Éditorial
Ras-le-bol !
Le séisme du 12 janvier a assené le dernier coup de pioche fatal à ce qu'il restait de Port-au-Prince. Notre capitale était devenue une sorte de poubelle à ciel ouvert. En fait, ce tremblement de terre n'a fait qu'apporter une signature naturelle à un acte de décès dressé par les habitants de la ville eux-mêmes et ses gestionnaires successifs depuis 1986. Cette descente ininterrompue aux enfers est à inscrire dans l'ordre des dommages directs et collatéraux de l'incurie et de la mal gouvernance. Les élites militaires putschistes, la gent lavalassienne et cette ribambelle d'objets politiques volants non identifiés de l'ère post-duvaliérienne n'ont fait que se servir grassement, mais non servir gracieusement.
De l'État central aux municipalités, la République dans son entièreté, une et indivisible, périclitait. Jusqu'à l'actuelle dislocation. Désastres transversaux. Marasmes multisectoriels.
Absence de vision ? Incompétence ? Quelle qu'en serait la cause, le bilan de ceux-là qui se disputaient et se tuaient pour le contrôle des vestiges de l'État bancal et atrophié duvaliérien est là. Repoussant. Et catastrophique. Nous en avons eu pour notre compte ! Et avons surtout beaucoup perdu. La crise de gouvernance et l'inconséquence des élites dirigeantes ont induit d'autres phénomènes - gabegies, surpopulation, insalubrité et déficit de planning urbain - lesquels relèvent de facteurs médiats générateurs de distorsions, de tensions et de déséquilibres au même titre que d'autres causes plus profondes et matricielles. Le pays et sa capitale implosaient parce que médiocrement administrés.
Et Port-au-Prince a vécu. Mais faut-il nécessairement que nous perdions Pétion-Ville dans la foulée ? La ville étouffe. Ses résidents sont comme devenus assiégés. Elle a accueilli les sinistrés de Port-au-Prince. Ses grands négociants. Ses sauterelles du commerce informel. Ses plaies. Ses tares. Et des criminels de tous ordres. Nous assistons au démantèlement de cette ville. Des petits marchés comme des champignons sauvages. Des campements de fortune mal entretenus. Atmosphère ambiante pestilentielle. Toilettes mobiles non curées. Des piles de résidus ici et là. Baignades en plein air d'enfants et de femmes nus comme à l'âge de la pierre taillée. Du monde. Eh oui du monde ! De la foule. Une vaste ruche d'abeilles folles. Circulation automobile et piétonne paralysée. Ni jour ni nuit. Uniformité, verticalité et linéarité de l'expérience humaine dans cette galère en déconfiture et cette cité des tentes qu'est devenue l'une des plus belles villes d'Haïti, voire des Caraïbes. Pourquoi doit-on consentir à ce que nos villes s'écroulent en cascade sous le poids de l'anarchie et qu'elles disparaissent comme Port-au-Prince, selon l'effet domino, en tant que centres urbains plus ou moins modernes?
Tout n'est pas à mettre sur le compte du séisme dans le cas de Pétion-Ville. La municipalité devrait avoir des comptes à rendre. Aussi bien de sa gestion que de ses plans d'aménagement et de réaménagement de l'espace pétion-villois. Le pouvoir central doit s'en mêler. Il faut relocaliser les sinistrés dans des centres d'hébergement moins précaires, mieux structurés et surtout pensés pour des êtres humains. Pétion-Ville est en train d'agonir de ses mille et une misères. Elle ne peut tolérer en plus du laxisme dans l'administration de ses édiles. Encore moins, un État central démissionnaire. Il y a ras le bol !
1 commentaire:
daly valet , pawol sa yo sanble pawol nazi . ou se yon extrem dwat . ou siman di domaj m pa gen gaz ...
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