À l'invitation de la direction départementale Nord de la Protection civile, des acteurs locaux et internationaux se sont réunis au Cap-Haïtien,le 8 et 9 avril dernier, en vue d'élaborer le plan de contingence 2010. qui doit permettre de définir l'ensemble des dispositions à prendre en prévision d'une catastrophe afin d'en atténuer les effets.
Une trentaine de personnes ont participé aux travaux, dont des personnalités représentant des organismes internationaux comme la MINUSTAH, l'OXFAM et la World Vision, d'institutions publiques telles les ministères de l'Education nationale, de la Planification et celui des mines, la Police nationale d'Haïti (PNH) auxquels se sont joint des autorités locales. Ce nouveau plan de contingence pour le département du Nord doit remplacer celui de 2009, car, ce dernier n'avait pas pris en considération les risques sismiques et leurs conséquences. A titre d'exemple, les bâtiments identifiés ne respectent pas les normes parasismiques ou ne présentent pas de garanties contre des catastrophes comme les tsunamis. Pour établir leurs prévisions, les participants tablent sur une population forte de 500.000 personne habitant la ville du Cap-Haitien et ses banlieues. Et selon les projections, les pertes en vies humaines, dans l'éventualité d'un séisme majeur, s'élèveraient à 80%. Une situation qui serait imputable à l'exigüité des rues et des bâtiments de la ville ainsi qu'à l'anarchie constatée au niveau des bidonvilles. Pour les participants, un tsunami accompagnant un éventuel séisme pourra engendrer une inondation prolongée. Car la ville du Cap-Haitien est déjà exposée à l'inondation suite à toute augmentation du niveau de la mer ou à une pluie diluvienne. Toujours selon les participants, les répliques qui suivront ne peuvent qu'être mortelles, parce que toutes les structures de réponse de l'Etat se situent dans des zones totalement vulnérables. «On ne pourra pas compter sur les maigres moyens du ministère des travaux publics pour commencer à déblayer les rues et apporter les secours aux survivants ou aux personnes se trouvant sous les décombres. Car les équipements du ministère sont gardés à l'extérieur de la ville», a fait remarquer un participant. Une situation liée au fait que tout est concentré à la capitale. «A cause de la centralisation, toutes les ressources nécessaires au développement des départements, villes, communes et sections communales du pays, sont limitées. Ceci voue à l'échec toutes les actions liées au développement» , a fait remarquer un jeune cadre du ministère des Finances. Et le délégué départemental, Georgemain Prophète, de souligner que la volonté de Port-au-Prince de tout contrôler ne permet pas aux autorités locales d'apporter les solutions nécessaires aux difficultés rencontrées au niveau de la région. «Malgré le déficit en ressources humaines et matérielles dont souffre la région, nous savons tout ce qu'il faut faire pour éviter le pire. Mais Port-au-Prince garde tout et ne lâche rien, prétextant que nous n'avons pas besoin d'argent pour résoudre les problèmes», déplore-t-il. Le plan de Contingence 2010 préconise des mesures urgentes pour réduire les pertes en vies humaines. Au nombre des mesures, l'acquisition de matériel de déblayage rapide constitue une urgence pour la ville. Il exige également la disponibilité d'informations scientifiques, la sensibilisation continue du public, la tenue des séances de formation dans les écoles et dans les lieux de culte, l'organisation d'exercices de simulation (sortie de secours) ainsi que la médiatisation des campagnes de sensibilisation et des exercices, entre autres. Certaines mesures pourront s'avérer drastiques, prévient la coordinatrice du Ministère à la condition féminine, Marie Gislhaine Mompremier. «Mieux vaut amputer certains bâtiments de plusieurs étages que d'amputer la majorité de la population suite à un tremblement de terre», dit-elle. Cependant, l'élaboration du plan ne semble pas rassurer tous les acteurs. Plusieurs observateurs, dont des participants, craignent en effet que malgré son existence, dans l'éventualité d'une catastrophe, «les autorités se mettent à improviser sur tous les points». Ils reprochent à ces dernières leur lenteur à apporter une réponse efficace aux victimes du 12 janvier venues de Port-au-Prince se réfugier dans le département. Pour certaines personnes, l'échec éventuel du plan pourrait découler d'un manque d'implication des autorités locales et des responsables des institutions publiques. Elles en ont pour preuve l'absence à cette séance des autorités municipales, des représentants des TPTC et de nombreuses autres institutions publiques. Des acteurs qui, en temps de crise, sont pourtant primordiaux au niveau de la chaine décisionnelle. Louicius M. Eugène, Radio MINUSTAH.
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