Haïti-Présidence-Mandat
René Préval prêt à partir le 7 février "par sagesse"
Le Président met une fois de plus la constitution au "banc des accusés", confirme son intention d’organiser des élections présidentielles à la fin de l’année et nie l’existence "d’exilés politiques"
mardi 6 avril 2010,
Le Président René Préval s’est engagé mardi "par sagesse" à abandonner le pouvoir à son successeur le 7 février 2011, même si à cette date il n’aura pas accompli intégralement les cinq ans du mandat présidentiel prévus par la constitution en raison de son intronisation, le 14 mai 2006, avec plus de trois mois de retard.
"Vous voyez dans quel embarras nous a précipités cette constitution qui dit clairement que le Président est élu pour cinq ans", a lâché avec une pointe d’agacement le chef de l’Etat, lors d’une conférence de presse organisée en marge d’un entretien avec la Première dame du Mexique, Margarita Zavala de Calderòn et la ministre des affaires étrangères, Patricia Espinoza.
Pourfendeur de la charte fondamentale qu’il n’a cessé de présenter tout au long de son deuxième et dernier quinquennat comme une "source d’instabilité", René Préval a regretté le départ le 10 mai prochain de la 48e législature sans qu’elle n’aura pu entériner le projet d’amendement constitutionnel introduit en 2009. Il souligne que d’autres consultations électorales devront se tenir en 2011 et pendant les années suivantes alors qu’il avait proposé un cycle d’élections générales tous les cinq ans afin d’éviter des séquences électorales rapprochées génératrices de violences partisanes et d’instabilité politique.
Renouvelant sa ferme volonté d’organiser des élections présidentielles à la fin de l’année, M. Préval a estimé que la pire des choses qui pourrait arriver au pays serait de retrouver à sa tête, le 7 février 2011, un régime provisoire non élu.
"Seul un gouvernement légitime, avec un Président, un Premier ministre et des ministres légitimes, peut engager la nation", a insisté le Président qui souligne que le non-respect des échéances constitutionnelles pourrait mettre en péril l’aide de 9,9 milliards de dollars sur plus de trois ans promise par la communauté internationale lors de la conférence sur la reconstruction d’Haïti tenue la semaine dernière à New York.
Sur demande de René Préval, une mission internationale technique de l’ONU et de l’OEA doit arriver incessamment à Port-au-Prince pour procéder, de concert avec le Conseil électoral provisoire, à une évaluation des conditions de faisabilité des prochaines élections.
Dans un élan d’anticipation à peine contenu, le chef de l’Etat a déclaré que si le séisme du 12 janvier avait gravement touché l’ouest où la relance du processus électoral s’annonce compliquée avec plus de 200.000 morts et d’importants dégâts matériels, en revanche les autres départements épargnés pourraient aisément organiser des élections.
En réponse à une question sur la "participation des exilés politiques" à la reconstruction, Préval, très abondant, a expliqué qu’il n’avait exilé personne depuis son retour au pouvoir et que les haïtiens séjournant à l’étranger étaient libres de regagner leur pays.
Enfin, le chef de l’Etat s’est félicité des résultats de la conférence de New York tout en évoquant un devoir de réserve sur la présence de l’émissaire de l’ONU et ex-Président américain Bill Clinton à la présidence de la commission mixte intérimaire (CIRH) chargée du pilotage du processus de reconstruction pour une période de 18 mois. M. Préval rappelle que l’entrée en scène de cette commission, par ailleurs très controversée, reste suspendue à la ratification du Parlement.
Pour la Président, Haïti est un "Etat faible", mais, n’a pas "renoncé à sa souveraineté" en acceptant la création de la CIRH dont Clinton partagera la direction avec le Premier ministre Jean-Max Bellerive.
Divers secteurs de la classe politique et de la société civile ont dénoncé la nette prédominance étrangère au sein d’une structure dont les tenants et aboutissants échappent largement à l’opinion publique haïtienne. spp/Radio Kiskeya
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Haïti-Séisme-Elections-OEA
Une mission d’appui de l’OEA aux élections attendue jeudi à Port-au-Prince
Conduite par le Secrétaire général adjoint, Albert Ramdin, la délégation se penchera avec différents interlocuteurs haïtiens sur l’organisation des prochaines élections maintenue par l’Exécutif malgré les effets dévastateurs du séisme
mercredi 7 avril 2010,
Le Secrétaire général adjoint de l’Organisation des Etats américains arrive jeudi à Port-au-Prince à la tête d’une mission destinée à relancer le processus électoral, de concert avec les autorités haïtiennes et des institutions nationales, dans la perspective des prochaines élections présidentielles, législatives et locales prévues en principe à la fin de l’année.
Dans un communiqué rendu public à Washington, l’OEA précise que la délégation composée de six membres vient en Haïti en réponse à une demande du Président René Préval.
Le chef de l’Etat, qui tient tout particulièrement à remettre le pouvoir à un successeur élu, le 7 février 2011, estime que les élections restent possibles malgré les énormes dégâts du séisme du 12 janvier à l’origine d’au moins 230.000 morts, selon des chiffres officiels.
"Dans cette conjoncture et au regard de l’énorme tâche de relèvement et de reconstruction que nous avons devant nous, il est très important d’aider Haïti à garantir la continuité des affaires de l’Etat et à préserver la légitimité des autorités émanant de la volonté de la population", soutient le communiqué de l’organisation hémisphérique.
Durant sa visite de 48 heures qui prendra fin samedi, la mission aura des discussions avec le Président Préval, le Premier ministre Jean-Max Bellerive, des ministres du gouvernement et le Conseil électoral provisoire.
Sont également prévues des rencontres avec les partis politiques, les organisations de la société civile et le secteur privé des affaires.
Albert Ramdin affirme que "ces consultations permettront à l’OEA de fournir une meilleure assistance dans la planification, la préparation des élections, conjointement avec les interlocuteurs internationaux importants".
Enfin, le dirigeant de l’OEA ajoute que d’autres thèmes de premier plan seront abordés au cours de la visite comme les opérations concernant l’établissement d’un registre d’état civil, le lancement d’un projet de modernisation cadastrale, les méthodes visant à faire progresser la bonne gouvernance ainsi que la création de programmes de renforcement institutionnel.
L’opposition démocratique conteste la légitimité de l’actuel Conseil électoral provisoire et accuse le régime du Président René Préval de vouloir organiser des "élections sur mesure" dans un contexte post-séisme marqué notamment par la difficulté de reconstituer le registre électoral national après la mort de plus de 200.000 personnes, dont de nombreux électeurs potentiels.
Le chef de l’Etat vit les derniers mois de son règne avant l’expiration, le 7 février 2011, de son second et denier quinquennat. spp/Radio Kiskeya
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Haïti-Parlement-Etat d’urgence
Une première manche pour Préval, les Députés votent massivement la prolongation de l’état d’urgence
Les représentants du pouvoir se frottent les mains ; tentant de donner le ton, le Sénateur Youri Latortue annonce une "rude bataille" au Sénat où un bloc de 13 serait prêt à faire barrage à une loi jugée "inconstitutionnelle" et "irrecevable"
jeudi 8 avril 2010,
La Chambre des Députés a approuvé jeudi par 43 voix pour, six contre et trois abstentions le projet de loi sur la prolongation de 18 mois de l’état d’urgence post-séisme et la création de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), un pas important franchi dans le cadre du très controversé processus de reconstruction initié par l’Exécutif avec une présence imposante de la communauté internationale.
Auparavant, l’assemblée des Députés, où les représentants du nouveau parti présidentiel Inite constituent une forte majorité, avait entériné le rapport de la commission spéciale chargée d’analyser la version modifiée de la loi sur l’état d’urgence.
A l’issue de cinq heures de débats, Inite a imposé ses vues et a voté massivement, avec de légères modifications, le texte qui vise à accorder à l’Exécutif, et à travers lui à la CIRH, le droit de conduire la politique de la nation et de gérer les fonds publics sans avoir aucun compte à rendre pendant 18 mois.
Cette période coïncidera avec l’exercice du mandat de la CIRH qui, sous la co-présidence de l’envoyé spécial de l’ONU et ex-Président des Etats-Unis, Bill Clinton, et du Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, aura la haute main sur l’enveloppe de 5,3 milliards de dollars promise par les partenaires internationaux à titre d’aide à court terme à la reconstruction du pays. Une partie d’un montant global de 9,9 milliards de dollars sur plus de trois ans annoncé la semaine dernière à la conférence de New York.
Après l’échec d’une tentative d’infirmer le quorum et le rejet d’une proposition du Député Frantz Robert Mondé sollicitant des explications du Premier ministre Bellerive sur la gestion douteuse de 197 millions, puis 163 millions de dollars, consacrés à des fonds d’urgence, les élus opposés à l’inititative du Président René Préval ont dû se rendre à l’évidence.
A l’arrivée, dans un ultime baroud d’honneur, seuls six Députés se sont prononcés contre une extension à 18 mois de l’état d’urgence jugée "scandaleuse" et "dangereuse" pour l’avenir de la démocratie et du pays. Steven Benoît (Pétion-Ville, Ouest), Esdras Fabien (Carrefour, Ouest), Féquière Julien (Union/Arcahaie, Ouest), Ronald Etienne (FRN/Pestel-Beaumont, Grand’Anse, sud-ouest), Arsène Dieujuste (MOCHRENA/Gonaïves, Artibonite, nord) et Jean David Génesté (Alyans Demokratik/Cayes-Ile-à-Vaches, Sud) ont tenu à marquer leur territoire même s’ils se savaient trop peu pour pouvoir endiguer les vagues des zélés Députés pro-gouvernementaux.
En réaction, le président de la Chambre basse, Louis-Jeune Levaillant, membre de l’état-major de Inite, s’est déclaré satisfait du vote qui, de son point de vue, donnera au gouvernement et à la communauté internationale les moyens de faire face à la situation de crise exceptionnelle que vit le pays depuis le tremblement de terre.
M. Levaillant s’apprête à adresser une correspondance à son homologue du Sénat,Kély Bastien, pour l’informer de la décision de l’assemblée et transférer la loi telle que votée au Grand Corps qui devra à son tour se prononcer sur le document.
Présent jusqu’au vote final, le ministre chargé des relations avec le Parlement, Joseph Jasmin, a qualifié la séance de "démocratique" et la décision des Députés de "début d’espoir" pour les nombreuses victimes du séisme dont la rue est devenue le lieu de résidence.
Cependant, au Sénat où tout va se jouer, le rapport de force politique est loin d’être favorable pour l’instant à l’Exécutif qui a besoin impérativement de 16 voix pour faire passer cette nouvelle loi sur l’état d’urgence.
L’un des chefs de file de l’opposition, le Sénateur Youri Latortue (AAA/Artibonite, nord), a annoncé les couleurs peu après le verdict des Députés. Il affirme que son bloc qui compte 13 membres cherchera coûte que coûte à déclarer "irrecevable" la tentative du pouvoir de faire avaliser une loi conçue en violation flagrante de la constitution et visant à mettre le Parlement sur la touche.
Exprimant le souhait de rencontrer le chef de l’Etat autour son initiative, M. Latortue estime qu’il aurait pu nommer les membres de la Commission intérimaire par arrêté présidentiel sans solliciter l’approbation des deux Chambres législatives.
En attendant la séance cruciale qui devrait se tenir mardi prochain, le camp gouvernemental semble ne pouvoir officiellement compter que sur le soutien de 13 Sénateurs.
Mais, d’ici là, toutes les tractations demeurent possibles et des revirements spectaculaires aussi.
Conisdérée comme une "mise sous tutelle déguisée" d’Haïti, la création de la CIRH, intimement liée à l’état d’urgence nouvelle version, est rejetée dans une large partie de la classe politique et de la société civile.
Une quarantaire de partis et organisations ont, dans une déclaration commune, lancé une levée de boucliers contre la "politique immorale et illégale" de René Préval, lui-même déterminé à poursuivre sa route à dix mois de l’expiration de son mandat, le 7 février 2011. spp/Radio Kiskeya
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Haïti-Etat d’urgence-Parlement
Un Sénateur propose que le Parlement "disparaisse" pendant 18 mois
Selon Wencesclass Lambert, l’un des représentants du parti officiel Inite, cette formule aura la vertu de permettre aux parlementaires d’entériner le "projet de loi inconstitutionnel" sur la prolongation de 18 mois de l’état d’urgence en vue de donner les pleins pouvoirs nécessaires à la CIRH chargée d’assurer la reconstruction du pays ; l’ex-Premier ministre Rosny Smarth monte au créneau et dénonce "l’indécence" de l’Exécutif
mercredi 7 avril 2010,
Le Sénateur Wencesclass Lambert, de la nouvelle coalition présidentielle Inite, a déclaré haut et fort mercredi qu’il était prêt à approuver une "mise en veilleuse pour 18 mois" du Sénat de la république afin de permettre à la Commission mixte intérimaire haïtiano-étrangère de trouver des réponses aux besoins urgents de la population, dans le cadre de la nouvelle loi sur l’état d’urgence proposée par l’Exécutif.
Ce projet de loi très controversé, prévoyant une période de 18 mois au cours de laquelle le Parlement ne pourrait exercer aucun contrôle sur la gestion des fonds publics et la politique du gouvernement, doit faire l’objet d’une séance qui risque d’être agitée jeudi à la Chambre des Députés.
Tout en reconnaissant que le texte soumis aux deux Chambres est inconstitutionnel, Wencesclass Lambert, l’un des élus du Sud-Est, se dit "obligé" de lui accorder un vote favorable. Même si ce faisant, il renoncera à sa mission de parlementaire.
Pour lui, c’est le seul moyen capable d’assurer au gouvernement Préval/Bellerive l’aide de la communauté internationale à la reconstruction d’Haïti dévastée le 12 janvier par un puissant séisme.
Le Sénateur Lambert précise qu’une fois la loi de l’état d’urgence votée, la CIRH sera libre de piloter à sa guise le processus de reconstruction, les parlementaires ne disposant d’aucune provision légale pour questionner l’action des dix étrangers membres de la commission.
A contrario, le Sénateur Andris Riché (OPL/Grand’Anse, sud-ouest) rejette catégoriquement l’initiative de l’Exécutif qui, selon lui, ne vise qu’à ouvrir la voie à la dilapidation par une famile politique de l’aide internationale promise.
Tandis que la polémique fait rage à la Chambre basse à la veille de la séance, l’ancien Premier ministre de René Préval, Rosny Smarth, (1996-1998), a qualifié "d’indécence" une éventuelle reconduction pour 18 mois de l’état d’urgence. Pour justifier son opposition catégorique à ce projet jugé anti-démocratique, il a mis en avant la suppression des garanties constitutionnelles relatives aux libertés fondamentales et une mainmise totale sur les finances publiques que l’Exécutif mettra à profit lors des prochaines élections.
Gestionnaire plénipotentiaire des 5,3 milliards de dollars qui seront alloués à la reconstruction au cours des prochains 18 mois, sur une aide globale de 9,9 milliards annoncée la semaine dernière, à la conférence de New York, la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti aura à sa tête l’émissaire spécial de l’ONU et ancien Président américain Bill Clinton et le Premier ministre Jean-Max Bellerive.
Au terme de son mandat, elle cèdera la place à une nouvelle entité dénommée Régie de développement d’Haïti (RDH). spp/Radio Kiskeya
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Dimanche, 11 avril 2010 11:24
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René Préval à camp Corail
«Y'a plein de poussière, y'a rien», dit Johanna, en découvrant avec sa mère et ses deux soeurs le premier camp de déplacés ouvert samedi par l'ONU, leur nouveau domicile. «C'est pourquoi des engins sont en train de compacter la poussière», explique le Président René Préval, en pointant du doigt des bulldozers et des rouleaux compresseurs en train de déposer et tasser du remblais. «Des rues et des infrastructures seront construites. Une vraie communauté» assure-t-il. Réfugiée depuis la catastrophe, au golf de Pétion-Ville, sur les hauteurs de Port-au-Prince, la famille Archiles était en danger, comme environ 7.500 personnes de ce camp de quelque 50.000 sinistrés, l'un des sept de la capitale dévastée jugés à hauts-risques par l'ONU. Leur abri de fortune avait été érigé dans une zone susceptible d'être emportée par des coulées de boues ou de subir un glissement de terrain. N'ayant nulle part où aller, elles ont accepté de partir à 20 km au nord de la ville, là où les Nations unies et l'armée américaine viennent d'aménager un camp capable d'accueillir 8.000 personnes dans l'immédiat. À leur descente du bus, des haïtiennes expriment leurs inquiétudes. «C'est la première fois que des gens vont vivre ici. Comment va-t-on travailler ?», s'interroge Eunite Pierre-Paul, 23 ans, esthéticienne avant le séisme. Sa mère elle est marchande de légumes. Pour le moment, seules quelques douches, des latrines et une vingtaine de longues tentes blanches ont été installées. L'école est en travaux, l'aménagement du camps n'en est qu'à ses début. Dans la journée de dimanche, plusieurs centaines de sinistrés du golf, volontaires au départ, rejoindront le site, et ainsi de suite pendant dix jours, précise le major brésilien Yvon Werneck, qui travail sur ce projet depuis un mois. Tous ceux qui resteront deux semaines recevront 50 dollars. Venu inspecter les travaux, le général Ken Keen, qui dirige les troupes américaines en Haïti, est interpellé par un habitant du camp faisant face à Corail. «Vous devez faire la même chose pour nous. J'ai sept enfants, mais rien pour les nourrir ni pour les envoyer à l'école», dit-t-il au haut-gradé, par l'intermédiaire d'un officier de l'US Navy parlant créole. «C'est tout à fait légitime. Il faut en parler aux autorités locales. Mais vous devez comprendre que l'on essaie de trouver des solutions pour ceux dont la vie est en danger à Port-au-Prince», explique le général. Les Archilles avoir découvert leur nouveau domicile, ont retrouvé le sourire. «Bienvenu chez nous!», lance Johanna, 18 ans, pendant que sa petite soeur de 8 ans se cache dans la chambre de l'abri de toile et que l'aînée attend avec impatience la distribution de nourriture. N/ Radio Métropole Haïti |
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