Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti. Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : http://www.reseaucitadelle..blogspot.com/ Le discours du président René Préval à l'occasion de la commémoration de la mort de Jacques Dessalines, le père fondateur de la République D'Haïti, le 17 octobre 2009, à Marchand Dessalines, est une pièce importante pour se faire une idée en prévision du jeu politique de l'année électorale 2010. Les mots et groupes de mots suivants ont été choisis et répétés : instabilité, stabilité, départ des forces étrangères, forces étrangères, prospérité. Dans le reportage de Radio Métropole sur le discours du Chef de l'Etat nous soulignons : « l'incapacité de la PNH à assurer la sécurité publique », « la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah) demeurera dans le pays aussi longtemps que cette situation perdurera », « la présence des troupes onusiennes est la conséquence des troubles politiques de ces dernières décennies », « l'Etat ne peut assurer la sécurité des citoyens », « comportement d'irresponsable », « la mission onusienne n'est pas une force d'occupation », « le climat de stabilité politique est une condition essentielle au progrès économique » (1).Le chef de l'Etat en a profité pour comparer des temps distincts dans la vie nationale : 1991 à 1996, 1996 à 2001, 2001 à 2006, 2006 à 2010. D'entrée de jeu le Président de la République rappelle que l'armée d'Haïti avait sombré le pays dans l'instabilité avec le coup d'Etat de 1991. De cette situation d'instabilité, des troupes étrangères ont foulé le sol national, la terre de Dessalines. [Il n'a pas fait mention de l'entêtement d'Aristide dans des voies irrationnelles et irréalistes.] De 1996 à 2001, donc durant son mandat, la stabilité était une réalité. Les troupes étrangères avaient quitté Haïti. [Ici non plus il n'a rien dit de la manœuvre d'Aristide à mobiliser ses bases pour le pressurer dans le sens du départ de la MINUSTAH en 1998 afin de lancer son opération de fraudes massives le 21 Mai 2000 avec le soutien de la Police Nationale.] De 2001 à 2006, soit durant le mandat du Président Jean-Bertrand Aristide, le pays a connu une période d'instabilité. Conséquences, les forces étrangères sont revenues. [Il a toujours évité de signaler que les troupes étrangères ont envahi le pays sous la demande de Jean-Bertrand Aristide, obsédé par le pouvoir absolu.] Avec son second terme – 2006 -2011, nous revivons la stabilité. Le pays fait des progrès. Du renforcement de ce climat de stabilité, les troupes étrangères quitteront le territoire national. [A une date hypothétique] L'intervention du Chef de l'Etat qui est basée sur des faits est une plaidoirie en faveur de la continuité de son régime. Le seul capable de stabiliser Haïti, le seul capable de comprendre l'importance du travail de la communauté internationale en Haïti. Récemment René Préval avait lancé à la tribune des Nations Unies un appel en faveur de la solidarité internationale. Le terme utilisé par le chef de l'Etat est : Globalisation de la solidarité. Alors que des acteurs de la scène politique s'amusent à lancer des initiatives contre la présence de la MINUSTAH en Haïti, René Préval se positionne en interlocuteur de la communauté internationale, seul capable de continuer le travail en cours. Il fait preuve de ''survie politique''. Il joue mieux que ceux qui cherchent à isoler la MINUSTAH, encore plus performant que les partis politiques corrompus qui récemment pataugeaient dans la corruption avec les profiteurs du statu quo et aujourd'hui se déclarent dans l'opposition.
Il ne lui reste qu'à trouver un consensus international autour du projet politique de son régime pour catapulter son poulain au devant de la scène comme sauveur de la stabilité. Le Chef de l'Etat et ses conseillers ont bien compris l'erreur de ceux qui se positionnent en fauteurs de trouble, ceux qui cherchent à isoler la MINUSTAH. En plus de ne pas pouvoir se comparer à la force politique du régime en place, ils sont entrain d'attaquer un élément important de l'échiquier politique qui pourrait être utile pour neutraliser le pouvoir en place des ses manœuvres électorales.. Pourtant, nous avons fait des recherches sur des milliers textes publiés depuis 2004, nous avons été surpris de constater que ceux qui aujourd'hui appellent à la désoccupation étaient comme Préval anti-FADH. Ils nous prenaient pour des « militaristes », alors qu'il était clair que sans une force armée nationale, le pays serait toujours dépendant des forces étrangères. La réforme judicaire, à aussi été négligée. En lieu et place de réforme administrative, des leaders profitaient de leurs positions d'influence pour régler leurs affaires personnelles. C'est là le problème en Haïti : On ne prévoit pas. Nous avons revu tous les arguments utilisés pour ne pas accepter la reconstitution d'une armée nationale. Alors qu'au Liberia, en Irak, en Afghanistan, au Liban et ailleurs les forces internationales ou l'ONU aide à construire des armées, en Haïti la classe dirigeante n'en voulait pas. Finalement, elle avait accepté l'idée d'une armée de boyscouts agents forestiers, pas de militaires professionnels entrainés à défendre l'Etat. Aujourd'hui René Préval le dit : L'Etat d'Haïti n'est pas en mesure de défendre ses citoyens. L'anti-FADH de Préval et tous les dirigeants Lavalas n'est rien d'autre qu'une volonté d'avoir un Etat affaibli vulnérable aux gangs et donc dépendant des forces étrangères. Aussi devrions nous demander pourquoi deux promotions de la police, environ 1,500 policiers, travaillent sans armes de service. Infantilisme politique, la classe dirigeante haïtienne croyait que la MINUSTAH allait être à ses services. Le Groupe 184 et d'autres représentants de la Société civile (embourgeoisé) allaient même organiser un sit-in à Bourdon pour demander l'intervention des forces de l'ONU contre les gangs qui terrorisaient la capitale. Le dossier des militaires démobilisés et le débat autour de la nécessité d'une armée nationale n'était pas permis. Les grands médias de la capitale avaient imposé la censure. La pensée unique n'acceptait aucune argumentation en faveur des FADH. Des intellectuels journalistes en Haïti comme à l'étranger ignoraient volontairement les faits pour défendre l'idée que la MINUSTAH est tout ce qu'il faut. Pas besoin d'une armée nationale. Avec René Préval, ils encensaient les forces de l'ONU. Alors comment ne pas être prudent quand aujourd'hui, ceux qui refusaient de donner les médicaments prescrits au malade-Haïti, font des excès de zèle d'amour nationaliste anti-MINUSTAH. Nous avions dit durant les 5 années passées qu'il fallait rétablir une armée nationale pour mieux donner à l'Etat haïtien sa liberté d'action en terme de sécurité nationale – car le retrait des forces brésiliennes a été une menace pour forcer le gouvernement de transition et le CEP à accepter l'acclamation de René Préval en 2006 sans un second tour, il fallait réformer la justice pour éviter que les conflits soient réglés par la violence des rues, il fallait imposer une bonne gouvernance pour que le peuple puisse voir le changement dans des réalisations capables d'améliorer sa vie. On ne voulait pas d'une armée nationale. Aux yeux des leaders, c'était mieux de traiter avec des étrangers. Maintenant, voyant que le pouvoir en place s'adapte bien aux objectifs de la MINUSTAH, on lance des actions désespérées et contreproductifs, vu qu'elles tendent à faire passer Préval pour un stabilisateur civilisé et ses opposants pour des fauteurs de trouble. A quelques mois des élections présidentielles de 2010, si cette campagne anti-MINUSTAH viserait à exiger la neutralité de la Mission de l'ONU, ce serait une bonne chose. Mais dans ce cas, il faut aussi avoir le courage de demander aux Etats-Unis de ne pas s'ingérer dans les affaires internes d'Haïti. Il est clair que l'Ambassade des Etats-Unis, comme celles de la France et du Canada n'ont pas besoin de la MINUSTAH pour dicter leurs ordres aux dirigeants haïtiens. Leurs forces multinationales envahissent Haïti à volonté. Souvent, elles demandent à des chefs d'Etat haïtiens – civils ou militaires - d'abandonner le pouvoir. Elles ont même extirpé un président en exercice. Les récentes déclarations de l'Ambassadeur des Etats-Unis en Haïti Kenneth Merten, le lundi 19 octobre 2009, à un dîner de bienvenue offert en son honneur par la Chambre de commerce haitiano-américaine à l'Hôtel Montana, est une preuve que cet argument souvent utilisés par Emmanuelle Gilles dans des Forums politiques est de poids. Encore sur www.lenouvelliste.com nous lisons: « Kenneth Merten a décerné des satisfecit au président René Préval et distribué des claques à la classe politique accusés de se préoccuper de ses agendas personnels. Des hommes politiques voient rouge et ripostent à boulets rouges aux critiques du diplomate américain. » (3) Sans démagogie, il faudrait d'abord une pétition contre l'ingérence de ces pays et aussi ne plus accueillir leurs millions comme support au budget national. Une situation vraiment complexe dans notre situation actuelle. C'est la bonne compréhension de cette situation confuse chez les opposants qui permet au Régime en place à planifier l'après-Préval-toujours-preval. Comme les agents agitateurs de François Duvalier savaient fourvoyer les leaders à partir de mouvement mort né, aujourd'hui, à torts ou à raison, nos amis perdre leur temps dans des pétitions contre la MINUSTAH, faisant le jeu du régime en place. Le représentant du Président Obama en Haïti, par ses déclarations, vient de confirmer notre thèse paru dans trois textes sur les forums et sur le Blog Réseau Citadelle http://www.reseaucitadelle.blogspot.com/ : a) Une demi vérité : ''Sans sécurité pas d'investisseur''. (4) b) Mes commentaires sur la visite de Bill Clinton dans le Nord. (by Cyrus Sibert) (5) c) De Cyrus Sibert (C.S.) à Dore Guichard (D.G.). : Le momentum de Bill Clinton. (6)Le gouvernement sera de plus en plus perçu comme un acteur réaliste capable de comprendre le langage de la communauté internationale, alors que les opposants à l'intérieur comme à l'extérieur se positionnent en fauteurs de trouble. Apres avoir enrichi son clan et retourner les chefs de Gangs et les leaders de base à son service, René Préval se positionne en stabilisateur faisant de la MINUSTAH un élément stratégique pour la continuité de son régime. Donc logiquement, ceux qui appellent au départ de la MINUSTAH tout en ayant négligé de défendre le rétablissement de l'armée, la réforme de la justice et la bonne gouvernance seraient des déstabilisateurs. Il est temps pour ces derniers de changer de stratégie afin de rétablir un certain équilibre politique! ______________________ Notes : 1 - Préval justifie la présence des troupes onusiennes http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=15946 2- Haïti: Préval s'offre les collectivités territoriales. http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=75336&PubDate=2009-10-20 3- Des fleurs et une claque http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=75351&PubDate=2009-10-20 4- ''Sans sécurité pas d'investisseur'' : Une demi vérité. http://reseaucitadelle.blogspot.com/2009/10/une-demi-verite-sans-securite-pas.html 5- Mes commentaires sur la visite de Bill Clinton dans le Nord. (by Cyrus Sibert) http://reseaucitadelle.blogspot.com/2009/10/mes-commentaires-sur-la-visite-de-bill.html 6- De Cyrus Sibert (C.S.) à Dore Guichard (D.G.). : Le momentum de Bill Clinton. http://reseaucitadelle.blogspot.com/2009/10/de-cyrus-sibert-cs-dore-guichard-dg-le.html RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 21 Octobre 2009, 19 heures 33. |
mercredi 21 octobre 2009
Quand l’opposition haïtienne joue au ''qui perd gagne’’. (Par Cyrus Sibert)
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