Un an après le séisme en Haïti - L'éducation pour transformer «Ayiti chéri»Le frère Armand change les mentalités grâce à son modèle scolaire innovateurPhoto : François Pesant - Le Devoir Le frère Franklin Armand a consacré sa vie à changer les mentalités et à faire évoluer Haïti. «Nous croyons que les connaissances doivent passer de la tête aux mains et à nouveau des mains jusqu'à la tête.» Port-au-Prince — À Petite Place Cazeau, dans l'ouest de Port-au-Prince, l'École du foyer de l'Incarnation est déclarée zone sinistrée. Fissurée de partout, la structure de béton s'est en partie effondrée lors du séisme il y a un an, ne faisant aucun mort — «Dieu merci!». Il était 16h53 et la plupart des enfants étaient sur le chemin du retour à la maison. «Je suis restée sans bouger», raconte Love Darling Gustave, une élève du primaire. «J'avais peur du goudou goudou [tremblement de terre].» Sains et saufs, les enfants en gardent pourtant de graves séquelles. Certains n'ont plus de maison et dorment dans des tentes. «C'était difficile pour les enfants. Ils sont fragiles. Mais ils ont eu un accompagnement psychologique», explique le frère Franklin Armand, qui gère l'école à travers la congrégation des Petits Frères et Petites Soeurs de l'Incarnation. Pourtant, à peine quelques jours après le tremblement de terre, il a rouvert l'école de Port-au-Prince. «Il fallait clôturer l'année. Je ne pouvais pas laisser les enfants», souligne le frère Armand, qui est basé à Hinche, où il a de nombreux projets, notamment en lien avec l'eau. Les enfants du primaire ont eu droit à des classes en plein air, à l'ombre des arbres ou assis à des pupitres installés dans la cour, sous des bâches. Entré en religion il y a 45 ans de cela, le sexagénaire a consacré sa vie à changer les mentalités et à faire évoluer son «Ayiti chéri». Doté d'un optimiste inébranlable, il voit dans le séisme une occasion de tout recommencer à zéro et de réformer le système d'éducation. Dans l'un des pays les plus pauvres de la planète, moins de 10 % des écoles sont publiques. Et le ministère de l'Éducation n'a que très peu de ressources, soutient-il. La perle retrouvée À l'heure de la visite du Devoir, les enfants quittent l'école et un groupe de jeunes «échangent des idées» sous les palmiers. L'air est frais et bon. Le bruit infernal de la ville, inaudible. Le domaine est une oasis de paix comme il ne s'en trouve nulle part à Port-au-Prince. La perle des Antilles retrouve ici son lustre. «Tout le monde se surprend en arrivant ici», lance-t-il en riant. Cinq bassins de pisciculture servent à l'élevage des tilapias et des carpes. La basse-cour héberge des poules et des canards et pourrait fournir une armée en oeufs. Des cochons élevés biologiquement grognent dans un enclos à côté des champs d'aubergines et des jardins. Tout au fond, des ateliers — notamment de maçonnerie — font office de lycée technique. «On forme les enfants pour le bac classique, mais on leur donne aussi une formation technique sanctionnée par notre école privée», explique le frère Armand. Ce grand sage possède une philosophie bien à lui et voudrait faire des émules. «L'école est en opposition avec la réalité quotidienne. Les parents ne veulent pas envoyer leurs enfants au champ parce que ça leur rappelle l'esclavage», note-t-il. Mais dans les écoles du frère Armand, dont la plupart sont situées en zone rurale dans le centre d'Haïti, on fait cultiver une parcelle de terre aux enfants dès le primaire. Les récoltes vont à la cantine populaire. «Nous croyons que les connaissances doivent passer de la tête aux mains et à nouveau des mains jusqu'à la tête.» «En Haïti, on a plutôt un style d'institution à sens unique. Ce n'est pas partout qu'on invite les jeunes à créer, à inventer, déplore-t-il. Si Haïti doit sortir un jour de l'état dans lequel il l'est, c'est l'école qui va faire ça.» Et ce sont surtout les Haïtiens eux-mêmes qui vont le faire, se plaît-il à répéter. Frère Armand à la présidence? Six partis différents l'ont courtisé. Mais lui préfère nettement cultiver les fragiles fleurs de son jardin. _____________________________ Reconstruire... ou construire Haïti?L'avenir d'Haïti repose avant tout sur la construction d'un appareil politico-administratif haïtien responsable, essentiel à la mise en place d'infrastructures fonctionnelles et durables. Grégory Kudish Reconstruire. Réparer. Remédier. Ces trois verbes suggèrent la nécessité de revenir à quelque chose d'antérieur à une situation, à rebâtir ce qui était en place auparavant. Ces temps-ci, ces verbes sont employés ad nauseam en référence à Haïti. En particulier le verbe reconstruire. Or, ce choix terminologique pose un problème de compréhension politico-stratégique de la situation en Haïti: que comptons-nous reconstruire exactement? En effet, si l'on s'en tient aux données statistiques de la CIA antérieures au 12 janvier 2010, on peut dresser le portrait économique suivant d'Haïti: 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté; un taux d'analphabètes de près de 70%; un gouvernement recevant 80% de son budget de l'aide internationale; un taux de chômage de 60%; une espérance de vie de 29,93 ans à la naissance; 70% des enseignants détiennent un niveau de scolarité inférieur à la quatrième secondaire. Et on pourrait allonger cette liste pessimiste sur des pages et des pages... En Haïti, le problème ne tient pas au fait qu'un gouvernement autoritaire et tyrannique accable sa population sous des mesures économiques et politiques inhumaines. En Haïti, le gouvernement est tout simplement absent. Absent sur le plan économique, dans la mesure où il a toujours été dépendant de l'aide internationale. Absent sur le plan politique, dans la mesure où cet État peine à faire respecter les grands principes énumérés dans la constitution du pays, tel le droit à l'éducation gratuite.
Alors, quand on parle de reconstruire Haïti, que voulons-nous reconstruire exactement? Reconstruire un État incompétent? Reconstruire un système de production de misère humaine? Rebâtir des pseudo-institutions étatiques, incapables de répondre aux besoins de la population? Non. En Haïti, l'enjeu est plutôt de trouver un moyen de construire un vrai pays. Un pays doté d'un gouvernement responsable, autosuffisant, capable de répondre aux besoins de sa population sans avoir à toujours demander de l'aide aux pays étrangers. Cette vision pourrait paraître utopique, mais c'est la seule qui mérite d'être poursuivie. Jusqu'à ce jour, le travail de milliers d'ONG présentes sur le terrain ne fait qu'accroître la passivité du gouvernement haïtien. Les ONG reconstruisent des maisons, des écoles, des institutions publiques, ce qui n'arrange rien à la situation. En Haïti, ce n'est pas l'aide internationale qui manque au rendez-vous; c'est plutôt un système politique et administratif dysfonctionnel qui bloque la voie au progrès. L'avenir d'Haïti repose avant tout sur la construction d'un appareil politico-administratif haïtien responsable, essentiel à la mise en place d'infrastructures fonctionnelles et durables. Or, la mise en place d'un tel système ne peut se faire qu'avec une population éduquée, apte à s'impliquer dans l'édification d'un État responsable. Donner à la population une éducation scolaire complète et éliminer du pouvoir politique une élite oligarchique, indifférente à l'endroit des besoins de la population: tels doivent être les premiers vers la construction d'Haïti. ________________ Haïti: Une Heure sur terre (de RC) Exemple: (1): Un jeune investisseur fraîchement débarqué en Haïti, deux mois avant le séisme, a reçu un coup de téléphone des ravisseurs de son frère. Ils réclament 100 000,00$ US pour sa libération. Croyant à une blague de mauvais goût ou sous le coup de l'émotivité, ou encore, se croyant dans un pays de droit comme le Canada, tout est possible, il eut à répondre cavalièrement à son interlocuteur pour entendre pour toute réponse, l'espace d'une seconde, qu'une sèche détonation qui mit fin abruptement à la vie de son frère bien aimé. Sera-t-il condamné à être hanté par cette malencontreuse erreur toute sa vie durant, l'avenir seul en a la réponse. (2): Une citoyenne canadienne désireuse d'aider Haïti, s'est investie dans une coopérative agricole pour aider les habitants de Fond Baptiste à se prendre en mains après le 12 janvier 2010. Elle visitait Haïti depuis trente ans. Suite à ces démarches, elle a contacté l'ACDI (Agence Canadienne de Développement International) pour obtenir une subvention aux fins de son objectif. Elle ne l'a pas obtenu. Pourtant, l'agriculture en Haïti demeure le nerf de la guerre. Selon un proverbe chinois, « Mieux vaut montrer à pécher à quelqu'un au lieu de lui donner chaque jour un poisson ». Quelles idées se cachent derrière la stratégie de ces organismes étrangers? Pourtant, l'ACDI est actif en Haïti depuis des lustres et connait très bien la problématique du développement de ce pays. Tirez-en votre propre conclusion http://www.radio-canada.ca/emissions/une_heure_sur_terre/2010-2011/reportage.asp?iddoc=130835 Bonne vision. ADRESSE DE LA PAGE: http://www.radio-canada.ca/util/postier/suggerer-go.asp?nID=892707 ____________________ "La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles? Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle. WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.) |
dimanche 16 janvier 2011
Revue de la Presse francophone internationale sur la Reconstruction d'Haiti. (Courtoisie Marc Damord.)
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