dimanche 12 avril 2020

Épidémie #COVID19 : Comme les pays d’Asie, #Haiti doit utiliser ses capacités communautaires traditionnelles pour résister et survivre.-

Épidémie #COVID19 : Comme les pays d’Asie, #Haiti doit utiliser ses capacités communautaires traditionnelles pour résister et survivre.- (Texte de Cyrus Sibert)

Face au Coronavirus, l’occident utilise l’obsession anti-chinoise pour cacher la vérité : L’échec de leur philosophie “individualiste débridé” face au communautarisme.

Depuis quelque temps, des idéologues libéraux de l’occident brandissent l’anti-communisme pour occulter les bienfaits du communautarisme oriental en Asie. Avec la victoire du NOUS sur le JE, du GROUPE sur l’HOMME ISOLÉ de son origine parce qu’il a accès au MARCHÉ, crée un embarras. Cet échec cuisant du règne absolu des excès pervers des DESIRS INDIVIDUELS qu’ils imposaient en valeur universelle et globale, est humiliant au point de créer l’effondrement de toute une ingénierie sociale.

Car, en réalité, ce n’est pas seulement la Chine qui maitrise cette situation, ce sont tous les pays d’Asie où la Communauté garde encore une place importante dans la vie des gens, malgré les avancés techniques modernes et les échanges commerciaux, qui ont pu maîtriser rapidement l’épidémie. C’est le cas en Corée du Sud, au Japon, à Taiwan, Singapour, l’Asie en générale.

En parlant sans cesse de la Chine, ils cherchent à cacher le fait que le désastre actuel que nous observons dans les grandes villes occidentales est dû à l’isolement excessif des individus, coupés des supports communautaires qu’ils pourraient bénéficier en cette période difficile.

Pour exploiter excessivement l’homme, les dirigeants occidentaux l’ont exclu totalement de son groupe, l’isolant dans des appartements de grandes villes, avec l’idée qu’il pourra tout résoudre grâce au marché et au moyen de la finance symbolisée par les cartes de crédit.

Ils vous disent : "Ne vous en faites pas!" L’État moderne, les entreprises et le marché vous fourniront tous les biens et services que vous aurez besoin. La famille, votre groupe d’origine, votre collectivité de base n’ont plus d’importance. Il suffit de répondre aux critères des marchés de l’emploi, de la finance, des immobiliers et des biens de consommation.

Pourtant, à bien observer, les grands groupes qui dominent la finance, les grandes immeubles et les grandes entreprises de ce monde, font de la famille un pilier stratégique de résistance  de défense, l’émancipation, de solidarité et même de domination ; Les Rockefellers, les Rothschild sont des exemples. Même en politique, vous avez les BUSH, les CLINTON, les KENNEDY...

Aujourd’hui, parce que l’épidémie du CORONAVIRUS provoque l’effondrement des marchés et met à nu la faiblesse des États, l’individu se retrouve isolé dans les grandes villes occidentales et meurt en électron libre. 

Des dégâts économiques, les occidentaux s’en remettront. Mais, leur plus grand malaise, est l’effondrement de toute cette construction idéologique et philosophique, de tout ce système de valeurs qu’ils ont instrumentalisé depuis le mouvement des lumières, cette perversion du JE pour transformer TOUT en MARCHANDISES, en MONNAIE….donc la domination de la FINANCE sur la PERSONNE humaine, au nom des “jouissances existentielles”.

Si tous les pays de l’Asie réagissent mieux, c’est parce qu’ils n’ont jamais abandonné leurs structures communautaires et familiales pour se livrer sans réserve au marché. 

En ce sens, le peuple haïtien doit rejeter l'approche occidentale de prise en charge que le pouvoir et ses experts sont en train d’imposer, alors que nous savons pertinemment qu’ils n’ont ni les moyens, ni les techniques, ni les infrastructures hospitalières, ni le personnel qualifié, indispensables pour l’appliquer. 

Ce que nous observons à Los Angeles, à New-York, en Italie, en Espagne et en France, prouve les faiblesses de l’approche occidentale. 

Comme l’Asie, nous devons mettre à profit les structures communautaires et familiales qui nous restent. On ne peut pas se contenter de dire aux leaders religieux de rester chez eux. Car, en Haïti, ils sont capables d'aider la population à prendre conscience du danger, à apporter des conseils, tout en l’orientant vers le peu de système de soins disponible.

En ce sens, il faut intégrer les prêtres, les pasteurs et les vodouisants dans la sensibilisation, le signalement de cas et même la prise en charge dans certaines régions reculées du pays.


Dans les pays dits riches, les hôpitaux sont tellement dépassés qu’on demande aux personnes malades de rester chez elles et de prendre de la tisane, des anti-analgésiques comme Tylenol ou aspirine. En Haïti, nous devons nous préparer à prendre soin de nos malades avec les feuilles de la médecine traditionnelle. 

Car, il n’est pas dans notre coutume de laisser mourir nos proches sans assistance. La conception de la mort dans notre culture d’haitien, établit une forme de lien fort entre la famille et le défunt.

Quand j’étais enfant, j’ai observé dans les villages de province des familles qui aménageaient une maisonnette sur leur habitation (nan lakou) pour isoler un membre malade de tuberculose. A chaque levée du jour, on entendait la personne tousser. On lui livrait du thé, des médicaments, de la nourriture, en prenant des précautions d’usage; mais elle était là, à proximité de sa famille qui prenait soin d’elle. 

L’esprit marchand qui a fait croire qu’on peut tout acheter : la santé, la vie, l’amour, la fidélité ou l’engagement, nous empêche de comprendre que l’homme est mortel et qu’il est naturel qu’il meurt. La conception de la vie et de la mort n’est pas la même. C’est ce qui explique les difficultés de faire respecter le confinement dans les pays où il existe encore quelques croyances orientales ou transcendantales. Ces croyances qui nous permettent de jouir de “la naive joie d’exister”, de vivre, d’affronter la mort et les dangers de la vie, d’étonner le monde par nos initiatives passionnantes et illogiques comme la Guerre de l’Indépendance, la Bataille de Vertières, notre décision de fonder un État d’anciens esclaves noirs, dans un monde esclavagiste et raciste.

Notre force se trouve parfois dans cette naïveté qui nous pousse à tout rejeter pour embrasser notre communauté dans un esprit de solidarité face aux épreuves de la vie.

Chez nous en Haiti, tout est différent. Et cette différence constitue notre identité haïtienne  Même la pratique de la médecine n’est pas la même entre l’occident et l’orient. Car, si en occident on met l’accent sur le temps de consultation, les appareils électroniques et l’argent, chez nous, il existe une complicité entre le soignant et son malade. Et, cela me manque personnellement. Ailleurs, le médecin ne vous connait pas, il n’a pas le temps de vous parler ni de construire un lien avec vous. Certes, certains médecins haïtiens de la diaspora essayent d’être plus humains, mais ils sont souvent pressurés par les exigences du système qui leur rappelle sans cesse “Time is money”. 

Alors, il faut libérer la médecine haïtienne de l’obsession de l’État haitien à centraliser la prise en charge des malades du #coronavirus pour faire plaisir aux diktats de certains experts internationaux. Nous avons notre façon à nous de faire face à ce genre de situation. La médecine haïtienne, la médecine traditionnelle et nos systèmes communautaires ont connu pire. Lors de la grippe espagnole en 1918, ce sont eux qui avaient accompagné les malades, encadré les familles dans leur deuil, résisté et assuré la continuité nationale.

Aujourd’hui, face à cette épidémie, il serait mieux d’organiser des séminaires pour les médecins et infirmières sur les mesures à adopter pour se protéger, et d’importer officiellement les médicaments et équipements qu’ils pourront utiliser pour soigner les malades.

Tout ce beau spectacle de l’État central d’Haïti qui organise TOUT, qui contrôle TOUT, va exploser comme un château de cartes avec des conséquences inimaginables.

Il faut cesser de se comporter comme les singes des occidentaux. Soyons nous-même, faisons comme ces pays d’Asie qui ont utilisé les moyens endogènes dont ils disposent, suivant leur conception indigène, pour réagir rapidement, au lieu d’attendre le BLANC et/ou de s’abandonner au baby-sitting international.


Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
#LeReCit @reseaucitadelle 
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12 Avril 2020
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