[Le destin du peuple haïtien - ce grand peuple qui a réussi l’unique révolution d’esclaves de toute l’histoire de l’humanité - ne saurait être de continuer à croupir dans la misère, la crasse, l’assistanat international et le mépris.]
Chers concitoyens,
L’année 2016 qui touche à sa fin marque la victoire du peuple haïtien sur l’anarcho-populisme. A travers les urnes, le peuple haïtien dans une majorité écrasante a prouvé sa maturité. Il va sans dire qu'il est devenu plus difficile aux démagogues de manipuler ces pilliers incontournables d'un lendemain meilleur pour la terre d'Haiti. Le peuple opte donc pour le changement, la paix, le progrès et la prospérité.
Durant les 25 dernières années qui viennent de s'écouler, ma génération a été la proie facile de démagogues qui par leurs agissements ont mis à sac les caisses de l'état et ont contribué à enfoncer notre pays dans la pauvreté, la misère et le désastre économique, tout en assurant à leur famille une retraite dorée en terre etrangère. La nature ne nous épargnant guère, les désastres naturels, dont le séisme du 12 janvier, ont aggravé la situation.
Ces gens qui, à partir de 1986, accusaient tout le monde de macoute, de “grand don”, de bourgeoisie "patrie-poche" sont devenus les nouveaux riches qui possèdent des terres et, pour s'assurer de certaines amitiés louches mais nécessaires, ont entrepris de grossières magouilles pour liquider les entreprises d’Etat en faveur de ceux-là même qu’ils critiquaient...Ils ne sont pas moins criminels que les Tonton Macoute...
Charlemagne-Péraltement, ces démagogues qui se présentaient comme des anti-américains, ont réclamé l’occupation du territoire national et la mise sous tutelle de notre Etat par l’ONU. Leurs familles résident à l’étranger, leurs enfants évoluent dans des écoles aux Etats-Unis d’Amérique, au Canada ou en Suisse. Alors que des marchés publics sont brûlés, hypothéquant les moyens de subsistance de milliers de familles et l'avenir scolaire de leurs enfants. Ces apatrides instrumentalisent l’Université d’Etat d’Haiti à des fins politiciennes et encouragent les jeunes étudiants venus des couches populaires à abandonner leurs études pour d’interminables manifestations de rue...
Il n’y a pas de moyen plus subtile, plus classique et plus efficace pour détruire un pays. Car, en 25 ans, ces politiciens démagogues ont découragé les entrepreneurs agricoles des villes de province qu’ils harcelaient avec leurs mouvements “anti-grand-Don”; la violence dans les centres urbains a poussé des industries à abandonner le pays et à s’installer en République Dominicaine. La paralysie du fonctionnement de l’Université d’Etat a favorisé le développement des Universités Dominicaines et le pullulement d’Universités privés dont un grand nombre ne répond pas aux normes de l’enseignement supérieur. Et ne soyez point surpris, ces mêmes démagogues ont des actions en République Dominicaine et ont aussi investi dans ce système éducatif privé, bancal en Haiti, dans le seul but de s'enrichir et d'exercer un certain contrôle sur les masses.
Les anarchopopulistes ont détruit les Forces Armées d’Haiti et la police rurale qui maintenaient l’ordre dans les sections communales. Ils ont ainsi déstabilisé le système de sécurité du pays, créant un vacuum favorable aux trafiquants de drogue, aux gangs politiques et à des bandes criminelles de tout acabit.
En 25 ans, des politiciens haïtiens ont réalisé ce que les racistes du monde n'ont pu obtenir d'eux-mêmes, mais juraient de nous faire payer : notre insolence de rêver à la liberté et l’indépendance. Des haïtiens ont mis Haiti à genoux!
Après plusieurs années de lutte, grande est notre joie de voir que le peuple haïtien s’est réveillé. Durant les cinq (5) dernières années de pseudo-crises politiques et électorales, il a fait preuve d’intelligence. Il s’est montré sage, a rejeté la violence et a prouvé clairement son choix pour le changement et le progrès.
Chers concitoyens, chères concitoyennes,
Mon objectif est de voir Haiti, notre pays, prendre la voie de la modernité à l’instar de la République Dominicaine, Bahamas, Costa Rica, Panama, c’est-a-dire de suivre l’exemple de petits pays (en termes d’espace géographique) des Caraïbes ou de l’Amérique Centrale qui travaillent sans relâche pour le développement économique et social de leurs peuples. Des pays comme le Rwanda, Singapour, Chili, Taiwan, sont autant d'autres exemples à suivre.
Je ne peux pas accepter l’idée que ce grand peuple victorieux à Vertières, cette nation qui a forgé l’unique révolution d’esclaves de toute l’histoire de l’humanité, qui a imposé l’abolition générale de l’esclavage et l’existence de la Première République Noire Indépendante, une terre d'accueil pour tout homme martyrisé et démis de leur liberté à l'ère de la colonisation, ne puisse se ressaisir pour assumer son développement et son bien-être généralisé.
Ce début du 21ème siècle est l’ère des redressements. Vladimir Poutine en Russie, Paul Kagame au Rwanda, Lionel Fernandez et Danilo Medina en République Dominicaine, Recep Tayyip Erdoğan en Turquie, ils sont nombreux les leaders qui cherchent à renouer avec la grandeur de leur histoire. Le temps est venu pour nous haïtiens de nous redresser. L’agriculture, à une certaine période, faisait de notre terre la perle des Antilles. Saisissons l’opportunité offerte par la vision de Jovenel Moise pour transformer notre économie de rente en une économie de production nationale. Israel sait comment rendre les déserts fertiles, avec les bonnes collaborations, nous pouvons relever tous les défis liés à notre dégradation environnementale.
Comme Poutine et Kagame, Jovenel Moise a l’obligation de sécuriser le pays et de le faire respecter sur la scène internationale. Haiti doit retrouver la sécurité que nous avions connue dans le passé et le prestige au niveau international.
Mieux que Poutine et Kagame, Jovenel Moise doit respecter la démocratie et les droits humains. Je suis convaincu qu’on peut sécuriser un pays tout en respectant le jeu démocratique et les droits humains, notre peuple étant précurseur de la liberté universelle, l'exercice, connu, peut se révéler facile.
La lutte contre la corruption est la priorité des priorités: “le premier des biens publics”.
Mon souhait est de voir cette orientation vers le changement. Même quand la Bible nous conseille de ne pas avoir confiance en l’homme, j’attends de Jovenel Moise ce redressement historique qui sortira notre peuple de cette catégorie méprisable de République problématique qui fait de nous la risée du monde.
Nous pouvons continuer ce que le Roi Bâtisseur Henry Christophe a tenté. Ce n’est pas sans raison que nous adoptons le nom @ReseauCitadelle. Ce monument historique que Christophe construisit pour prouver au monde entier que les noirs sont capables de civilisation, qu’il existe un génie noir en Haiti, trône encore sur la chaine du Bonnet-à l’évêque en attendant qu’un fils ou une fille digne puisse poursuivre la concrétisation de ce rêve dans d’autres dimensions.
Le destin du peuple haïtien - ce grand peuple qui a réussi l’unique révolution d’esclaves de toute l’histoire de l’humanité - ne saurait être de continuer à croupir dans la misère, la crasse, l’assistanat international et le mépris.
Meilleurs Voeux!!!
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti // 24 décembre 2016