Le Matin hebdo, Vendredi 19 au Jeudi 25 mars 2010 No 342010 Éditorial Leonel ! L'Inde a eu un Nehru pour la moderniser, repenser son économie et réinventer son système éducatif. Après les années folles de la révolution culturelle de Mao, la Chine a été bénie de compter parmi les siens le réformateur et le visionnaire Deng Xiaoping pour lancer, à la fin des années soixante-dix, ses quatre modernisations. Des transformations majeures qui touchaient les domaines de l'agriculture, l'industrie, les sciences et la technologie, puis celui de la défense nationale. Et la nouvelle Chine est née, celle qui effraie et fait trembler l'Occident, en tant que grande puissance économique et militaire d'extraction orientale, mais au rayonnement planétaire. De Mustapha Kemal de la Turquie à Lee Kuan Yew du Singapour, la liste est longue de ces hommes d'État qui ont su transformer des sociétés culturellement traditionnelles, introverties et économiquement sous-développées, en terres de prospérité, modernes et ouvertes. Nous attendons impatiemment notre modernisateur à nous. Entre-temps, les Dominicains ont eu les ou le leur (s). Leonel Fernandez, l'ami dominicain, comme nous devrions, désormais, le considérer ici en Haïti, n'a peut-être pas l'envergure et le charisme légendaire des forgeurs de destinée susmentionnés. Il faut néanmoins reconnaître que l'homme a pu engager la République dominicaine voisine dans un processus ininterrompu de modernisation économique et de transformation technologique. L'ambition de M. Fernandez a toujours été de faire de son pays le Singapour de la Caraïbes. La République dominicaine a encore beaucoup de kilomètres à parcourir avant de pouvoir se comparer à la « success story » du dragon asiatique. Mesurées à l'échelle régionale, les réalisations de l'héritier de Juan Bosch sont cependant assez enviables, impressionnantes et convaincantes. Elles s'étalent majestueusement tout près de nous, de l'autre côté de la frontière, à moins d'une heure d'avion de Port-au-Prince, notre capitale naufragée. L'inflation est maîtrisée. L'industrie touristique est toujours florissante en dépit du malaise né de la crise financière internationale de 2008. Les tunnels, les autoroutes et les échangeurs à l'américaine foisonnent. Les investissements directs étrangers affluent. D'un point de vue infrastructurel et macro-économique, avec ses maigres ressources, il a mieux fait pour transformer et stabiliser son pays qu'Hugo Chavez ne l'a fait dans son Venezuela riche en hydrocarbures. Même ses détracteurs de gauche latino-américains, qui n'ont de cesse de lui reprocher le peu de cas qu'il fait de la « question sociale » dominicaine dans son agenda de son agenda de gouvernement, saluent en Leonel Fernandez un grand leader régional. Et dire que le président dominicain entend aussi transformer Haïti ! Le président dominicain rivalise de vues avec nos partenaires nordaméricains, européens et autres influents leaders régionaux sur l'orientation à donner à la reconstruction d'Haïti. Il n'est pas en reste dans la valse des plans visant la refondation de ce pays. Il a fait preuve, cette semaine à Santo Domingo, d'une excellente maîtrise du dossier haïtien, et ceci mieux que certains officiels haïtiens. Repenser Haïti devra passer par l'éducation, estime-t-il. Dans la nouvelle ingénierie sociale à entreprendre chez nous, Leonel Fernandez promet de nous faire don d'une université pouvant accueillir dix mille étudiants. Notons qu'il a été très présent avec son peuple au lendemain de la tragédie du 12 janvier. Nous lui devons beaucoup. Il n'y a certes pas synchronie entre les deux ailes du même oiseau - l'île d'Haïti - dans la course vers l'azur du développement et de la modernité. Il n'en demeure pas moins vrai que Leonel Fernandez a placé les rapports de son pays avec Haïti sous des auspices plus cordiaux et plus cléments depuis le séisme. Il est définitivement un ami, ce Leonel ! Daly Valet |
dimanche 21 mars 2010
Le Matin-Editorial : Leonel ! par Daly Valet
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