mardi 5 avril 2011

Le chanteur mène largement, selon les résultats préliminaires

Haïti - Martelly sera président

Le chanteur mène largement, selon les résultats préliminaires

On s'attendait au pire avant le dévoilement des résultats préliminaires de l'élection présidentielle haïtienne du 20 mars. C'est plutôt une explosion de joie qui a accueilli l'annonce de la victoire assurée du chanteur Michel Martelly, du parti Repons Peyizan, qui aurait obtenu près de 68% des voix devant sa rivale, Mirlande Manigat.<br />
Photo : Agence France-Presse Hector Rétamal

On s'attendait au pire avant le dévoilement des résultats préliminaires de l'élection présidentielle haïtienne du 20 mars. C'est plutôt une explosion de joie qui a accueilli l'annonce de la victoire assurée du chanteur Michel Martelly, du parti Repons Peyizan, qui aurait obtenu près de 68% des voix devant sa rivale, Mirlande Manigat.
Les Haïtiens ont opté pour le chanteur de carnaval Michel «Tet Kalé» Martelly comme nouveau président. Et ils sont sortis en masse hier soir dans les rues pour fêter ce «renouveau».

Selon les résultats électoraux préliminaires dévoilés hier, Michel Martelly a largement devancé sa rivale au second tour de l'élection présidentielle, Mirlande Manigat, l'emportant jusqu'à présent avec près de 68 % des votes, contre 32 %. On rapporte par ailleurs un haut taux de participation dans le pays qui lutte toujours pour se remettre du séisme de janvier 2010 et d'une épidémie de choléra.

Michel Martelly, 50 ans, est ce candidat d'abord arrivé troisième au premier tour de décembre, derrière le dauphin du président sortant René Préval, Jude Célestin, et Mirlande Manigat. Après une semaine de violentes protestations dans la rue et des allégations de fraude, le parti de René Préval avait décidé de retirer la candidature de Célestin, tandis que le Conseil électoral provisoire choisissait de réintégrer Martelly dans la course.

Pendant sa campagne électorale, Michel Martelly, du parti Repons Peyizan, s'est présenté comme un homme d'action, près du peuple. Sans expérience politique, contrairement à la constitutionnaliste Mirlande Manigat, qui est aussi la cofondatrice du parti RDNP, le candidat scolarisé aux États-Unis a promis «renouveau» et «renaissance» au peuple haïtien depuis le dépôt de sa candidature. Jeudi dernier, il avait déjà annoncé sa victoire... tout comme sa rivale. Il aura finalement eu raison. «Je suis en pleine forme pour mon peuple. Nous allons travailler pour tous les Haïtiens. Ensemble, c'est possible», a dit M. Martelly hier, sur Twitter.

Dans les chaumières de la capitale et du reste du pays, on s'attendait au pire avant le dévoilement des résultats hier. «Le doute, le suspens et le stress gagnent les coeurs, la population se prépare au pire», écrivait le journal haïtien Le Nouvelliste ce week-end. Des Haïtiens se ruaient dans les supermarchés et les banques pour faire le plein, en cas de troubles similaires à ceux du premier tour. Les fenêtres de nombreuses boutiques ont installé des planches de bois à leur fenêtre hier, les ONG ont fermé leurs portes dès 14 heures et les autorités haïtiennes avaient prévu une présence renforcée dans les rues. L'ambassade canadienne avait d'ailleurs envoyé à ses ressortissants une interdiction de déplacement en région.

La soirée a finalement été plutôt festive. Dès que les résultats ont été annoncés sur les chaînes de télévision et de radio, les cris ont fusé, les klaxons aussi et les gens sont sortis. Un peu partout, des gens scandaient le nom de Michel Martelly, affichettes électorales du nouveau politicien en main. Des feux d'artifice ont été lancés plus tard. «Tout le monde chante, a raconté à la Presse canadienne un animateur de radio de Port-au-Prince, Carel Pedre. C'est la joie extraordinaire et je peux dire que je n'ai pas vu ça depuis très, très longtemps ici en Haïti.»

Michel Martelly succédera ainsi au président Préval, qui devait quitter son poste, puisqu'il a déjà réalisé le maximum des deux mandats de cinq ans prévus par la constitution haïtienne. Il devrait entrer en poste en mai, si les résultats ne sont pas contestés d'ici le 16 avril, jour où l'élection du nouveau président sera confirmée.

Selon le politologue montréalais d'origine haïtienne Chalmers Larose, Michel Martelly a gagné des points en se positionnant comme un candidat «anti-système». «La population est en état de profonde désillusion. Elle a un ras-le-bol de l'establishment politique. Avec ce choix de Martelly, la population montre qu'elle veut essayer autre chose.» Il est aussi un rassembleur, puisqu'il a trouvé des appuis chez toutes les classes politiques et tous les groupes d'âge.

M. Larose estime que le nouveau président aura deux principaux défis. D'abord, celui de répondre à la crise qui s'étire depuis le séisme qui a fait 250 000 morts et des dizaines de milliers de réfugiés toujours en quête d'un nouveau toit. «Ensuite, il devra rétablir l'image d'Haïti pour attirer les étrangers à investir en Haïti. Lui-même incarne déjà une certaine modernité et une ouverture: il doit ouvrir cette porte-là.» D'autant que les attentes du peuple seront hautes, avec ce mandat fort de 68 % des voix.

Le nouveau président devra aussi apprendre à travailler avec une forte opposition, à en croire les résultats préliminaires. Dans la Chambre des députés et au Sénat, le parti du président sortant, Inite, a obtenu une majorité des sièges.

À Montréal, où près de 60 000 Haïtiens d'origine résident, le dévoilement des résultats était suivi de près. Alex Milhomme, 26 ans, nous a raconté avoir passé l'après-midi branché en direct sur une radio de la capitale haïtienne, Port-au-Prince. Il a perdu ses élections, comme beaucoup de membres de la communauté dans la métropole. «Montréal est une capitale intellectuelle d'Haïti, c'est donc normal pour beaucoup d'entre nous de prendre pour Mirlande Manigat», grande intellectuelle et démocrate. Il a tout de même espoir d'un renouveau maintenant. «J'espère que toutes les forces vives vont s'unir autour du président. C'est difficile, mais on n'a plus le choix.»

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Avec Reuters et l'AFP

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
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WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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