Des haitiens quittent la République Dominicaine Crédit Photo : Loop Haiti |
La République Dominicaine est historiquement un pays déchiré entre son centre (le District Santo-Domingo) et sa périphérie ( les régions dominées par les grands propriétaires terriens). Depuis sa fondation, elle est traversée par des guerres intestines entre les grands propriétaires terriens comme le Général Pedro Santana et les hispanophiles de la capitale qui se croient plus espagnols que dominicains, menés par Juan Pablo Duarte. Ce dernier fut exilé vers le Venezuela, d'autres moins chanceux furent emprisonnés puis fusillés.
Contrairement aux mensonges des extrémistes ultra-nationalistes dominicains qui se vantent d'être anti-haïtiens, les haïtiens sont indispensables pour leur pays. C'est l’exploitation quasi-esclavagiste des travailleurs agricoles haïtiens qui a permis à la périphérie de s'enrichir. Ils ont pu accumuler grâce aux salaires insignifiants et des exportations de produits vers Haïti. Comme résultat, les fermes agricoles et autres unités de production, en dehors de la capitale, sont devenues rentables. Cette accumulation est à la base du développement d’une classe moyenne régionale menée par les grands producteurs de la zone périphérique. En conséquence, cela engendre une diminution des tensions et une certaine réconciliation entre les deux pôles.
Ainsi, la présence des haïtiens en République Dominicaine et les activités commerciales le long de sa frontière terrestre avec Haiti sont deux éléments indispensables pour la paix et la stabilité de la République Dominicaine.
En réalité, c’est un système parasite qui ne peut exister sans l'exploitation des haïtiens qu'ils maintiennent dans une situation spéciale, sans aucun droit civil et en marge de la société dominicaine :
1- il faut que ces travailleurs haïtiens soient toujours illégaux, avec un statut juridico-légal précaire, pour qu'ils puissent les exploiter; leur présence servant aussi de moyen de pression sur les rares travailleurs dominicains qui au lieu de danser, de jouer et de boire à longueur de journée, acceptent les ouvrages pénibles. Car, il y a toujours un haïtien sans papier pour les remplacer….;
2- Il faut toujours faire croire à ses précieux travailleurs clandestins qu'ils ne sont d'aucune utilité pour la République Dominicaine. Il faut leur dire qu'ils représentent un fardeau. Cela les empêchera de prendre conscience de leur importance dans ce pays et de renchérir.
Depuis toujours, les dirigeants dominicains ont toujours voyagé en Haïti pour quémander de la main-d'œuvre bon marché qui leur assure des profits élevés. Ils ne peuvent pas s'en passer. Mais, en bon démagogues, ils disent du mal des haïtiens, nous rabaissent dans les médias; ils humilient nos sœurs et frères et répandent des messages de haine contre nos ressortissants. Telle est la réalité!
Donc, il suffit que les dirigeants et les élites d'Haïti gardent la frontière fermée en cherchant rapidement des débouchés ailleurs et/ou en stimulant la production nationale, pour que de nombreuses entreprises dominicaines dépendant du marché haïtien soient obligées de venir s'installer chez nous, en Haïti. Il en résulterait un mouvement inverse de déplacement de travailleurs et d'entreprises et la re-dynamisation des activités portuaires dans certaines villes de province.
De plus, sur le plan sociopolitique, cela entraînerait, la reprise des tensions entre le Centre de la République Dominicaine (Santo Domingo) et ses régions périphériques... avec toutes les conséquences habituelles.
J'en profite pour répondre à quelques amis Dominicains en leur disant que "je ne suis pas un anti-dominicain". Il n'y a pas de place dans mon cœur pour la haine. Je veux juste que mon peuple rétablisse sa dignité dans ses relations avec la République Dominicaine. Je sais que les groupes racistes sont minoritaires. Cependant, j'observe que la majorité des dominicains ne conteste pas leur campagne haineuse et de violation de droits des haïtiens. Donc, si rien n'est fait, tuer un Haïtien sera un fait divers en République Dominicaine. On me signale tristement que c'est déjà le cas dans certaines régions du pays, les haïtiens n'y ont aucun droit. Donc, il est urgent de corriger cette situation en démasquant les démagogues dominicains.
L'échec de l'agression de Luis Abinader en ce qui concerne la construction du canal sur la Rivière Massacre nous donne raison. Il est obligé de rouvrir la frontière qu'il avait fermée en représailles. Ce que je qualifie de "décision ridicule". Indignés, les haïtiens ne sont pas venus le supplier, au contraire, mon peuple s'est montré déterminé à encaisser le coup comme exigence de respect et preuve de dignité.
Nous devons mettre les démagogues racistes face à leur réalité. Ils ont plus à gagner dans les échanges avec Haïti; nous constituons pour leur pays et leur économie un facteur de croissance, de développement économique, de stabilité, de paix, et s'il n'y a plus d'Haïtiens en République Dominicaine, la zone frontalière et les régions périphériques s'effondreront et sombreront dans le chaos.
Les militaires dominicains, les propriétaires terriens, les fonctionnaires, les commerçants, les chauffeurs de taxi, les artisans, les paysans dominicains, tout ce beau monde survit dans les régions périphériques grâce aux haïtiens. Je propose aux dirigeants haïtiens de mener une politique ZÉRO HAITIEN en République dominicaine, pour démasquer les extrémistes, les racistes et les fascistes dominicains. Cela donnera un peu plus d'occupation au Pouvoir central de Santo Domingo et à Luis Abinader en particulier.
Nous pouvons atteindre cet objectif pour le respect et la dignité d'Haïti. Le monde doit pouvoir observer les conséquences néfastes du vide créé par l'absence des haïtiens en République Dominicaine.
Faisons cela pour nos ancêtres et l'honneur des générations à venir.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
13 Octobre 2023
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