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Michael Benjamin aka Mikaben |
La mort de #Mikaben, Michael Benjamin, est l’un des événements marquant la vie haïtienne en 2022. Le fait que cela s’est produit en direct, sur scène, a amplifié ce désastre au point d'entraîner toute une nation meurtrie par l’insécurité et le chaos, dans un deuil profond.
La nouvelle de la mort de #Mikaben fut un scoop de Frantz Duval, rédacteur de LeNouvelliste qui dans un tweet laconique nous dit : “C’est fini. Le décès de Mikaben est acté.” Ticket Magazine, la section culturelle du journal, était sur place.
Depuis lors, je m’attends à un reportage complet sur la mort de ce jeune artiste extrêmement populaire pour ses performances musicales et surtout à un papier sur la chronologie (timeline) des faits et gestes entourant son décès. Car, si cela était arrivé en #Haïti, on n’en finirait pas avec les critiques contre le personnel médical, la prise en charge de l’artiste après son effondrement, la qualité des soins qu’il a reçu… Bref, est-ce que les procédures ont été respectées? Y a-t-il eu négligence, mal-pratique? La salle de spectacle a-t-elle été équipée correctement, suivant les standards internationaux?
Si un artiste français était mort sur scène en #Haïti, la presse française ne manquerait pas de tout scruter pour prouver au monde que nos ancêtres avaient commis une erreur en fondant l’État d'Haïti.
J’ai attendu jusqu'à ce 31 décembre 2022, dernier jour de l'année pour rendre public cette attente non satisfaite.
Puisque les médias au 21e siècle font un travail d’accompagnement et de défense de leur peuple, le journal #LeNouvelliste, plus que centenaire, doyen des médias haïtiens, devait penser à nous éclairer sur ce genre de détails. Si un haïtien est victime à l’étranger, exposer les faits qui permettent de juger des conditions de son décès est une obligation envers le peuple haïtien.
Je ne présume pas que #Mikaben n'a pas reçu les soins adéquats après son effondrement sur scène à Paris. Mais, en tant que journaliste enquêteur, j’estime qu’il y a un vide, un trou noir à éclaircir.
Le livre "Planète Médias, géopolitique des réseaux et de l'influence”, de Armand Colin, nous apprend que les médias sont devenus plus que jamais des acteurs internationaux. Ils ont “une place dans les relations internationales et dans les conflits”. Les médias haïtiens doivent-être conscients de leur rôle d'accompagnateur et de défenseur de la nation haïtienne. Les correspondants de presse étrangère que vous encensez à longueur de journée ne font que satisfaire leur audience (lecteurs, auditeurs, téléspectateurs) dans leur pays d'origine, donc défendre les intérêts de leur pays.
Faut-il signaler, quand je lis les messages de journalistes victimes du chaos actuel après avoir activement pris part à la subversion anti-Jovenel pendant 4 ans, je suis convaincu de leur ignorance. Ils n'ont jamais compris le rôle qu'ils jouaient dans la crise politique. Car, si tu vis dans un pays avec ta famille et tes parents, tu dois te garder de contribuer au chaos qui tôt ou tard frappera à ta porte. Personne ne peut prévoir l'onde de choc du chaos socio-politique qui peut-être récupéré par la mafia ou gangs à des fins criminelles. Ainsi, on ne peut se contenter de faire plaisir aux leaders politiques et aux riches oligarques qui habitent dans les hauteurs, traversant le pays en véhicules 4x4 blindés et bien protégés par des gardes du corps armés jusqu'aux dents.
Les médias doivent informer et éduquer le peuple haïtien sur les enjeux nationaux et internationaux (régionaux et globaux). Le temps est venu d’avoir des émissions spéciales sur la République Dominicaine, son histoire, son actualité, en vue d’aider nos compatriotes à se former une opinion pragmatique face à ce pays voisin avec lequel nous partageons l'île.
Car, si depuis des décennies, les médias dominicains préparent le peuple dominicain à détester les haïtiens, à nous humilier et à nous diaboliser, en Haïti, les médias haïtiens ne font rien pour aider le peuple haïtien à comprendre la situation et conserver sa fierté dans son histoire exceptionnelle, son origine et sa culture africaines, ses prouesses ou son épopée nationale.
La presse haïtienne doit-être consciente de sa mission. Car, avec le temps, les nouvelles générations de politiciens et/ou de dirigeants n’auront aucune racine culturelle, historique ni idéologique pour défendre ce pays. Ils auront comme unique but l’obsession de s’enrichir par le vol et la corruption au détriment de ce pays qui de jour en jour perdra tous les ingrédients pour être considéré comme État indépendant.
J’ai produit ce texte parce que je connais la pratique des journalistes et des médias haïtiens de se montrer complaisants avec les étrangers au détriment des haïtiens. Toutefois, s'il existe un reportage du Nouvelliste sur la chronologie des événements entourant la mort de #Mikaben, ce texte n’a plus sa raison d'être.
Meilleurs voeux, pour l’année 2023!
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
31 Décembre 2022
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