lundi 3 janvier 2011

M. Le Premier Ministre, soyons sérieux ! (Premier Ministre Jean-Max Bellerive)

M. Le Premier Ministre, soyons sérieux !

(Premier Ministre Jean-Max Bellerive est le prototype du leader insignifiant)

 

Parmi les déboires qu'a connus Haïti durant l'année 2010, beaucoup ont déploré vivement le manque de leadership de M. René Préval, le président du pays. Mais, très peu d'attention fut accordée à son Premier Ministre, le chef du gouvernement, M. Jean-Max Bellerive. Car, il a été totalement absent de la scène. Pourtant, M. Bellerive avait l'opportunité idéale de se dresser à la hauteur des défis du moment où le leadership de M. Préval était défaillant. Pire, depuis l'arrivée de M. Jean-Max Bellerive à la Primature, il n'a rien fait de valable, voire de remarquable. Et ce, à telle enseigne qu'un membre du secteur privé, dont il a été le conseiller dans le passé, exprimant sa déception, a dit « M. Bellerive est resté le prototype de l'employé passif qui suit à la lettre les instructions de son patron ». Pourtant, la longue carrière de M. Bellerive dans l'administration publique et dans le secteur privé, avait laissé croire qu'il connaissait les problèmes qui l'attendaient. Mais, il avait pris le poste, sans se montrer un leader responsable à un moment où le pays en avait grand besoin. Ce qui a fait dire au très connu www.huffingtonpost.com: « Haïti a passé une année de crise sans avoir quelqu'un en charge ». Notre déception est d'autant plus grande, du fait que personnellement on avait salué publiquement l'arrivée de M. Bellerive à la Primature comme une bonne chose pour le pays, compte tenu de sa compétence. Nous pensions vraiment, à l'époque, avec tout ce groupe de professionnels à la disposition du gouvernement, certains d'entre eux étant des amis personnels, le pays, sous le leadership d'une personne avec les connaissances de Mr. Bellerive, sa longue carrière et expérience, allait connaitre des résultats encourageants.

Ainsi, avec étonnement et consternation, nous avons pris note de la récente déclaration du Premier Ministre sur Vision2000, à propos de la relocalisation des « sinistrés », comme il appelle les déplacés du séisme. Car, c'est moins de deux mois avant la sortie du pouvoir de ce Premier Ministre qu'il semble se préoccuper du sort de plus de 1 millions de nos frères et sœurs qui vivent sous les tentes dans des conditions infrahumaines. Même-là encore, il conserve le même mépris qu'il a affiché, tout le long de cette longue année, face aux attentes légitimes des victimes du séisme qui ont subi l'indignation de l'abandon à leur triste sort par leur propre gouvernement. Aujourd'hui, M. Max Bellerive semble se préparer à déguerpir, manu militari, les sans-abri des espaces qu'ils occupent. Car, il aurait besoin de ces espaces pour construire des logements sociaux. Autant dire que dans le raisonnement de M. Bellerive, les sans-abri ont leurs problèmes, lui il a les siens. Les affaires doivent continuer, illico presto, avant la fin de son régime le 7 février prochain. En fait, comment ne pas apprécier l'interprétation courante que le gouvernement de Préval/Bellerive s'intéresse purement aux activités qui sont profitables à ses membres et à leurs acolytes.

Ce nouveau plan du gouvernement, à la porte de sortie, est en complète contradiction avec l'attitude qu'il a eue jusqu'à présent. M. Préval avait déclaré qu'il était d'avis que les déplacés restent à proximité de l'endroit où ils ont habité. Son unique objectif fût d'avoir un électorat captif, susceptible de voter pour les candidats de son parti, durant des élections magouilles qu'il se préparait à organiser. Ensuite, le gouvernement et ses acolytes utilisent la présence des déplacés dans les camps pour faire de l'argent. Il semble plus les conditions de ces déplacés paraissent misérables, plus l'appel pour demander de l'assistance est convaincant. Ils utilisent, ainsi, la misère de nos frères et sœurs comme un appât.

De son coté, pas très longtemps de cela, M. Bellerive déclarait qu'il aurait besoin de 5 milliards de dollars pour relocaliser les déplacés du séisme. Sans dire, si tel était le cas, (ce qui est totalement faux), qu'est-ce que lui en tant que chef de gouvernement comptait faire pour secourir ces déplacés. Est-ce qu'il avait un plan. Nous avons sévèrement critiqué la déclaration de M. Bellerive, à l'époque. Car, depuis le mois de février nous lui avions envoyé et rendu public un plan qui exigeait un financement de $30 millions par mois, sur un calendrier de six mois pour déplacer 1 millions de sans-abri vers les villes de province. L'exécution de ce plan devait être incitative et devrait ensuite servir à redynamiser l'économie des villes d'accueil et donner aux déplacés la chance d'un nouveau départ. Une copie du plan est en annexe. Aucune considération n'à été donné à ce plan, car M. Préval est opposé à toute mesure qui pourrait faire avancer le processus de Décentralisation. La centralisation  est un principe dictatorial.

« Le » Jean-Max Bellerive qui a travaillé comme consultant à la Primature durant le gouvernement de transition, pensions-nous, avait suffisamment de jugement pour défendre un tel plan. Mais, malheureusement, pris dans l'engrenage de l'esprit de malfaisance du Président Préval, il a laissé son âme et sa lucidité aux vestiaires. Enfin, il avait probablement peur de prendre le contrepied de son patron qui faisait circuler la fausse promesse que chaque personne qui était abritée sous une tente allait recevoir une maison. M. Préval voulait conserver les déplacés sous les tentes, dans la capitale pour qu'ils aillent voter pour les poulains de son parti au moment venu. Les sans-abri n'ont pas voté pour les poulains du parti de M. Préval. Donc, il s'agit maintenant de les punir. M. Bellerive leur dit d'aller voir ailleurs. Il va libérer ces propriétés occupées par ces intrus. En ce sens, il serait la main vengeresse de M. Préval.

Le fallacieux prétexte est qu'ils vont construire des logements sociaux, mais la surprise « En ce qui concerne les maisons proprement dites, le chef du gouvernement haïtien prévient qu'elles ne seront pas distribuées gratuitement ».

 M. Bellerive annonce, plutôt, que les constructions vont commencer rapidement, car après avoir déplacé rapidement les sans-abri vers des destinations inconnues, $65 millions seront disponibles rapidement. Tout va se faire, bien rapidement, et des contrats seront signés, très rapidement. Car, on comprend bien qu'on doit être bien pressé maintenant de donner très rapidement les derniers contrats, avant de partir lentement dans moins de deux mois dans une retraite dorée et dans la poubelle de l'histoire. Quelle affaire !

Ces logements seront réservés à ceux qui peuvent payer, non pas à ceux qui avaient cru que M. Préval représentaient la providence sur terre. Heureusement, cette population l'avait décelé assez tôt et avait choisi de ne pas voter en faveur des poulains du parti de M. Préval.  

La vraie solution arrive, la fin du régime menteur est pour le 7 février prochain. Si M. Préval et son gouvernement restent au pouvoir après cette date, leur régime sera contraire aux dispositions de la Constitution de 1987. En effet, dans son article 134.1 la constitution déclare solennellement que le mandat du Président de la République prend fin le 7 février de la 5ème année de son mandat. Ainsi, si M. René Préval cherche à rester au pouvoir au-delà de cette date, il rentre dans une sixième année et viole la constitution, la loi mère du pays. Ainsi, il va pousser le pays dans un cycle de protestations qui finira, de toute façon, par le déchouquer.

Le soit disant projet de logements sociaux, en réalité, est une excuse comptable pour permettre au gouvernement de transférer les fonds du trésor public vers les caisses du parti politique du président, dans le cas où il arriverait à envoyer son poulain au second tour. Personne n'est dupe. En fait, M. Préval n'avait pas de plan pour organiser des élections libres et honnêtes pour élire un nouveau président légitime. Sinon les actes de fraude commis durant ces élections auraient été moins visibles et moins vulgaires. Le calcul de M. Préval est de créer une confusion et de profiter de la division et de la faiblesse de l'opposition pour rester au pouvoir avec un parlement incomplet et ineffectif pour régner sur le pays comme un dictateur.

C'est un mauvais calcul. M. Préval va perdre le pari. Il a entrainé la communauté internationale dans la boue en lui promettant un pays stable, avec tous les secteurs pacifiés et sous contrôle.  Il peut s'attendre maintenant au temps de la rétribution. Il va payer très cher son audace. Il n'est pas trop tard, cependant, d'aider tout le monde à sauver la face en lançant une négociation pour une sortie décente de la crise. C'est M. Préval qui a lancé le pays sur la route dangereuse dont il parle. Il doit se dépêcher de changer de cap, sinon il sera le premier à le regretter. Il a encore l'opportunité de se ressaisir et de donner sa chance à notre peuple qui attend pour commencer à reconstruire le pays.

M. Bellerive doit comprendre que le parti politique de son patron a été rejeté par la population et que les jours de son gouvernement sont comptés. Pour débuter un programme effectif en rapport aux sans-abri, avec le temps qui lui reste, ce serait d'entamer leur déplacement vers les villes de province, sur une base incitative. Tout ceci est esquissé dans le document en pièce jointe. Ce que nous avions dit en février dernier, est valable aujourd'hui, avec très peu de changements.

Nous devons dire que le Premier Ministre Bellerive aurait du s'opposer aux manigances de M. Préval, si ce n'est par principe, au moins pour défendre ses propres intérêts. Car, M. Bellerive n'est pas inclus dans le plan de continuité envisagé par M. Préval. La personne qui était désignée pour le remplacer, si le coup d'Etat aux urnes avait réussi, est le maitre-à-penser de l'INITE, l'actuel Ministre de la Justice, Paul Denis. Donc, il n'est pas trop tard pour demander à M. Bellerive de se ressaisir. S'il est resté insensible pendant une année au sort des déplacés du séisme, on pourrait être généreux et dire qu'il était face à une crise qui dépassait sa pointure. Mais, s'il cherche les bonnes grâces de M. Préval, en transférant des fonds à son parti pour être récompensé par un poste d'ambassadeur, la nation se souviendra de sa mauvaise foi.

Nous voulons souhaiter, une autre fois encore, à notre pays et à tout le peuple haïtien, une année exceptionnellement productive et féconde et demander à la Providence Divine de bénir nos efforts et de nous accompagner tout le long de cette nouvelle année 2011.

 

Paul Gustave Magloire

Ancien Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales, Président de MORN

PS : Consulter les textes de Paul Gustave Magloire sur le Net en cliquant sur les liens ci-dessous. Merci

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