dimanche 16 octobre 2011

Proposition d’un repas accessible aux pauvres haitiens. (Texte de Cyrus Sibert, publié le Mercredi 7 mars 2007)

 Proposition d'un repas accessible aux pauvres haïtiens.
Cyrus Sibert, AVEC l'OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 F.M
reseaucitadelle@yahoo.fr
Cap-Haïtien, Haïti.
7 mars 2007
 
La faim est une constante en Haïti. L'incertitude qui accompagne la précarité et la pauvreté sont les bases réelles de l'instabilité en Haïti. Du clientélisme, les politiques existent vu qu'il n'y a aucun projet cohérent capable de fidéliser et instrumentaliser les militants. Des chômeurs bénéficiaires du pouvoir défendent le régime tandis que d'autres constituent le gros de l'opposition. D'où un cycle interminable de renversement et de prise de pouvoir pour se créer une possibilité d'avenir. Donc, la démocratie naissante d'Haïti a un déficit d'efficacité. Elle doit satisfaire certains besoins, comme le souci de manger chaque jour.
 
 
Face à ce défi, nous osons faire une proposition qui peut paraître bizarre pour certains mais réaliste, vu qu'elle est fondée sur une expérience personnelle. Nous disons « oser » parce que nous n'avons aucune expertise dans le domaine de la nutrition. Mais préoccupé par les problèmes de tous les jours de nos compatriotes, nous allons y réfléchir et proposer une solution. Trop souvent le vécu des plus démunis sont oubliés par nos hommes politiques qui préfèrent pérorer, parlant de la Grèce, d'Attila, de Montesquieu, et cetera.
 
 
Au mois d'Août 1998, nous avons effectué une visite en République Dominicaine. Une visite touristique, même quand des amis dominicains ne voulaient pas croire en notre statut, pour découvrir des villes comme Santiago, Santo-Domingo, Puerto Plata et Monte Christi.
 
 
Arrivé à Puerto Plata, après notre installation à l'hôtel, nous avions visité le Boulevard et rencontré un marchand de glaçon. Nous lui avons dit que nous sommes citoyen haïtien, en visite dans son pays, et nous lui avons posé des questions sur la vie à Puerto Plata. Nous étions surpris de la politesse du dominicain, car avant, nous avions des idées préconçues des habitants de ce pays. D'ailleurs dans un bus, nous avions vu un soldat agresser un dominicain noir, à cause de la couleur de sa peau. Le soldat qui exigeait à ce que les haïtiens exhibent leur passeport, a failli le matraquer. Tous les passagers furent surpris de voir que l'homme noir était un dominicain et de plus, un policier détaché par la hiérarchie supérieure de la sûreté dominicaine pour superviser le contrôle des frontières. On peut imaginer les excuses de ce guard dominicain qui voulait lécher les bottes de ce Negro en signe d'excuse et la fierté des noirs comme nous qui étaient dans le bus.
 
 
Bref, de cette rencontre à Puerto Plata est née une amitié. Le modeste vendeur de glaçon en qui nous avons découvert la foi chrétienne, nous a invité chez lui. Il nous a donné son adresse et de plus est venu nous chercher à l'Hôtel.
 
Nous étions un peu mal à l'aise. Car dans un pays à forte préjugé de couleur proche de l'apartheid, nous, noir haïtien, sortir avec un inconnu dominicain, est un risque. Mais nous nous sommes fiés aux valeurs chrétiennes de cet homme.
 
 
Arrivé chez lui, on était surpris de l'accueil. Le pauvre type qui se débrouille avec un petit business pour s'occuper de sa famille nous a reçu sans complexe.
 
Après les salutations d'usage, on nous invite à passer à table. Avec la famille, nous avons mangé le plat de ceux qui n'ont pas un grand pouvoir d'achat en République voisine : Oeufs, manioc, salami et un vers de jus fait a partir de Ambrosoli (Une poudre industrielle sucrée pour laquelle le consommateur n'a qu'à ajouter de l'eau). Nous avions mangé, conversé difficilement, vu que nous nous exprimions pas très bien en espagnol, mais notre ami était fier de nous recevoir, et toute sa famille avait le vente rempli.
 
 
De cet expérience personnelle, nous avons observé que chez nos voisins dominicains, ceux qui n'ont pas beaucoup d'argents peuvent aussi manger. Les gouvernants déploient un grand effort pour que les petites bourses puissent se libérer de la douleur ressentie quand on a faim. Cela crée une détente sociale, diminue la prostitution pour les biens de première nécessité. Le jeune qui a un projet d'avenir peut attendre en toute tranquillité tout en renforçant ses capacités intellectuelles et ses chances sur le marché du travail pour augmenter ses revenus.
 
Malheureusement, chez nous, en Haïti, c'est le contraire. Manger chaque jour est un luxe. Des mères de famille se prostituent pour nourrir leurs enfants. Des pères de famille assistent impuissant à l'effritement de leur autorité. Certains sont obligés de dire à leurs enfants « débrouillez-vous !». Alors, pourra-t-on sauver la nation haïtienne sans une politique alimentaire en faveur des plus pauvres? NON !
 
 
A bien observer nos compatriotes, il y a un changement dans le choix des aliments consommés quotidiennement. Quand nous étions enfants, maman nous donnait le matin un verre d'AK100, du Café, du Chocolat, du Maïs moulu, de la banane, et cetera. A midi on mangeait du riz, le petit mil, des vivres, et le soir de la bouillie de banane, de l'avoine, de la bouillie de farine, et cetera. De nos jours, seules les familles aisées peuvent manger trois fois par jour et les aliments changent. On peut facilement constater que les haïtiens consomment beaucoup de spaghetti, des oeufs, du saucisson (salami), et cetera. Mais le gros de l'alimentation est le spaghetti ou le ''macaroni''. De plus, expérience vécue, le spaghetti est consistant et peut aider une personne à résister longtemps. Quand on prend un plat de ''spaghetti'' suivi de jus de fruits et pour les petites bourses, il y a le ''Sweety'' (le genre de jus qu'on prépare avec de la poudre industrielle diluée dans l'eau, sans sucre) on peut attendre des heures avant d'avoir faim. C'est le même résultat avec un verre de chocolat, ces repas sont consistants. Donc, pourquoi l'Etat ne favorise pas la production de ces produits en adoptant des avantages fiscaux pour les entreprises qui investissent dans la production de ces biens ? Sans fixer les prix, l'Etat pourrait les faire chuter. La loi de l'offre et de la demande assurera un tel résultat puisque des avantages au niveau des impôts encourageront des investisseurs à produire des Spaghetti, une augmentation de la quantité de ce produit ferait baisser les prix, ce qui le rendra accessible aux pauvres. Une politique similaire serait utile pour les déodorants et les savons.
 
 
Comme nous l'avons mentionné en début de texte, n'étant pas nutritionniste, nous ne pouvons pas exprimer en terme de calories consommées, les avantages d'une telle politique. Mais croyez nous, le spaghetti est facile à cuire, ce qui signifie une diminution dans la consommation de combustible dont le charbon de bois, par ricochet, un avantage pour l'environnement. Sa cuisson exige moins d'intrants et à part l'emballage, il ne produit presque pas de détritus comparativement avec les autres produits alimentaires. Il exige moins de temps de cuisine donc plus de temps libre pour les femmes, si l'on considère que chez nous, généralement, les femmes préparent à manger. On le fait avec de l'eau, du sel, de l'huile ; avec du saucisse (hot dog) et du beurre, du jambon, et cetera, cela dépend du pouvoir d'achat et des choix de la personne.
 
 
Et, l'avantage, quand on le mange, c'est solide, on peut attendre des heures et cela permet de réduire la consommation d'autres produits. Vu notre situation d'importateurs nets, cela nous permettrait de ne pas importer d'autres produits en attendant la relance de la production nationale. La relance du tourisme, la réduction de l'inflation aidant, associés aux transferts de fonds de la diaspora, le plus pauvre des haïtiens pourra manger. Même quand on ne peut donner gros à un ami en difficulté, on pourra lui payer un sachet de spaghetti et soulager la faim de sa famille. En Haïti, comme en République Dominicaine, le plus pauvre pourrait se payer un repas. Nous faisons cette proposition tout en sachant quelle rentre dans la catégorie des palliatifs. Car la solution finale au problème de la pauvreté réside dans la capacité de la société à générer des emplois productifs et rémunérateurs stables.
 
 
Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
7 mars 2007
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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
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WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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