| SÉNAT : OPÉRATION BAGDAD III (Texe de HEROLD JEAN FRANÇOIS) | Haïti: Le vote du 2 août 2011 au Sénat de la République est un appendice de l'Opération Bagdad qui a ensanglanté le pays à partir de septembre 2004. Ce vote consacre, une fois de plus, la réalité de l'impunité et encourage ceux qui regardent dans la même voie. Il suffit d'un peu d'audace pour se mettre à couvert. La nation ayant la mémoire courte, on pourra aisément se recycler en se faufilant dans les rangs de nos institutions où l'on accapare l'audience en parlant avec arrogance sans tenir compte de l'insulte faite aux victimes et à la société. Rien d'autre ne s'est passé au Sénat que ce nous venons de décrire... 2004, cela ne fait que sept années. Tous les survivants aux violences déclenchées dans le pays pendant ladite période sont des acteurs ou des témoins qui ont subi ces faits même après les élections de 2006. Il n'y a aucune chance de provoquer le doute portant certains à se demander si l'histoire a bien restitué les faits, si les victimes n'exagèrent pas. C'est l'histoire immédiate, pas de révisionnisme possible. Nous ne sommes pas en train de rapporter des péripéties vécues par nos grands-parents et que nous restituons à partir de notes et de témoignages. Ceux qui ont vingt ans aujourd'hui et qui étaient des adolescents en 2004 savaient bien que pour que leurs parents les conduisent à l'école, malgré les embouteillages, ils ne pouvaient pas emprunter un raccourci en déviant vers Carrefour Péan, le Bel-Air, Delmas 2 et autres espaces qualifiés à l'époque de non-droit et contrôlés par de dangereux chefs de gangs psychopathes, aux noms sonores et bizarres... Ceux qui en ces temps difficiles s'aventuraient à la mer du côté nord de la capitale, quelle que soit la paralysie observée sur la nationale numéro un, savaient bien qu'ils devaient prendre leur mal en patience, car emprunter la route 9 était se livrer en pâture aux bandits qui régnaient en maître sur Cité-Soleil. Ne parlons pas de se faufiler sur la route des Dalles pour aboutir à Nan Beiny ou à Grand' Ravine pour évacuer le stress des embouteillages de la route de Carrefour. L'actualité de ces temps-là, c'était la terreur à La Saline, aux différents marchés publics, à la zone de Varreux où la plupart des commerces et entreprises avaient dû fermer boutique et abandonner les lieux pendant longtemps. Plus d'une centaine de policiers tués, cibles privilégiées de l'Opération, des centaines de civils liquidés, des enlèvements spectaculaires, des assassinats de paisibles citoyens et d'étrangers qui se sont oubliés en ces lieux et dont les voitures ont été criblées de balles. Des professionnels pleins de promesses, de jeunes enfants, des adultes enlevés dont les parents ont payé les rançons et dont l'on retrouvait malgré tout les cadavres torturés, mutilés sur des piles de fatras. Haïti, pendant le trop long laps de temps de l'opération Bagdad I et Bagdad II était une société endeuillée. Un long cortège de morts, de kidnappés, de personnes rançonnées, de commerçants ruinés, un règne de terreur du banditisme sous les yeux impuissants de la police nationale et des forces des Nations unies. L'impunité totale qui nous a valu des assassinats spectaculaires: Natacha Kerby Dessources, Jacques Roche, Henri Paul Mourral, le consul honoraire de France au Cap-Haïtien, Ronald Francillon, Bernard Lacarte, Alfredo Estriplet, directeur technique du Conatel, le jeune Kareem Xavier (Kako) Gaspard et plus tard dans la même vague, le grand comédien François Latour, pour ne citer que les cas les plus connus ou ayant fait le plus de bruit. Les bandits étaient tellement à l'aise qu'ils ont eu, une fois, même droit à la télévision pour filmer l'élimination de l'une de leurs victimes... Notre société souffre malheureusement d'amnésie, ce qui permet aux anciens bourreaux de se déguiser et de porter toutes sortes de costumes pour s'imposer en toute imposture et nous imposer à nouveau leur loi. Ils sont immuables à cause du manque de vigilance de la nation. Les auteurs intellectuels de ces actes ou des dignitaires du régime déchu qui, pour la plupart, ont cautionné l'Opération Bagdad I et II sont aujourd'hui, malheureusement, les voix tonitruantes qui du haut de nos respectables institutions s'imposent et opposent leur véto pour barrer la route à ceux qui ont eu le courage de les affronter pour que la société meurtrie puisse retrouver son sommeil. Hérold Jean-François ____________________ |
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