dimanche 1 mars 2009

Arrestation d’un tueur lié à un candidat de LESPWA.


Par Cyrus Sibert

Cap-Haïtien, le 1er Mars 2009 ; (Le Ré.Cit.).-

La police de Port-au-Prince a procédé, ce samedi 28 février 2009, à l’arrestation d’Antonio Désamours. Ce dernier est accusé dans le meurtre de Guy Salvant, à Barrière Batan, dans la localité de Milot, le 15 février 2004 à 15 heures 30. Antonio Désamours, homme de main de Moise Jean-Charles, est ainsi détenu à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (D.C.P.J.), attendant son transfert au Cap-Haïtien.

Moise Jean-Charles, membre du Cabinet privé du Président Préval et candidat au Sénat pour le Parti LESPWA dans le Nord, est désigné comme auteur intellectuel du meurtre de Guy Salvant. La victime est le frère de Hugues Célestin, Député de la circonscription de Limonade. Au mois de janvier 2009, le parlementaire avait dénoncé la candidature de Moise Jean-Charles. Il avait questionné l’authenticité du ‘‘Certificat de bonne vie et mœurs’’ présenté par Moise au Conseil Electoral Provisoire (CEP), vu que le parquet du Tribunal Civil de la ville du Cap-Haitien qui légalement émet ce genre de certificat est aussi l’instance de poursuite qui a mis l’action publique en mouvement contre ce dernier.

Le ‘‘mandat d’amener’’ exécuté le samedi 28 février 2009, est décerné contre Antonio Désamours, depuis environ 2 ans, par le juge Emania Fatal. Questionné par Réseau Citadelle, le Député Hugues a dénoncé le laxisme de la police dans le Nord. Les autorités policières de ce ressort, refusent d’exécuter les mandats contre Moise Jean-Charles et contre ses hommes de main. Les bandits à la solde du Conseiller du Président Préval agissent en toute impunité sous l’œil de la Police. Il a dû profiter de la présence de l’accusé à Port-au-Prince pour alerter la police de l’Ouest et exécuter le ‘‘mandat d’amener’’. Pourtant, Antonio Désamours résidait tranquillement dans la commune de Milot. Il se déplaçait sans difficulté sous les yeux de la Police dans le Nord.

Témoin dans l’affaire de meurtre, Hugues Célestin confirme avoir déposé par devant le Juge d’instruction que Moise Jean-Charles est l’auteur intellectuel du crime. Il l’a vu donner des ordres à ses hommes. Moise avait établi pour la circonstance son Quartier Général, chez sa mère, à Barrière Batan. Il l’a vu donner l’ordre aux hommes qui agissaient en son nom, de laisser passer le cadavre vers 15 heures. Car, les hommes armés de Moise l’empêchaient de se rendre à l’Hôpital au Cap-Haitien. Le Député attend l’arrestation du candidat de LESPWA et se dit déterminé pour que justice soit faite à son frère abattu froidement.

Faut-il signaler que l’enquête sur l’assassinat de Guy Salvant est en phase terminale. Le dossier est au Parquet attendant le réquisitoire définitif.

Plusieurs observateurs voient très mal le silence du Conseil Electoral Provisoire en faveur de candidats contre lesquels des enquêtes policières et judiciaires sont en cours. Un tel comportement, malgré les informations fournies par la Police et la Justice, témoigne de la dépendance du Conseil Electoral face au Président Préval. Les conseillers, malgré leurs efforts de fermeté envers le Parti Fanmi Lavalas, ne font pas preuve d’intégrité ni d’indépendance. En acceptant des délinquants comme candidats au Sénat, ils légitiment les criminels proches du Président Préval et contribuent à perpétuer l’impunité en Haïti.

Ils ont ainsi raté une chance de se montrer GRANDS. Ils sont de PETITS CONSEILLERS.

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit.), le 1er Mars 2009, 13hres 55.

mercredi 25 février 2009

Cap-Haitien : Des enfants de rue condamnés à l’exploitation sexuelle.



Le Centre préparatoire de Carénage (Photos de Cyrus Sibert)

Par Cyrus Sibert

Cap-Haïtien, le 26 Février 2009 ; (Le Ré.Cit.).-
Rien ne va plus pour les enfants du projet Pierre Toussaint. Le nouveau Conseil d’Administration établi aux Etats-Unis, connait de graves difficultés financières. La compagne lancée par l’accusé Douglas Perlitz et les dissidents naïfs ou complices du Conseil d’Administration atteint son objectif. Le nombre de partenaires financiers américains qui contribuaient à la survie des enfants de rue du Cap-Haïtien, est en nette réduction. Ils se laissent convaincre par la stratégie du présumé pédophile qui se présente en victime et leur demande d’attendre une nouvelle structure pour accueillir leur fonds. Sur le terrain la coordination du projet assurée par Robenson Gédeus est harcelée par une équipe de Douglas Perlitz. Jessica Lozier, une coopérante du Projet CRUDEM de Milot et ancienne coopérante de Douglas, travaille d’arrache pied en vue de mettre en place une nouvelle organisation qui fonctionnera sous la direction de Douglas Perlitz. Elle se fait remarquer plus fois à l’Hôtel Roi Henry Christophe, en tête à tête avec des enfants de rue en difficultés. Nicolas Preneta, bras droit de M. Perlitz fait le va et vient comme Délégué. Douglas a, quant à lui, réalisé des rencontres à Dajabon, la ville frontalière de la République Dominicaine au Nord-est d’Haïti. Le 4 janvier 2009, il aurait rencontré des enfants à Ouanaminthe, sur le territoire haïtien. D’autres jeunes (enfants vicitmes dans le passé) confirment avoir reçu des appels téléphoniques de Douglas. Ce dernier et Jessica bénéficient du support complice ou naïf de Madame Hope Carter, membre de l’ancien conseil, qui entend défier les victimes et la justice haïtienne, en essayant de remettre ‘‘Doug’’ sur le terrain et en ‘‘possession de ses enfants’’.
Quel intérêt ont ces citoyens américains dans l’exploitation des enfants de rue de la ville du Cap-Haïtien ? Pourquoi s’entêtent-ils à supporter Douglas au lieu d’attendre que justice soit faite sur l’affaire ? Au nom de quelle humanité cherchent-ils à exploiter financièrement le Projet Pierre Toussaint en vue de contraindre les enfants victimes à renoncer à leur volonté de dénoncer les abus sexuels de Douglas ? Pourquoi le CRS (Catholique Relief Service) ne tient pas ses promesses d’aide envers les enfants de rue ? Les organisations caritatives de l’Eglise Catholique sont elles innocentes dans cette affaire ?
À Réseau Citadelle (Le Ré.Cit) nous revivons cette interview avec Madame Sheila Maximilien à partir de laquelle elle promettait au nom de CRS de renforcer le centre et de ne plus le laisser à la merci de groupes qui utilisent l’autorité de l’Eglise Catholique. Car l’accusé Douglas est arrivé en Haïti par les circuits de l’Eglise Catholique. Il a utilisé l’Eglise comme rampe de lancement pour son centre. Pis est, c’est à partir de CRUDEM, un projet de l’Eglise Catholique à Milot que Jessica Lozier, supportée par madame Hope Carter, organise la résistance en faveur d’un accusé de pédophilie en fuite de peur d’être arrêté et questionné par la justice.
On ne peut que se poser les questions suivantes : Le Centre Pierre Toussaint et son fondateur Douglas Perlitz étaient ils un point visible d’un vaste réseau d’exploitation sexuelle mis en place par des personnages qui sont à l’intérieur de l’Eglise ? (1) Pourquoi des personnalités de CRUDEM s’entêtent-ils à laver Douglas de ces accusations et à relancer pour lui un nouveau centre d’accueil pour enfant de rue ? Nous savons que plusieurs maisons d’accueil dirigées par des sœurs catholiques avaient assisté Douglas dans le lancement de son projet pervers. Ont-elles agi en connaissance de cause ou ont-elles été trompées par ce citoyen américain ? D’après nos renseignements, un prêtre américain connu sous le nom de Father PAUL est le principal soutien de Douglas Perlitz. Ce prêtre serait en difficulté avec la hiérarchie de l’Eglise aux USA. Il fait preuve de grande intimité avec Douglas. Au niveau local, le terrain sur lequel le Village Pierre Toussaint est construit et l’ancienne résidence de Douglas à Bel Air sont des dons des prêtres de la congrégation OBLAS. L’Eglise cherche-t-elle à tuer ce dossier dans l’œuf, de peur que cette dénonciation ne serve de mauvais exemple ? A-t-elle honte de ‘‘nettoyer les écuries d’Augias’’ qui a pris naissance en son sein et à travers ses structures caritatives?
Près d’un an après la dénonciation des enfants victimes et le dépôt d’une plainte de la BPM /DCPJ (Bureau Pour la Protection des Mineurs/Direction centrale de la Police Judiciaire ) au niveau de la justice capoise contre Douglas Perlitz, le juge instructeur Ralph Prévost mène toujours son enquête. (2) Il se dit prêt à lancer un mandat d’amener contre l’accusé en fuite. Interrogé par ‘‘Le Ré.Cit’’, il nous dit : Ces genres de dossiers traînent quand l’accusé principal est en fuite. On devrait pouvoir l’interroger et confronter sa version des faits. Etant donné que les partenaires d’Haïti promettent d’exécuter à travers INTERPOL tout mandant, nous allons agir en ce sens. Bien entendu, ils ne promettent pas d’extrader les étrangers vers Haïti, mais au moins de juger l’accusé là où il se trouve. Le juge conseille au Centre Pierre Toussaint de se constituer partie civile et de collaborer avec la justice.
Des hommes d’affaire nous reprochent notre entêtement à faire entendre la voix des enfants de rue. Ces gens, qui sont les bénéficiaires des faveurs de Douglas à titre de commissionnaires/intermédiaires, supportent les opérations de remise en scelle du pédophile accusé par des enfants de rue du Centre Pierre Toussaint. Avec Jessica Lozier, ils font équipe. Ils travaillent à acheter le silence des victimes, en leur offrant un plat chaud par jour. Une maison au centre ville leur sert de nouvelle base.
Six (6) jeunes qui acceptent de cautionner les abus reçoivent des transferts de fonds de Douglas et menacent ceux qui ont osé dénoncer Douglas Perlitz. L’argent est transité par un cadre de la SOGEBANK très actif au coté de Douglas. Faut-il signaler que le Conseil d’Administration du Projet Pierre Toussaint établi aux Etats-Unis avait décidé, après une enquête recommandée et menée par Madame Sheila Maximilien de CRS, de mettre fin aux services de Douglas Perlitz. Aussi, ledit Conseil, avait-il décidé de transférer les fonds du Projet d’un compte de la SOGEBANK à la UNIBANK. Cette décision fut exécutée en octobre 2008.
Le CRS (Catholique Relief Service) ne tient pas ses promesses. Les services en faveur des enfants de rue sont en nette réduction. Chaque jour la nouvelle administration est obligée de réduire les services disponibles. Bien que payés pour une durée de 10 ans, les locaux du centre de Carénage sont fermés. La décision a été prise le 17 décembre 2008. La majorité du personnel est mise en disponibilité. Au Centre préparatoire de Carénage les services qu’on savait offrir aux enfants de rue étaient : Toilette, école – avec objectif de leur permette de changer de comportement et d’apprendre à intérioriser les principes sociaux, animation, casiers - pour l’entreposage des affaires personnelles des enfants de rue, soins de santé et accompagnement familial. Après, on référait les enfants jugés aptes à suivre une formation au Village. Là bas, les bénéficiaires ont accès aux services suivants : Ecoles primaire et professionnelle, dortoir, soins de santé, loisirs, suivi de l’accompagnement familial. Ce Village est, aussi, menacé de fermeture.
On comprend mal le silence des organisations de droits humains et de ceux qui se disent travailler au profit des enfants pauvres d’Haïti. Face à un tel comportement démissionnaire qui traduit le mépris qui traverse notre société aux réflexes de castes et de classes, Sra. María Josefina Paulino de la branche dominicaine de l’organisation Movimiento Para el Autodesarrollo Internacional de la Solidaridad (MAIS) , par contre, promet d’intervenir en vue d’empêcher que le territoire dominicain soit le refuge des pédophiles. Quoi attendre des acteurs haïtiens ?
Les haïtiens de l’intérieur et ceux de la diaspora peuvent aider en consultant le site : http://haitippt.org/Get_Involved.html. Nous ne devons laisser personne contraindre nos enfants à la pédophile. Nous devons supporter le Board actuel qui a eu le courage de commander une enquête d’une compagnie privée américaine et prendre la décision qu’il fallait à savoir : expulser Douglas Perlitz du Projet. Aujourd’hui, le prédateur utilise ses astuces et ses influences pour bloquer le projet.
De jour en jour les fonds manquent. Les enfants victimes sont ainsi punis pour avoir eu le courage de dénoncer les abus sexuels de Douglas et de collaborer avec la Police haïtienne. Ils sont coupables de n’avoir pas subi en silence les abus sexuels de Douglas Perlitz.
Pour avoir suivi depuis bientôt un an, l’Archevêque du Cap-Haïtien et Président de la Conférence Episcopale d’Haïti, Mgr Louis Kébreau et sa « Théorie de la Foi Agissante », nous continuons d’espérer une correction de cette situation anormale. En plus de l’enquête judicaire lancée suite à une plainte du BPM/DCPJ déposée le lundi 16 juin 2008 au Tribunal Civil du Cap-Haïtien, nous pensons que ceux qui croient encore dans l’ « Intégrité de la Personne Humaine », agiront en vue d’aider les enfants de rue de la deuxième ville d’Haïti. Nous refusons de les abandonner à leur sort, comme le font, les hommes d’affaire et cadres opportunistes de banque. Nous refusons d’aider le bourreau. En 2009, nous ne devons pas cautionner l’esclavage sexuel. N’agissons pas comme les chefs de tribus d’Afrique qui ont vendu leurs frères aux marchands d’esclaves. Nous ne devons pas accepter les précieux dollars de l’étranger corrompu et pervers. La souffrance des enfants du Centre Pierre Toussaint est celle de tous les enfants, même quand s’ils sont dans la rue.
RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit.), le 26 Février 2009, 13hres 55.
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Dr Jean C. Alexandre : pour une diplomatie haïtienne à la hauteur de nos ambitions

Par Adyjeangardy
lundi 16 février 2009Jean C. Alexandre

Le Dr Jean C. Alexandre est l’un de ces rares Haïtiens qui restent accrochés à la vision diplomatique d’Anténor Firmin qui rêvait en son temps d’imposer au monde entier la République d’Haïti comme référence en matière de succès dans les négociations stratégiques internationales. Ex-ambassadeur d’Haïti aux Nations unies, Jean C. Alexandre, qui accumule chaque jour dans son bureau un nombre impressionnant de dossiers sur l’histoire des relations internationales et qui continue de réaliser d’importantes recherches sur la présence diplomatique haïtienne dans le monde, croit que la République d’Haïti a le devoir d’imprimer dans ses relations extérieures de nouvelles marques d’intelligence en relations avec les approches diplomatiques mondiales actuelles. Dans la banlieue de Chicago où on peut le rencontrer ces jours-ci, en attendant qu’il reprenne du service, le Dr Jean C. Alexandre estime qu’il est prêt à répondre à nouveau à l’appel de son pays afin de participer nous a-t-il dit « au noble combat de remettre debout une diplomatie haïtienne à la hauteur de nos ambitions », saluant au passage les efforts accomplis ces jours-ci par la Chancellerie haïtienne.

Le champ d’influence international

Spécialiste des Nations unies, il estime que le champ d’influence de l’opinion publique mondiale exige qu’Haïti s’adapte à de nouveaux concepts de repositionnement stratégique tout en faisant entendre sa voix sur des propositions relatives aux problèmes écologiques, énergétiques et sociologiques, incluant le solaire, le nucléaire, les droits de l’homme, l’aide au développement et la gestion interne de la sécurité des citoyens par l’État. La conduite des affaires mondiales ne procède pas nécessairement d’un acteur unique désigné pour cela à la tête des Nations unies par exemple, mais plutôt d’un vaste système d’acteurs à qui s’ajoutent des valeurs et procédures consolidées par la tradition et des courants d’idées en cours d’enracinement. D’où la nécessité pour nous autres Haïtiens de définir les nouvelles orientations de nos Affaires étrangères, le monde ayant changé depuis 10 ans et continue de se transformer avec une vitesse vertigineuse, précise-t-il. « Nous ne pouvons plus nous permettre, de pratiquer une politique étrangère sur la base des incertitudes, mais nous devons planifier chaque mission nationale dans le cadre de la vitesse des décisions mondiales sur la base de la solidarité internationale, en fixant des délais qui permettent une certaine prévisibilité des actes et donc une limitation des risques liés à l’incertitude », estime-t-il.

Représenter Haïti avec dignité

Jean C. Alexandre explique qu’un ambassadeur d’Haïti à l’étranger a pour devoir de suivre les règles imposées par la Chancellerie tout en informant, dans ses rapports, sur les opportunités du pays d’accueil, les normes en cours qui peuvent concerner non seulement le comportement collectif, mais aussi, par exemple, des attitudes individuelles, au niveau de l’immigration, du travail et des investissements financiers. « Le diplomate ne peut être un portrait ou un mannequin élégant qui se laisse habiller sans regarder le futur et proposer des changements adéquats pour le futur! Une diplomatie haïtienne à la hauteur de nos ambitions signifie rechercher les moyens d’apporter la prospérité à son pays, en représentant son pays à l’étranger avec dignité, en comprenant le fonctionnement du marché mondial, avec ses mécanismes et ses acteurs spécifiques, les facteurs financier, monétaire, énergétique ou technologique, aussi bien que dans la vie socioculturelle et politique, les décisions, les impacts et les crises qui peuvent nous affecter! », estime Alexandre.

Il a raison, les normes relatives à la démocratie de marché, à l’intervention humanitaire, à la définition et la régulation du système d’échanges et de relations ont changé depuis cinq ans et il faut nous adapter. Il cite au hasard la philosophie des années soixante, fondée sur la substitution d’importations et signale que la nouvelle philosophie de la Banque mondiale contrairement encourage aujourd’hui la croissance des exportations. Ceci implique l’assistance au développement du secteur privé par le financement des investissements et la création de marchés financiers capables de mobiliser l’épargne locale. Dans ces conditions idéales, le problème du risque politique peut, en principe, changer de nature et de degré. Surveillé en amont par l’incitation à conduire des politiques raisonnables, étalé donc modéré par l’échelonnement de la dette, il peut devenir un simple incident de parcours sur une voie bien balisée, un écart parfaitement réversible entre partenaires de bonne compagnie à condition que des ambassadeurs conscients, prudents et intelligents étudient dès le départ les contours des actions à proposer au pays. Mais, avant toute littérature, nous devons étudier le partenariat.

Partenariat avant tout

Haïti doit savoir, insiste Jean C. Alexandre, que, depuis l’an 2000, le fameux «Economic Report of the President », remis au Congrès américain en février 1997 ainsi que la « National Export Strategy » ont énoncé clairement les nouvelles stratégies en matière de relations extérieures, prenant comme cibles principales les pays émergents. Si, durant les huit dernières années, ces rapports ont été ignorés, aujourd’hui ils sont en train de refaire surface. Le concept « trade not aid » est appelé à partir de 2010 à s’imposer partout dans le monde. « On ne pourra plus envoyer nos ambassadeurs pour aller demander de l’aide, mais pour analyser les voies et moyens du partenariat, terme cher au président Barak Obama, les moyens d’accroître les flux financiers de part et d’autre, sans accroître le déficit budgétaire et donner au pays d’accueil une image de partenaire responsable plutôt que de continuer à le voir comme un donateur bienfaiteur. Avec la crise actuelle les données sont en train de changer! », constate Jean C. Alexandre.

Déjà la mise en place a commencé avec toute une série de représentations à caractère diplomatique autour de l’International Trade Administration (ITA) qui regroupe notamment les Us and Foreign Commercial Services présent dans 68 pays, les Trade Development Industry Officers (spécialisés par secteur industriel), l’International Economic Policy Country Desk Officers (spécialisé par pays), le Multilateral Development Bank Operations et les Grands Projets du ministère du Commerce américain. Ces derniers concernent le monde entier et s’étendent au SBA (Small Business Administration in the World), à la USAID (Agency for International Development), à l’Eximbank, à l’OPIC, et aux Export Assistance Centers (USEAC) qui sont des guichets régionaux uniques d’information alliés au Big Emerging Markets (BEM) installés entre autres au Brésil, en Argentine, en Inde, au Mexique, en Pologne, en Corée du Sud, en Turquie, dans la zone Asie-Pacifique et prochainement à travers la Caraïbe.

Haïti doit aussi savoir que les nouvelles lois aux USA font tourner un « War Room » qui est une cellule interministérielle, appelée en fait à surveiller les grands projets d’infrastructures internationaux et à mettre en œuvre une politique de soutien aux propositions américaines dans le cadre des appels d’offres, destinée à contrer celles des entreprises concurrentes dans certains pays comme le nôtre. Le Département d’Etat et les Nations unies, jour après jour, revisitent leurs stratégies.

L’USAID, créée en 1961 pour gérer les programmes d’aide en faveur des pays pauvres et des pays en transition vers des économies de marché, travaille aujourd’hui de pair avec la « Trade and Development Agency » (TDA) dont le rôle est d’aider les sociétés américaines à remporter à l’étranger des contrats prioritairement dans les secteurs de l’énergie, des transports et autres infrastructures, en initiant des études de faisabilité technique, financière et juridique des projets et en ayant recours à un fichier de consultants. Et, maintenant, la Eximbank, créée en 1934, se rajeunit avec de nouveaux objectifs : faciliter les exportations américaines en fournissant aux entreprises des services d’assurance à court et moyen termes, des services de garantie et de prêts à moyen et long termes. Les garanties et assurances proposées par la Eximbank sont destinées à couvrir les risques politiques et commerciaux dans des zones à haut risque ou d’insécurité. La diplomatie s’est accompagnée d’instruments financiers tels le « Tied Aid Capital Projects Fund » de la Eximbank ou le War Chest mis en place pour contrer les projets d’aide. La diplomatie haïtienne doit pouvoir se situer par rapport à ces mouvements en fonction de ses intérêts immédiats et futurs.

À la question de savoir si le président qui gère, avec son ministre des Affaires étrangères, la politique extérieure d’Haïti peut parvenir à s’entendre avec le Parlement sur certaines orientations, Jean C. Alexandre répond franchement: « La diplomatie n’a rien à inventer, elle a simplement à planifier sur la base d’exemples internationaux. Par exemple, aux États-Unis, tout n’est pas parfait non plus: le Congrès s’oppose au président, les États limitent le pouvoir fédéral, les entreprises ne sont pas toujours d’accord, l’opinion publique pousse à certaines décisions, comme les sanctions ou la politique anti-corruption etc., mais l’effort de cohérence et la vision à long terme de cette administration sont réels et sa politique, plus offensive que jamais, permet d’aboutir à des résultats concrets et aux ambassadeurs placés à l’étranger d’être efficaces et de suivre une seule politique! ».


Profil et actions du médecin-diplomate

La fonction de communication des missions diplomatiques devra valoriser toutes les autres. Pour ce faire, le diplomate doit connaître ses interlocuteurs et en être connu. C’est le cas de Jean C. Alexandre, un médecin reconnu de l’American College of Obstetricians and Gynecologists, formé à St-Louis de Gonzague et gradué en 1967 à la faculté de Médecine d’Haïti. Dans les années 70, il entreprit sa première expérience internationale à l’Illinois Central Hospital de Chicago, après avoir, pendant deux ans, consacré son temps aux patients de la Maternité Isaïe Jeanty et de la cilinique Paul Desmangles. De 1971 à 1974, il se retrouva à Loyola University Medical Center (Maywood, lll) à la section d’Obstétrique et de Gynécologie.
Ses expériences se poursuivirent ensuite au Oak Brook Surgical Center et au Edgewater Hospital, de Chicago, Illinois depuis 1992. Il a aussi été PDG du Center for Women de Melrose Park et directeur médical de Westlake Community Hospital, directeur des Services obstétriques et gynécologiques de Madden Mental Health Center, chef des Services chirurgicaux de Northlake Community Hospital, directeur médical de ALMA Comprehensive Medical Center, directeur des Services obstétriques et gynécologiques de Martin Luther King Center, directeur médical de Maywood Proviso 90mmunity Health Center, médecin traitant de FosterG. McGaw Hospital, Loyola University, Maywood, etc.

Jean C. Alexandre a décidé ensuite de se former dans le domaine des Relations internationales. Après avoir obtenu des spécialisations dans le domaine de la sexologie et de la médecine reproductive, il est devenu professeur d’université, et s’est engagé dans la politique active, avec des convictions démocratiques profondes. Dans la mouvance démocratique, il devint coordonnateur du FNCD pour l’État d’Illinois, et président du club culturel « Poto Mitan » de Chicago. Il prit la direction de la HaitianAmerican Voter Participation Organization, puis de la Progressive Haitian American Organization et se positionna en même temps comme président -fondateur de Solidarity with Bishop Romelus Crusade, soutenant les actions sociales de l’Église. Il ferma ses cliniques pour aller s’établir en Haïti, devint Membre du Conseil électoral d’Haïti. Lors des élections de 2005, on le retrouve à Chicago où il accepte le poste de coordonateur de « Lespwa ». Jean C. Alexandre a aussi été ambassadeur en Israël, puis ambassadeur d’Haïti aux Nations unies où il devint vice-président de l’Assemblée générale et président par intérim.

Durant deux ans, il a présidé le Fonds des Nations unies pour la population, en même temps faisait partie de l’équipe spéciale contre le VIH/Sida. Il a dirigé le bureau de la Caricom aux Nations unies, a milité pendant deux ans contre la suppression d’un programme Ecosoc d’aide soutenue à la République d’Haïti, puis a initié et milité en faveur de l’’inclusion de la République d’Haïti à l’Ecosoc, à titre partenaire, en favorisant 50 votes favorables. En sa qualité de vice-président de l’Association LDC (Less Developed Countries), en collaboration avec le Haut Commissaire de LDC-SIDS et Landlocked Countries (pays enclavés), l’ambassadeur Alexandre a imposé les besoins de la République d’Haïti en termes de partenariat. Alexandre a représenté Haïti au Congrès ministériel du LDC à Cotonou, Benin, a fait adopter, par l’Assembles générale des Nations unies, la résolution faisant de l’année 2004 « L’Année Internationale de l’abolition de l’esclavage».

Cet Haïtien, ami personnel du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a permis la création du Programme d’aide de l’Onu à Haïti. Jean C. Alexandre a travaillé avec le sous-Secrétaire des Affaires humanitaires, M. Egeland, pour lancer un appel de fonds à 60 pays donateurs, dans le but d’obtenir 35 millions de dollars U.S. en aide urgente pour Haïti, et pour en assurer la logistique de distribution par la création d’un corridor humanitaire. Il insista auprès du président de l’Ecosoc sur la nécessité d’une réorganisation de l’aide vers Haïti en recherchant les axes d’un partenariat à long terme. « La multiplication des accords de partenariat avec les pays amis et l’adhésion croissante à des associations régionales de développement pourraient être des méthodes à utiliser par le pays pour développer notre influence dans le monde », croit Jean C. Alexandre.

« L’efficacité ne pourra s’obtenir que par une vision anticipatrice, une synergie des acteurs et la capacité d’atteindre nos cibles de manière multiforme car, ajoute Jean C. Alexandre, notre diplomatie doit comprendre que les enjeux du futur dépendront d’un appui certain sur une vision à long terme et une application multiforme des politiques ! À ce niveau je reste toujours disponible pour mon pays! »