des fraudes aussi grossières et des résultats aussi incohérents ? Chaque fois qu'on promet au peuple des élections libres, honnêtes et démocratiques, il s'attend à ce que son vote soit pris en compte à travers un processus électoral transparent mené à terme jusqu'aux résultats définitifs.
C'est vrai que la situation est critique. C'est vrai aussi que les besoins sont immenses et les ressources limitées. Comment, en effet, concilier Populisme, Pouvoir Populaire et Démocratie dans un environnement marqué les carences de toutes sortes ? C'est-à-dire, jusqu'à quel point un pouvoir, d'essence populaire, peut se permettre d'être démocratique ? De même, on peut continuer le questionnement et nous demander qu'est-ce qu'il y a lieu de faire pour que le bourrage d'urnes ne puisse continuer à remplacer le vote populaire ? Que faire quand on est convaincu que les urnes ont été trafiquées ?
Jusqu'à quel point les forces de l'argent peuvent permettre un exercice démocratique du pouvoir politique quand il s'agit de la défense de leurs intérêts étant donné que ces forces se sont toujours données les moyens pour contrôler, subjuguer et, des fois, antagoniser les forces politiques pour mieux les manipuler, les corrompre et les coopter pour les lâcher à la vindicte populaire après les avoir utilisées et vidées de leur substance et de leur contenu.
L'heure est venue, pour nos amis de la Communauté Internationale, de changer de paradigme dans le cas d'Haïti et de faire en sorte que cette quête de mieux-être et cette promesse de démocratie puissent enfin se concrétiser, se matérialiser et se réaliser. Après toutes les tribulations que nous avons vécues en Haïti durant cette année 2010 (Tremblement de Terre, Cyclones, Cholera, etc.), c'est le moins que l'on puisse espérer de ces amis qui nous ont promis, en prime, près de onze (11) milliards de dollars pour la Reconstruction du Pays.
Georgemain PROPHETE est un ancien Délégué Départemental, Représentant du Gouvernement dans le Nord.
Envoyé par mon BlackBerry de Digicel
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