Analysant les comportements contre-productifs de certains noirs des ghettos des grandes villes américaines, l'éminent Professeur noir Thomas Sowell de l’University Stanford fait allusion à la théorie des sous-cultures qui est la résultante des mélanges des cultures de deux ou plusieurs peuples, qui ont cohabité à un moment de l’histoire.
Le professeur Sowell blâme certains libéraux américains (de gauche) qui vantent les comportements délinquants de certaines minorités au nom de la divergence culturelle. Preuve à l’appui, il a démontré l'engouement des noirs pour l’éducation depuis les ateliers d’esclavage (école clandestine), le caractère sacré de la famille (chez les noirs), le respect des anciens, la discipline dans les familles noires, la valorisation du travail, une pudeur dans la sexualité, le rôle central de la religion, la décence en milieu public donc contradictoire aux injures.
Selon Thomas Sowell, le comportement avilissant que nous observons dans certains quartiers noirs, en plus des conditions socio-économiques dégradantes, est le résultat d’une “sous-culture” développée dans les ateliers de production et dans des champs, durant l’esclavage. Ce n’est pas la culture des noirs, mais une “sous-culture”.
Il est plutôt le résultat de la rencontre des esclaves noirs venus d’Afrique avec des crackers, ces peuples gaéliques venus d’Irlande et de l'Écosse au 16e siècle, pour servir comme engagés, serviteurs, commandeurs dans les ateliers de production. Ces gens vivaient au milieu des noirs, dans les plantations, dans les ateliers, développaient avec les esclaves une forme de proximité facilitant un syncrétisme global, une symbiose des sens au niveau des mœurs, des cultures, des tabous, des légendes, et même des rapports sexuels. Leur position de dominants par rapport aux esclaves noirs facilitait la diffusion de leur conception de la vie.
D'entrée de jeu, à la page 1 du livre “Black Rednecks and White Liberals”, le professeur Sowell écrit : “ More is involved here than a mere parallel between blacks and southern whites. What is involved is a common subculture that goes back for centuries, which has encompassed everything from ways of talking to attitudes toward education, violence, and ex-and which originated not in the South, but in those parts of the British Isles from which white Southerners came. That culture long ago died out where it originated in Britain, while surviving in the American South. Then it largely died out among both white and black Southerners, while still today in the poorest and worst of the urban black ghettos.”
(Black Rednecks and White Liberals, Thomas Sowell, Encounter Books, New York, 2005)
Traduction : “ Il s'agit ici de bien plus qu'un simple parallèle entre les Noirs et les Blancs du Sud. Il s'agit d'une sous-culture commune qui remonte à des siècles, qui englobe tout, des manières de parler aux attitudes envers l'éducation, la violence, le sexe et qui n'est pas originaire du Sud, mais de certaines parties des îles britanniques d'où les blancs, les sudistes sont originaires. Cette culture s'est éteinte il y a longtemps là où elle est originaire, de Grande-Bretagne, tout en survivant dans le sud des États-Unis. Ensuite, elle s'est éteinte en grande partie parmi les Sudistes blancs et noirs, pourtant il existe encore aujourd'hui dans le plus pauvre et le pire des ghettos urbains noirs. ”
A la page 2 dudit livre, l’auteur nous dit que souvent certaines cultures et/ou langues survivent dans des territoires où elles sont transplantées et certains de leurs caractères originaux y résistent après qu’ils ont disparu ou évolué dans leur pays d'origine. Exemples, le français de Québec, l’espagnol du Mexique, les dialectes allemands en Europe de l’Est, l’orthodoxie religieuse…. Il conclut en signalant que ce sujet n’est pas une curiosité intellectuelle, mais a une importance capitale vu l'influence que peuvent avoir des sous-cultures sur l'évolution économique et les rapports socioculturels d’un pays.
Ce texte ne vise pas à analyser le mode de vie de ce peuple gaélique originaire d’Irlande ou d’Écosse, communément appelé “Crackers” et développé dans le livre “Cracker culture” du professeur Grady Mc Whiney, University of Alabama Presse, 1988. Mais de mettre en évidence l’influence négative que peut avoir une sous-culture héritée de la cohabitation de petits-blancs racistes et des nègres venus d’Afrique dans les ateliers esclavagistes de Saint-Domingue, sur l’avenir d’Haïti.
En effet, cette analyse du professeur Sowell fait penser à Haïti. Un pays fondé sur une construction sociale esclavagiste, sur une terre peuplée de petits blancs arriérés, illettrés, venus de la paysannerie française où ils subissaient l’exclusion et les mépris des nobles, pour se livrer à la piraterie, à la contrebande des flibustiers et des boucaniers; qui ensuite ont joué un rôle de commandeur dans un rapport de domination raciste sur des noirs, eux aussi venus des tribus Africaines.
Imaginer un paysan français au 16e siècle. C’est un ignorant. En ce temps-là, les français avaient peur de se baigner parce qu'ils croyaient que l’eau pourrait s’infiltrer dans leur corps et leur causer la mort. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la France est très avancée dans la fabrication des parfums, car il fallait combattre les mauvaises odeurs corporelles. A Paris, on jetait des excréments humains par la fenêtre, dans la rue. Tous les français n'étaient pas Montaigne ou Rabelais.
En ce sens, Saint-Domingue qui est devenue aujourd’hui Haïti était peuplée de petits blancs de la paysannerie française, avec tout ce que cela implique en termes d’ignorance et de barbarie.
« Pour la plupart, c'étaient des aventuriers en délicatesse avec la justice ou les bonnes mœurs. Jeunes gens sans principes, paresseux et libertins, fripons ou scélérats côtoyaient moines et prêtres défroqués, officiers réformés, remerciés ou cassés, laquais et banqueroutiers, jeunes gens travailleurs désireux de faire fortune facile, ouvriers et marchands cupides ou véreux. Beaucoup d’entre eux s’adonnaient à leurs vices. Tyranniques envers leurs esclaves, injustes, adroits fripons et fiers de l'être, avares, débauchés, cruels ils pratiquaient à l’occasion le proxénétisme. Peu nombreux étaient les “moutons France” (nouveaux débarqués) qui réussissaient à demeurer honnêtes. »
(Le livre “Le collier de servitude” du Docteur Frantz TARDO-DINO, Éd.Caraïbéenne, 1985, page 81)
D’ailleurs, en matière médicale, les “médecins” noirs étaient plus compétents que ces blancs arriérés. "l'étendue de leurs connaissances en phytologie, leurs fréquents succès autorisent à leur donner ce titre (de médecin). Les colons, aux débuts de l’esclavage, se faisaient même traiter par certains d’entre eux.” (plus ou moins sorciers et prêtres)
“Les guérisseurs noirs étaient renommés pour leur connaissance très approfondie des simples”.
“ils ont plus de connaissances que les blancs qui s’y appliquent toute leur vie” “dans les maux vénériens, ils réussissent beaucoup mieux que nous.”
(Témoignages du livre “Voyages du Chevalier des Marchais) cités dans “Le collier de servitude” Op.Cit., pages 234-235.)
Et c’est dans ce livre sur les conditions sanitaires des esclaves aux Antilles qu’on trouve la réponse à cette question :
Tenant compte de la théorie des sous-cultures, l’élite haïtienne dominée par des négrillons à peau claire appelés “mulâtres”, a-t-elle assez évolué pour sortir le pays du sous-développement, du système de Plantation et vers l'État-nation?
Si les petits blancs de Saint-Domingue étaient des paysans arriérés, le pire, c’est qu’ils étaient en position de domination. Ce sont eux qui étaient en contact direct avec les esclaves dans les ateliers et les plantations. Leur position de pouvoir avait préséance sur le savoir des esclaves. Pour preuve, suite à “l'épidémie d'empoisonnement” provoquée par la campagne de Makandal qui contaminait les puits et les aliments, par crainte, les colons réclamèrent l'interdiction pour les noirs d’exercer la médecine. Ce qui fut faite, le 1er février 1743, par une ordonnance royale.
De par leur position de pouvoir et de domination raciale, les petits blancs, même arriérés, faisaient la loi. Il est évident que toutes les conditions étaient réunies pour qu’une sous-culture de petits-blancs-arriérés-et-nègre puisse se développer à Saint-Domingue?
Et, sur ce point, le Docteur TARDO-DINO a rapporté certains faits importants dans son livre : «...le créole était orgueilleux, prétentieux, impatient, inconstant, jouisseur, peu empressé à payer ses dettes. Il adorait ses enfants qui se transformaient en tyrans domestiques. Thibaud de Chanvallon (créole lui-même) les excusait en mettant en cause “l’influence reçue de la chaleur et du climat, de l’habitude de commander dès leur enfance à des esclaves et d'être obéis, la faiblesse générale de leurs parents pour eux et la liberté qu’inspirent les mœurs du pays.”», pages 77 -78 (le terme créole désigne tout ce qui est né aux Antilles)
Des enfants de femmes esclaves, élevés par eux-mêmes dans les cases, parce que leur mère noire n’avait aucun droit de les réprimer, de leur enseigner les “bonnes manières” ni de les éduquer, vu qu’elle était considérée inférieure socialement. Maman était une chose, un bien meuble, elle n'était pas une personne. En conséquence, ces négrillons de peau claire, même enfants, commandaient et exigeaient d'être obéis, même quand leur père, colon blanc raciste, les traitait de “sale nègre”, les abandonnant à leur sort durant tout leur jeune enfance.
Même les enfants nés de mère et de père blancs n’ont pas eu un traitement différent.
Car, « La société blanche antillaise avait pour principale caractéristique la fréquence des familles nombreuses de dix, douze voire vingt enfants qui dès leur naissance étaient abandonnés aux soins d’une troupe d’esclaves domestiques. Idolâtrés par leurs parents qui cédaient au moindre de leur caprice, habitués à voir infliger des châtiments “dont le caractère le moins révoltant est la barbarie” (de Wimpffen), ignorant la modestie, la bonté, l’indulgence, la justice, ils devenaient rapidement des féroces tyrans. Les premiers mots que la bouche du jeune créole bégayera contiendront l’ordre de “déchirer à coups de fouet” le sein de sa nourrice. » page 80
C’est dans cette ambiance qu’est fondée la société esclavagiste, le socle social de la société haïtienne après 1804. Les esclaves arrivés d'Afrique y ont ajouté un peu de leurs us et coutumes - même clandestinement. Ce sont ces négrillons à peau claire qu’on appelle mulâtres, produits dans ces conditions de mépris, qui prétendent imposer leur “vision” depuis l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines en 1806. C’est sous le leadership de cette classe dirigeante que nous croupissons, attendons le changement en Haïti.
Certes, les gens peuvent évoluer. Les cultures et les groupes sociaux peuvent se moderniser. Mais, il faut d’abord prendre conscience de ses faiblesses, se montrer humble, accepter l'intégration de gens évolués et développer une volonté de réformer.
A la page 258, Professeur Sowell explique l'évolution des Ecossais. Ils ont pris conscience et ont développé une classe d’intellectuels qui a produit le philosophe David Hume, l'économiste Adams Smith, le chimiste Joseph Black, l'architecte Robert Adam, l'ingénieur James Watt, Sir Walter Scott en littérature, John Stuart Mill en économie, philosophie et science politique. Ce peuple gaélique que les Anglais s’amusèrent à ridiculiser pour leur incapacité à parler leur langue, brille dans le monde grâce à une prise de conscience humblement réfléchie et un effort national pour sortir de l'archaïsme. En médecine, les écossais brillent non seulement en Grande Bretagne mais aussi en Russie où l'Impératrice Catherine la Grande eut un écossais comme médecin personnel. Les premières écoles de médecine en Amérique ont été fondées par des écossais; l’Écosse a établi les standards mondiaux en matière de construction navale. En 1871, plus de la moitié des bateaux construits par l'Angleterre étaient de fabrication écossaise. Ils ont construit des Universités de renoms et dépassé ceux de qui, ils avaient appris.
Mais en Haïti, ce n’est pas le cas. “L'élite la plus répugnante" - comme Bill Clinton les appelait - reste confinée dans son arrogance, sa vantardise, ses caractères féroce, rapace et vaniteux, l’immoralité de toute sorte qui la rend infréquentable. La marque de fabrique de leur sous-culture est leur emportement à injurier les gens de la façon la plus triviale, à minimiser le savoir, le savoir-faire et l'expérience. Elle résiste au changement, exclut la diaspora qui risque de la démasquer grâce à un vécu en société moderne et industrialisée. Elle a peur de la concurrence et ne peut survivre que grâce à une société de rente, dans laquelle la compétence n’a pas d’importance, mais les accointances.
“En Haiti, la fixation des règles du système politique repose précisément sur cette dimension. Dans quelle mesure ceux de la diaspora seront-ils écartés de ce système, non seulement comme personnes, mais comme porteurs de règles, de normes, de modèles de comportement?”
(André Corten, “L’État faible, Haiti et République Dominicaine”, Éd. Mémoire d’Encrier, 2011, page 157)
Même les gens qui leur sont proches, ont de graves difficultés à leur faire comprendre qu’il est venu le temps d'évoluer. Cette élite l’a prouvé en 2014, par le blocage suivi d’expulsion du Premier Laurent Lamothe qui leur réclamait une nouvelle approche basée sur l’implication sociale de l’entreprise et leur imposait des Conseils de Ministres en direct sur les médias, permettant au peuple de suivre et d'évaluer la gouvernance de son pays. Le 7 juillet 2021, elle vient d’assassiner le Président Jovenel Moïse qui leur parlait de construction de barrage hydraulique et d'électrification du pays. Si elle envoie ses enfants étudier dans les grandes universités du monde, c’est pour mieux faire la même chose.
Sur ce point il est important de rappeler qu’à Saint-Domingue il y a eu des mulâtres évolués. Certains avaient même milité au sein de la société des amis des noirs en France. En 1802, quand Napoléon décida de rétablir l’esclavage, nombreux mulâtres évolués résistaient et continuaient à répondre les valuers de la République dans la Caraibe et dans toute l’Amerique Latine.
(Nicolas Rey, “Quand la revolution, aux Amériques était nègre…”,Éd. Karthala, 2005).
Plus d’un n’avait aucun problème de marcher sous le commandement de Toussaint Louverture ou de Dessalines. D’ailleurs, plusieurs de ces mulâtres sont tombés au Pont-rouge avec Dessalines; d’autres ont été fusillés après l’assassinat de l’Empereur. Des mulâtres évolués à partir des idées progressistes de Voltaire ont été combattus systématiquement par leurs pairs arriérés, rétrogrades et obligés de s’exiler. Donc, à un certain moment, la sous-culture dépasse un groupe ethnique spécifique. Elle devient une conception rétrograde de la vie capable de se reproduire dans certains compartiments de la société. C’est ce que nous observons actuellement à Pétion-ville. Elle prend la forme d’une mafia criminelle composée des personnalités à peau claire et/ou noire, résistant au changement, donc solidaires dans la reproduction de ladite sous-culture arriérée, rétrograde et dégradante.
.
Cette classe de sous-culture rétrograde est incapable de changer Haïti; elle ne peut pas moderniser ce pays.
Leur domination dépend de la soumission des intellectuels qui n’osent pas faire les diagnostics et leur dire les quatre vérités, préférant chercher des boucs-émissaires, accuser des chefs d’État, des ministres de tous les problèmes de la République. Ils misent sur l’ignorance des jeunes et adoptent l'obscurantisme comme police d’assurance afin que le statu quo ante reste inchangé.
Mais, la bonne nouvelle, il y a des révoltés comme nous qui décident de dénoncer les vraies causes, afin que nul n’en prétexte cause d'ignorance.
Cyrus Sibert,
#LeReCit @reseaucitadelle
07 Novembre 2021
WhatsApp : + 509 3686 9669
P.S.: J’ai insisté sur le qualificatif “Négrillon à peau claire” parce que c’est de cette manière que les petits blancs percevaient les enfants des négresses dans la société coloniale. C’est encore le cas aujourd’hui en Amérique du Nord et en Europe, le mulâtre orgueilleux et complexé d'Haïti est un nègre à peau claire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire