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LOI HOPE : PLUS DE 500 INVESTISSEURS ETRANGERS : OU EST LE SECTEUR PRIVE HAITIEN ?
La loi Hope a été votée au départ pour permettre au secteur privé haïtien de se relever à partir du textile. Or aujourd'hui ce n'est pas le secteur privé haïtien qui apparemment va en profiter, mais ceux qui viennent en courant saisir le gâteau sous les yeux impassibles des enfants de chœur de nos Chambres de Commerce.
Quand le président américain Georges W. Bush signa en Décembre 2006 la loi Hope pour Haïti (rendons lui au moins cet hommage !) dans le cadre d'un paquet de lois commerciales préférentielles liant les Etats-Unis et différents partenaires dont la loi d'opportunité haïtienne hémisphérique à travers l'encouragement au partenariat (HOPE), il voulait clairement aider le secteur privé haïtien, et envoyer un signal fort à la communauté internationale : remettre Haïti sur le chemin de la reprise. Le président Bush fit comprendre que cette loi allait permettre de créer plus de 75,000 emplois en Haïti après son adoption par le congrès américain.
La loi Hope accepta enfin d'autoriser l'entrée aux Etats-Unis, sans aucun droit de douane, des vêtements fabriqués en Haïti... par des haïtiens et le secteur privé haïtien, en partenariat avec des firmes étrangères américaines et autres à un niveau moindre. Les USA acceptaient des lors d'importer des habits d'Haïti, ce qui au départ fit pousser des cris d'indignation chez les fabricants américains, mais Bush voulait faire un geste qui pourrait en tout cas relancer le secteur de l'industrie textile haïtienne, en crise depuis plusieurs années suite à une demande de l'Ambassadeur haïtien à Washington, Ray Joseph.
Ray expliqua au président Bush que sur les 150 000 emplois que comptait l'industrie haïtienne du textile en 1986, il n'en reste aujourd'hui presque rien et que la loi Hope pourrait aider les haïtiens à reprendre ce secteur et se mettre à nouveau à réexporter tout en s'étendant aux domaines de l'agriculture, des énergies renouvelables, des textiles et des infrastructures.
Maintenant que le gâteau est sur la table, ce n'est pas le secteur privé qui vient diner mais ! MHMM !
On a monté une « Rencontre internationale des investisseurs » la semaine dernière à l'Hôtel Caribe et les membres du secteur privé haïtien avaient l'air des indiens du temps de Guacanagaric. La loi Hope serait elle en train d'être détournée de ses objectifs premiers c'est-à-dire compenser le déficit d'épargne national, donc d'investissement, devant servir au financement du développement par les haïtiens eux-mêmes ? Plus de 500 entrepreneurs accompagnés du président de la Banque interaméricaine de développement (BID), Luis Alberto Moreno sont venus regarder de près les composantes du gâteau destiné à Haïti.. Comme pour dire que ce gâteau leur appartient, et que c'est à eux de le découper et ensuite de le manger sous nos applaudissements. Parce que le secteur privé haïtien n'a pas un leadership bien informé, ni des projets bien ficelés. les opportunités sans précédent s'offrent à Haïti mais Haïti est en train de dormir au marché de la Croix des Bossales.
Depuis sa promulgation, cette nouvelle législation a entraîné automatiquement la suppression des tarifs imposés jusqu'ici par les douanes américaines aux vêtements fabriqués dans l'industrie haïtienne de la sous-traitance. Le secteur privé haïtien est resté les bras croisés jusqu'à se faire coiffer au poteau, Mais attention la loi Hope n'est pas éternelle : elle restera en vigueur pour 3 ans renouvelables. Seuls des investisseurs emmenés par la BID vont apparemment en profiter avec intelligence. Même le secteur privé de la République Dominicaine s'est précipité sur Haïti pour grappiller un morceau, espérant apporter à la patrie dominicaine plus de 20.000 emplois à travers la création de zones franches en dominicaine pour faire la liaison avec les autres.
Le président de la puissante commission des voies et moyens de la Chambre des représentants, Bill Thomas et son successeur désigné, le démocrate de New York, Charles Rangel, se sont évertués à constituer une solide majorité parlementaire capable d'assurer l'approbation du HOPE et découvrent aujourd'hui que ce n'est pas le pauvre secteur privé haïtien qui va en jouir mais les investisseurs étrangers. Ainsi l'accession d'Haïti au statut de partenaire commercial favorisé des Etats-Unis ne sert que du vent puisque les rentrées massives à venir risquent de se faire sur le dos d'Haïti et aller ensuite se blottir dans les banques étrangères.
On se souvient de cette délégation officielle haïtienne conduite par le ministre de l'économie et des finances, Daniel Dorsainville, qui s'était rendue au Congrès à Washington pour exhorter les parlementaires à voter la loi HOPE. Accompagné de l'industriel Richard Coles, ex-président de l'Association des industries d'Haïti (ADIH) et de Lionel Delatour, consultant dans le domaine des affaires, Dorsainvil s'était entretenu avec des parlementaires américains dont Charles Rangel et Bill Thomas. Les émissaires de Port-au-Prince finirent aussi par convaincre les élus américains de la nécessité HOPE.
"HOPE est très important pour nous", avait déclaré Dorsainville. "Cela enverrait un signal positif qui serait synonyme du retour d'Haïti dans le monde des affaires. L'adoption de HOPE et l'effacement de la dette apporteront à Haïti toute l'énergie nécessaire dont elle à besoin pour renouer avec la croissance", avait affirmé le ministre des finances. Maintenant c'est fait. Et à qui tout cela va-t-il en profiter ?
Certains rêveurs du secteur privé haïtien croient, les mains dans la poche que si les autres viennent en profiter à leurs places, ils auront au moins la paix pendant 3 ans parce qu'il y aura du travail et moins de kidnappings.
Mais c'est mal comprendre ses responsabilités. Surtout que de par sa durée et ses limitations, la loi HOPE, très avantageuse pour le textile haïtien, présente néanmoins quelques contraintes qui ne permettent pas sa pleine exploitation.
Le président haïtien a eu l'intelligence de créer de son coté une Commission devant l'aider à adopter des stratégies afin de permettre au pays de ne pas être gros jean comme devant. Les membres de la commission présidentielle sont : Ronald Bodin Jean Paul Faubert (ADIH), Yves Hériveaux (Mouvement des organisations indépendantes intégrées et syndicats engagés)Wilhem Lemcke (Association des zones franches), Ronald Dessables (MEF), Paul Loulou Chéry (CTH), Bernard Régis (Coordination syndicale d'Haïti), , Sanite Désir (MCI), Bernard Fils Aimé (AMCHAM) et M. Joseph (MAS).
Face aux contraintes rencontrées dans la mise en œuvre de HOPE, la Commission s'est donnée comme mission d'appuyer les démarches en vue d'encourager le congrès américain à voter une nouvelle loi, la HOPE II qui serait plus attrayante pour les investisseurs haïtiens qui cette fois pourront étudier comment vraiment en profiter…et se montrer sérieux.
Joël R Deeb
Chairman
301-573-3559
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